CHRYSANTE. Ma fille, te voilà telle que je souhaite. Pour ne te rien celer, c'est chose qui vaut faite. Je veux qu'avant deux jours l'affaire soit conclue. Et de ton beau semblant ne rien diminuer. Il faut jouer au fin contre un esprit si double '. DORIS. Mon frère en sa faveur vous donnera du trouble. CHRYSANTE. Il n'est pas si mauvais que l'on n'en vienne à bout. DORIS. Madame, avisez-y; je vous remets le tout. CHRYSANTE. Rentre; voici Géron, de qui la conférence GÉRON. Je l'avois déja su, Madame; et les effets ne m'en ont point déçu', Du moins quant à Florange. CHRYSANTE. Que dit-il de ma fille? Eh bien, mais qu'est-ce encore? GÉRON. Ah! madame, il l'adore. Il n'a point encor vu de miracles pareils: CHRYSANTE. Atteint! Ah! mon ami, tant de badinerie2 GÉRON. Madame, je vous jure, il péche innocemment, 1 VAR. Madame, et les effets ne m'en ont pas déçu, Au moins quant à Florange. VAR. Atteint! Ah! mon ami, ce sont des rêveries; Il dit ce qu'il a lu. Daignez juger, de grace', Plus favorablement de son intention; Et, pour mieux vous montrer où va sa passion, Vous savez les deux points; (mais aussi, je vous prie, Non, non. CHRYSANTE. GÉRON. Vous savez donc les deux difficultés Qui jusqu'à maintenant vous tiennent arrêtés ?? CHRYSANTE. Il veut son avantage, et nous cherchons le nôtre. GÉRON. .«Va, Géron, m'a-t-il dit; et pour l'une et pour l'autre, « Si par dextérité tu n'en peux rien tirer, « Accorde tout plutôt que de plus différer. « Doris est à mes yeux de tant d'attraits pourvue, « Qu'il faut bien qu'il m'en coûte un peu pour l'avoir vue. » Mais qu'en dit votre fille? CHRYSANTE. Elle suivra mon choix3, Et montre une ame prête à recevoir mes lois; Non qu'elle en fasse état plus que de bonne sorte, VAR. Il dit ce qu'il a lu. Jugez, pour dieu, de grace. 2 VAR. Qui jusqu'à maintenant nous tiennent arrêtés? 3 VAR. Ainsi que je voulois, Qui forment à présent les meilleures maisons. GÉRON. A ce compte, c'est fait. Quand vous plaît-il qu'il vienne' Dégager ma parole, et vous donner la sienne? CHRYSANTE. Deux jours me suffiront, ménagés dextrement, Madame, que d'un mot je vais le rendre heureux! SCÈNE V. PHILISTE, CLARICE. PHILISTE. Le bonheur aujourd'hui conduisoit vos visites 2, CLARICE. Oui; mais n'estimez pas qu'ainsi vous m'empêchiez PHILISTE. Madame, toutefois elle a fait son pouvoir, VAR. A ce compte, c'est fait. Quand voulez-vous qu'il vienne. 2 VAR. Le bonheur conduisoit aujourd'hui nos visites. Du moins en apparence, à vous bien recevoir '. CLARICE. Ne pensez pas aussi que je me plaigne d'elle. PHILISTE. Sa compagnie étoit, ce me semble, assez belle. CLARICE. Que trop belle à mon goût, et, que je pense, au tien! PHILISTE. Ce reproche obligeant me laisse tout surpris: CLARICE. Avec ces bons esprits je n'étois qu'en martyre; PHILISTE. Celui que nous tenions me plaisoit à merveilles. CLARICE. Tes yeux s'y plaisoient bien autant que tes oreilles? VAR. Au moins en apparence, à vous bien recevoir. CLARICE. Aussi ne pensez pas que je me plaigne d'elle. 2 VAR. Et ce que nous étions de femmes méprisées, PHILISTE. C'est maintenant, madame, aux vôtres que j'en sers |