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Représenté pour la première fois, à Paris, sur le théâtre de l'Ambigu-Comique, le 10 mars 1859.

DISTRIBUTION DE LA PIÈCE

BIBLIOTEC

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MISE EN SCÈNE DE M. ALBERT MUSIQUE DE M. ALEXANDRE ARTUS.-COSTUMES DESSINÉS PAR M. BALLUE.- DÉCORS DE MM. CHÉRET ET CHANET, PHILASTRE ET DARRAN.
Représentation, reproduction et traduction péservées. S'adresser, pour la mise en scène à M.

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du théâtre de l'Odéon.

ACTE PREMIER.

Grande chambre à demi rustique. Portes latérales. Porte au fond. Sur les
mars, des cartes de géographie et des rayons chargés de livres, de sphères, etc.
Haute cheminée à crémaillère. Horloge dans sa caisse. Au premier plan, une
forte armoire de chêne garnie de cuivre.

Le rideau se lève sur le tableau animé d'une veillée. Deux groupes dis-
tincts: d'un côté, des paysans égrenant le blé de Turquie, tillant le chanvre
ou tressant l'osier; de l'autre côte, deux ou trois farauds de campagne et deux
ou trois domestiques, buvant et jouant aux cartes autour d'une table. Au mi-
lieu, les femmes tricotent ou filent.

SCENE PREMIÈRE.

PÉRINETTE, filant; GÉNÉREUSE et JEAN-FRANÇOIS,
debout, chantant; LORIOT, LE PÈRE MATHIEU, PERINET,
lisant à l'écart; PAYSANS, PAYSANNES, etc.

TOUS chantant avec accompagnement de rouets.
Ah! qu'il fait bon garder les vaches 1
Au paquier des bœufs,

Nous avons gardé telles quelles dans leur naïveté populaire les
deux chansons rustiques, bien difficiles à refaire. Le style en est faible;
mais la mélodie qui les accompagne est charmante.

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GCHEST.

PALLI

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Voyons, voyons, mes gens! la paix, je vous en prie! Rappelez-vous où vous êtes: chez M. Everard, ou plutôt, comme il dit, chez vous, dans la maison paternelle. Voilà trois semaines que le cher homme est parti pour Paris; pendant ce temps, M. Dellemare et M. Varade, l'associé de sa banque, sont justement arrivés au château, et la zizanie s'est mise entre vous, on ne sait pas pourquoi. Mais heureusement nous attendons M. Everard ce soir, dans la minute; Élise, notre demoiselle du château, va sans doute venir aussi; est-ce qu'ils vont vous retrouver en train de vous battre, dites?

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SCENE II.

LES MÊMES; DELLEMARE, VARADE, BALANDIER, puis FABIEN et PÉRINET.

VARADE, excitant les combattants.

Czil czil... On se bat ici! bravo !... Czi! czi!...

DELLEMARE.

Allons, Varade, un peu de sérieux!

VARADE.

N'interrompez pas pour nous vos églogues, homrnes de la nature! il y a vingt francs pour le vainqueur! Ah! tu en, Loriot?-Dellemare, je tiens dix louis pour Loriot, les faites

vous?

JEAN-FRANCOIS, qui avait liché Loriot. Nom d'une bombe! vous les perdrez! et votre Loriot perdra autre chose, lui! (I reprend Loriot au collet. Entrent Fabien et Périnet). FABIEN, séparant François et Loriot.

Eh bien! qu'est-ce que c'est? Mes amis, êtes-vous des hommes!... François, au nom de M. Éverard!...

JEAN-FRANÇOIS, lachant Loriot.

M. Everard! Diable! est-ce qu'il est là ?...

FABIEN.

L'offenserais-tu même absent? surtout absent?
JEAN-FRANÇOIS.

Oh! vous avez raison! - Loriot, la main?
LORIOT, de mauvaise humeur.
Allons, la v'là! (A part.) Pour n'avoir qu'une poigne, il l'a rude
tout de même!

FABIEN.

A la bonne heure! Merci pour M. Everard!

DELLEMARE, s'avançant.

M. Everard ne revient-il pas ce soir, monsieur} PÉRINETTE, bas, à Fabien.

M. Dellemare... le père d'Elise...

FABIEN, saluant avec respect.

Oh! pardon, monsieur!-Non, M. Everard ne reviendra pas aujourd'hui. Nous avons vu passer la voiture de Saint-Claude, il n'y était pas.

VARADE, bas, à Dellemare.

Vous voyez que j'étais bien informé. (Haut.) C'est égal! il me paraît, braves montagnards, que, même de loin, M. Everard vous fait un peu peur!

MATHIEU.

Peur? oh! non pas, monsieur! mais, avec votre permission, on l'aime et on le respecte.

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Oui, vous gouaillez ça, vous de Paris. Mais, voyez-vous, pour nous autres, ce n'est pas rien que celui-là qui écrit nos naissances, nos mariages, nos morts, notre histoire de famille enfin, et qui nous donne à penser autrement que tous les jours. Moi, par exemple, quand je suis parti pour l'armée, M. Eve rard m'a fait la conduite, et dans son embrassade d'adieu j'ai senti la consolation comme si mon petit pays me prêtait à mon grand pays. Et au retour, après la campagne d'Italie, qui n'a rapporté un bras de moins et mon congé forcé, M. Everard m'a encore reçu le premier, et m'a dit: «Bien! tu as fait ton devoir! » Et j'ai été de même fier et content comme s'il disait ça de la part de la France! Voilà ce que c'est pour nous, monsieur, que le maire de notre village.

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PÉRINETTE.

Ça, c'est où monsieur serre ses papiers et les drogues qui pourraient être malfaisantes.

VARADE, bas, à Dellemare.

Entendez-vous? ses papiers!

PÉRINETTE.

D'ailleurs, il n'y a point de mauvaises gens dans ce pays.

VARADE.

Oui-dà!... Dites-moi, est-ce que le père de votre fils n'est pas un certain Jérôme Bux, braconnier, contrebandier, refractaire, qui depuis des années vit en guerre ouverte avec la société et la loi? PÉRINETTE, tremblante.

Hélas! c'est la vérité!

DELLEMARE.

Votre fils néanmoins ne porte pas le nom de son père? PÉRINETTE. Oh! monsieur !... Excusez-moi! ma vie n'est pas cachée; mais pourquoi donc, mon Dieu, me demandez-vous ça?

DELLEMARE.

Encore une fois, c'est pour votre bien.

PÉRINETTE.

Ah! je vois: votre fille, monsieur, me fréquente pour ce que je l'ai élevée, et vous avez besoin de savoir si j'ai le cœur honnête et si je ne porterai pas tort à votre enfant. Eh bien, oui, monsieur, j'ai aimé... j'ai aimé toute jeune Jérôme Bux. Nous étions promis l'un à l'autre par nos parents et par nousmêmes. Je le voyais fort et hardi, faisant trembler les autres, tremblant devant moi, et ça me rendait comme aveugle. Enfin, mon Dieu! de ce qu'il était à moi, je fus à lui. C'est une faute que le mariage pouvait réparer. Mais voilà que huit jours avant la noce, Bux a blessé, dans une mauvaise querelle, un home de Saint-Claude, a battu la garde qui voulait l'arrêter, et s'est échappé tout farouche dans la montagne.

VARADE.

Bref, il vous a laissée là, selon l'usage.

PÉRINETTE.

Il m'a fait proposer d'aller nous marier en Suisse; mais moi j'ai eu peur alors de sa sauvagerie, peur, non pas pour moi, mais pour le pauvre enfant dont j'allais être mère. Mieux vaut pas de nom, qu'un nom taché de sang! J'ai envoyé dire à Bux que, tant qu'il resterait un brigand, il n'aurait pas de femme et pas de fils. Et, depuis quinze ans que mon malheur dure, j'ai vécu seule et triste, et jamais un blâme ne s'est élevé contre moi, et vous pouvez, nionsieur, me laisser à garder votre enfant, car je suis gardée par le mien.

VARADE.

Ainsi, ce Bux, il n'y a rien de bon à attendre de lui?

PÉRINETTE, vivement.

Je n'ai pas dit ça! Si on le laissait s'enrôler soldat, comme il l'a tant demandé et désiré, je suis sûre qu'il se battrait comme un lion. Et puis, il adore son fils. Il passe par-dessus les murs du jardin et il se cache dans les taillis pour le regarder; M. Everard et moi nous faisons semblant de ne pas le voir. Il ramasse dans les bois, pour Périnet, des fleurs, des fraises, des nids, qu'il lui envoie par l'un par l'autre. Ou même il l'accoste à tout risque, dans quelque endroit désert, et il lui parle et il l'embrasse avec des transports d'amitié. Ce coin-là de son cœur est resté humain, Dieu merci!

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