Qu'il me tarde déja que, dans son sang trempées, Le seul qui sert d'obstacle au bonheur qui m'est dû! épée, et porte leurs habits. Pour notre sûreté, portons-les avec nous, De peur que, cependant que nous serons aux coups, PYMANTE. Prends-en donc même soin après la chose faite. LYCASTE. Ne craignez pas sans eux que je fasse retraite 2. PYMANTE. Sus donc, chacun déja devroit être masqué. SCÈNE VII. CLÉON, LYSARQUE. CLÉON. Réserve à d'autres temps cette ardeur de courage VAR. Les prenant, ne nous mette en mauvaise posture. 2 VAR. Je n'ai garde sans eux de faire ma retraite. Qui rend de ta valeur un si grand témoignage. Ce duel que tu dis ne se peut concevoir. Tu parles de Clitandre, et je viens de le voir1 Que notre jeune prince enlevoit à la chasse. Tu les as vus passer? LYSARQUE. CLÉON. Par cette même place. Sans doute que ton maître a quelque occasion Qui le fait t'éblouir par cette illusion. LYSARQUE. Non, il parloit du cœur ; je connois sa franchise. CLÉON. S'il est ainsi, je crains que par quelque surprise Ce généreux guerrier, sous le nombre abattu 2, Ne cède aux envieux que lui fait sa vertu. VAR. Tu parles de Clitandre, et je le viens de voir LYSARQUE. En es-tu bien certain? CLÉON. Je l'ai vu face à face. Sans doute qu'il en baille à ton maître à garder. LYSARQUE. Il est trop généreux pour si mal procéder. CLÉON. Je sais bien que l'honneur tout autrement ordonne. LYSARQUE. Quoi? que soupçonnes-tu? CLÉON. Que ton maître rusé Avec un faux cartel t'auroit bien abusé. * VAR. Ce valeureux seigneur, sous le nombre abattu. LYSARQUE. A présent il n'a point d'ennemi que je sache; Ma SCÈNE VIII. CALISTE, DORISE. CALISTE, cependant que Dorise s'arrête à chercher sœur, derrière un buisson. l'heure s'avance, et nous serons à peine, Si nous ne retournons, au lever de la reine. DORISE, tirant une épée de derrière ce buisson, et saisissant Caliste par le bras. Voici qui va trancher tes soucis superflus; CALISTE. Tout beau, tout beau, ma sœur, tu veux m'épouvanter; VAR. Qu'ensemble nous donnions avis de tout au roi. 2 VAR. Voici dont je vais rendre, en te privant de vie, Mais je te connois trop pour m'en inquiéter. DORISE. Va, va, ne songe plus à leurs fausses amours, Brûle aussi peu pour lui que je fais pour Pymante. CALISTE. Déloyale! ainsi donc ton courage inhumain... DORISE. Ces injures en l'air n'arrêtent point ma main. CALISTE. Le reproche honteux d'une action si noíre'... DORISE. Qui se venge en secret, en secret en fait gloire. CALISTE. T'ai-je donc pu, ma sœur, déplaire en quelque point? DORISE. Oui, puisque Rosidor t'aime et ne m'aime point; C'est assez m'offenser que d'être ma rivale. VAR. Le reproche éternel d'une action si lâche........ DORISE. Agréable toujours, n'aura rien qui me fâche. SCÈNE IX. ROSIDOR, PYMANTE, GÉRONTE, LYCASTE, CALISTE, DORISE. Comme Dorise est prête de tuer Caliste, un bruit entendu lui fait relever son épée, et Rosidor paroît tout en sang, poursuivi par ses trois assassins masqués. En entrant, il tue Lycaste; et, retirant son épée, elle se rompt contre la branche d'un arbre. En cette extrémité, il voit celle que tient Dorise; et, sans la reconnoître, il s'en saisit, et passe tout d'un temps le tronçon qui lui restoit de la sienne en la main gauche, et se défend ainsi contre Pymante et Géronte, dont il tue le dernier, et met l'autre en fuite. ROSIDOR. Meurs, brigand. Ah, malheur! cette branche fatale DORISE, s'enfuyant. N'est-ce pas Rosidor qui m'arrache les armes? CALISTE. C'est lui-même de vrai... Rosidor!... Ah! je pâme, Et la peur de sa mort ne me laisse point d'ame. |