Qui manquent de justesse en si belle matière, Et voir jusqu'au milieu de mon ame blessée', Ce DORIS. Si tu pouvois aussi pénétrer mon courage, Ce m'est trop d'heur qu'un d'eux me fait te ressembler. ALCIDON. Mais, quelque ressemblance entre nous qui survienne, DORIS. Si tu m'aimes encor, quitte un si faux soupçon3; ■ VAR. Et voir tous les ressorts de mon ame blessée, Qui te montre quel est envers toi mon amour; ALCIDON. Hélas! ma volonté sous un autre asservie, DORIS. Ne précipite rien. Je connois ce qu'au monde aujourd'hui vaut le bien. ALCIDON. De moi! C'est offenser une pure innocence, DORIS. C'est prendre mal mon sens; je sais quelle est ta foi. VAR. Je te fais vainement un don de ma franchise; Tu sais que ses grands biens ne regardent que moi. ALCIDON. En veux-tu par écrit une entière assurance'? DORIS. Elle m'assure assez de ta persévérance; Et je lui ferois tort d'en recevoir d'ailleurs ALCIDON. Je l'apporte demain, pour mieux faire connoître.... DORIS. J'en crois si fortement ce que j'en vois paroître, Si pour te retenir j'ai trop peu de mérite, Souviens-toi pour le moins que c'est moi qui te quitte. ALCIDON. Ce brusque adieu m'étonne, et je n'entends pas bien.... VAR. Qu'un baiser de nouveau t'en donne l'assurance. 2. VAR. Que cette feinte est belle, et qu'elle a d'industrie! DORIS. On a les yeux sur nous; laisse-moi, je te prie. ALCIDON. Crains-tu que cette vieille en ose babiller? DORIS. Adieu, va maintenant où tu voulois aller. Qu'il te souvienne au moins que c'est moi qui te quitte. ALCIDON. Quoi donc, sans un baiser? Je m'en passerai bien. SCÈNE VI. ALCIDON, LA NOURRICE. LA NOURRICE. Je te prends au sortir d'un plaisant entretien. ALCIDON. Plaisant de vérité, vu que mon artifice LA NOURRICE. Ainsi ton feu se joue? ALCIDON. Ainsi, quand je soupire, Je la prends pour une autre, et lui dis mon martyre; Et sa réponse, au point que je puis souhaiter', Dans cette illusion a droit de me flatter. Elle t'aime? LA NOURRICE. ALCIDON. Et de plus, un discours équivoque Lui fait aisément croire un amour réciproque. L'assure imprudemment de ma captivité; VAR. Et sa réponse, au point que je peux souhaiter. Cependant que le sien sent tout ce que je feins ', Et vit dans les langueurs dont à faux je me plains. LA NOURRICE. Je te réponds que non. Si tu n'y mets remède, Avant qu'il soit trois jours Florange la possède 2. Et qui t'en a tant dit? ALCIDON. LA NOURRICE. Géron m'a tout conté; C'est lui qui sourdement a conduit ce traité. ALCIDON. C'est ce qu'en mots obscurs son adieu vouloit dire 3. LA NOURRICE. Elle met ton agente au bout de sa finesse. VAR. Cependant que le sien ressent ce que je feins. 2 VAR. Paravant qu'il soit peu, Florange la posséde. 3 VAR. Ce n'est pas grand dommage; aussi bien tant de feintes M'alloient bientôt donner d'ennuyeuses contraintes. Ils peuvent achever quand ils trouveront bon: Rien ne les troublera du côté d'Alcidon. LA NOURRICE. Elle met la nourrice au bout de sa finesse. Je n'eusse jamais cru qu'elle l'eût tant aimé. |