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Le secrétaire honoraire de cette société. M. A. Powell, exprime l'espoir que les délibérations du Congrès seront couronnées de succès et qu'elles exerceront une salutaire influence pour le bien.“

La Société de propagande républicaine radicale-socialiste de Givors transmet l'ordre du jour suivant, voté par son Bureau le 21 septembre:

„Considérant que la guerre est la honte de la civilisation; „Considérant que les dépenses qu'oblige la paix armée pourraient être utilement employées à l'instruction publique, à la constitution de retraites pour les travailleurs ou à tout autre objet ayant l'humanité pour but;

„La Société de propagande républicaine radicale socialiste de Givors envoie à tous les congressistes l'expression de sa plus. vive sympathie, en même temps que son appui moral pour l'œuvre si belle qu'ils ont entreprise, et forme le vœu qu'une entente internationale capable d'assurer l'organisation de la paix surgisse de ce Congrès pour le bonheur de l'humanité." La Coopération socialiste communique le vœu suivant, qu'elle a émis dans son 4me congrès tenu à Sotteville-les-Rouen du 15 au 17 août 1903:

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Considérant que le fléau de la guerre, en même temps qu'il moissonne les existences et porte la désolation au sein des foyers ouvriers, est, en outre, une cause de ruine pour toutes les institutions de garantie, d'entente entre les êtres humains:

"

Le Congrès s'associe de cœur à tous les efforts faits en faveur de la paix et pour tout ce qui peut hâter la disparition des causes de conflits, haine de peuples, armées permanentes, budgets de la guerre, etc. etc.;

"

Appelle de tous ses vœux l'institution d'un tribunal arbitral devant régler et aplanir tous les différends qui peuvent s'élever entre les nations;

Le Congrès émet également le vœu que dans chaque coopérative des conférences soient faites aux jeunes gens pour qu'ils n'oublient pas, lors de leur passage à la caserne, qu'ils ont toujours les mêmes intérêts que leurs frères de travail restés aux foyers et qu'ils ne doivent pas opposer la brutalité de leurs fusils aux revendications des travailleurs en grève."

C. Particuliers.

M. A. Badin, maire de Barentin, exprime ses regrets de ne pouvoir prendre part au Congrès.

M. Frédéric Bajer, à Copenhague. „Normands antiques conquéraient par l'épée; Normands modernes conquièrent par la paix." M. Paul Coutant, Président du Groupe parisien de la Paix par le Droit, 29 rue de Lubeck à Paris, se trouvant dans l'impossibilité d'assister au Congrès à Rouen, recommande l'œuvre de la Bibliothèque pacifiste internationale, qui a pour but de faire des éditions soignées et à des prix très réduits (de 75 cts. à 1 fr.) d'un certain nombre d'écrits importants sur le mouvement pacifique, tels que „Vers l'Avenir," "La Paix armée," „France et Angleterre," "La marche vers la Paix."

M. d'Estournelles de Constant. Empêché pour motifs de santé d'aller à Rouen, je vous exprime, ainsi qu'à tous nos amis étrangers et français du Congrès, les compliments du Groupe parlementaire de l'Arbitrage et nos vœux cordiaux pour le succès de votre œuvre."

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M. François Kemény, à Budapest. „Meilleurs vœux. Excusez ab

sence!"

Mme Belva Lockwood, à Washington, envoie au Congrès ses meilleurs vœux et l'expression de toute sa sympathie.

MM. Massarucci, Bruffel et Popovic, à Rome. „Nous assistons par la pensée au Congrès pour la fraternité et saluons tous la paix entre les nations."

Mme P. Menat, directrice de l'école normale d'institutrices, à Rouen, exprime son regret de ne pouvoir assister à la première séance du Congrès et fait des vœux pour le succès des délibérations.

M. L. de Montluc, Président de la section du Nord de la Ligue internationale de la Paix et membre de l'Institut de droit international, fait excuser son absence, causée par des circonstances de famille.

M. Passmore Edwards exprime ses regrets de ne pouvoir prendre part au Congrès. Il a assisté à un Congrès de la Paix il y a plus d'un demi-siècle.

M. Poirrier, sénateur, à Paris, a le très vif regret de ne pouvoir, pour cause de départ, accepter l'invitation qui lui a été faite.

M. le baron Pierre Pirquet, à Vienne. Je regrette infiniment. de ne pouvoir assister à votre Congrès. Je vous adresse mes vœux les plus sincères et ardents. Vive la France! C'est la France qui a réussi à introduire dans le monde entier la liberté, l'égalité, la fraternité; nous voyons que dans le XXe siècle elle se trouvera à la tête de l'armée qui combat pour introduire dans le monde entier l'arbitrage et la paix, c'est-à-dire la légalité.“

M. Charles Richet, professeur à Paris, fait excuser son absence, causée par des circonstances de famille.

M. Jules Siegfried, député, au Havre. „Je vous remercie de l'aimable invitation que vous avez bien voulu m'adresser pour la séance d'ouverture du Congrès universel de la Paix. Grand partisan, depuis le Congrès de 1889, de l'arbitrage international, je me serais rendu à votre invitation avec le plus grand plaisir si je n'étais retenu au Havre par d'autres engagements. Veuillez donc m'excuser et agréer l'assurance de ma considération la plus distinguée."

M. Somerset Mackenzie, magistrat aux Straits Settlements (Indes anglaises), envoie un télégramme de sympathie.

M. André Weiss, professeur à la Faculté de droit à l'Université de Paris, envoie son salut cordial et ses meilleurs souhaits.

PREMIÈRE SÉANCE DU CONGRÈS,

Mardi 22 septembre 1903, à 9/4 heures du matin,

à l'Hôtel-de-Ville de Rouen.

Ordre du jour:

1° Discours d'ouverture.

2o Formation du Bureau du Congrès.

3o Lecture du Rapport sur les évènements de l'année. 4° Formation des Commissions.

La grande salle de l'Hôtel-de-Ville, mise obligeamment à la disposition du Congrès, est entièrement occupée par les membres du Bureau provisoire sur l'estrade, par les délégués et adhérents aux places antérieures de la salle et par le public dans la partie inférieure.

Au fauteuil de la présidence est M. Spalikowski. de Rouen, président du Comité d'organisation, ayant à ses côtés M. Couët, secrétaire du Comité, M. de Raïssac, secrétaire général de la préfecture, M. Robert, premier adjoint au maire de Rouen, le prince Albert Ier de Monaco, Mme la baronne de Suttner, M. Frédéric Passy, le général Türr, M. Gaston Moch, M. Elie Ducommun, M. Emile Arnaud, M. Houzeau de Lehaie, M. Hodgson Pratt, M. Henri La Fontaine, M. Moneta, M. le Dr Richter, M. Novicow, M. Brouwer, M. le Dr Trueblood, M. le Dr Baart-de la Faille, et d'autres personnalités marquantes parmi les champions de la Paix.

Les traductions orales françaises et anglaises ont été confiées à M. Smith, interprète.

M. Spalikowski ouvre la séance par le discours suivant:

,,Il y a des heures où, sans paraître chauvin, l'on s'estime heureux d'être citoyen de telle ou telle ville!

Les uns s'enorgueillissent d'avoir vu le jour à Paris ou à Londres, les autres sont fiers d'habiter New York ou Berlin; pour moi, je me réjouis d'être tout simplement Rouennais.

C'est qu'en effet, Mesdames et Messieurs, ce jour marque pour les

fils des Northmans le commencement d'une ère plus glorieuse encore que les précédentes.

Rouen, cité magique pour les artistes et les rêveurs, Rouen, trois fois aimée pour son site, ses monuments et son histoire, semblait s'endormir dans les brumes du Moyen-âge.

Aprês avoir connu les ivresses des victoires sanglantes, les triomphes de la force brutale, ses enfants vivaient surtout de son passé. Aujourd'hui, ils ont voulu ajouter un nouveau chapitre à ses annales.

Trop de sang avait coulé dans nos ruelles mi-obscures, trop d'incendies allumés par la guerre avaient éclairé le flanc de nos églises, il manquait aux riches fleurons des couronnes ducales de nos abbayes l'humble rameau d'olivier. C'est vous, chers collègues, qui enlacerez le feuillage symbolique aux trèfles et quintefeuilles de nos sveltes colonnes ogivales.

Rouen avait fêté Rollon, exalté Corneille, admirateur farouche du glaive romain, immortalisé par le bronze le «Corse aux cheveux plats» qui trône à quelques pas d'ici, et pleuré sur le sort de ses fils morts pour la patrie dont les stèles commémoratives s'élèvent aux alentours.

Maintenant c'est vous qu'elle honore, maîtres aimés du pacifisme, et vous aussi chères consœurs, Mesdames Séverine et Robinson, Flammarion, Pognon, Carlier et Bodin, précieuses auxiliaires devant qui nos fronts s'inclinent avec le respect dû à votre noble cœur.

Je tiens encore à adresser, au début de ces grandes assises, un salut spécial à nos apôtres vénérés, tous présents à mes côtés, qui assistent en même temps au triomphe de l'œuvre pour laquelle ils ont donné plus que leurs efforts, leur vie même. J'ai nommé Mme. la baronne de Suttner, MM. F. Passy, Elie Ducommun, Hogdson Pratt, Trueblood, Moscheles, Darby, Houzeau de Lebaie, La Fontaine et Moneta.

Vous avez en effet lutté par la plume et la parole dans chacun de vos pays. Les pages que vous avez écrites, où la générosité coule à flots et déborde, ont été lues et méditées par des gens qui ne songeaient pas si vous étiez Autrichienne, Suisse, Danois, Français, Anglais, Belge ou Italien.

Puisque vos noms se groupent dans la mémoire de vos disciples, il est juste qu'à cette heure nous vous rendions à tous le même tribut de reconnaissance et d'admiration.

Vous êtes venus ici, Mesdames et Messieurs, sans doute pour travailler à l'œuvre commune de solidarité, mais attirés également par le renom de l'antique capitale normande. Vous avez eu raison. Il ne fallait rien moins que votre présence pour faire disparaître les dernières légendes et dissiper les malentendus.

Vous venez jeter parmi la foule les idées nouvelles qui font les cités plus prospères quand l'esprit des habitants s'élargit, et vous avez pensé que sous les voûtes où montaient jadis les chants de victoire et les cris de haine contre l'étranger, devait s'élever un harmonieux concert où les voix des représentants des nations, hier encore ennemies, s'uniraient pour chanter avec nous l'hymne à la Fraternité.

Dans vos pérégrinations à travers le vieux Rouen, vous apercevrez sur les murs de nos édifices les traces de révolution d'hier, des mutilations barbares

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