Tous nos pensers sont dus, en l'état où nous sommes ', A ce nœud qui me rend le plus heureux des hommes; Et ma fidélité, qu'il va récompenser....
Vous donnera bientôt autre chose à penser. Votre rival vous cherche, et, la main à l'épée, Vient demander raison de sa place usurpée. ÉRASTE, à Mélite.
Non, non, vous ne voyez en moi qu'un criminel, A qui l'âpre rigueur d'un remords éternel Rend le jour odieux, et fait naître l'envie
VAR. Tous nos pensers sont dus à ces chastes délices Dont le ciel se prépare à borner nos supplices: Le terme en est si proche, il n'attend que la nuit. Vois qu'en notre faveur déja le jour s'enfuit; Que déja le soleil, en cédant à la brune, Dérobe tant qu'il peut sa lumière importune, Et que, pour lui donner mêmes contentements, Thétis court au-devant de ses embrassements.
De sortir de sa gêne en sortant de la vie'.
Il vient mettre à vos pieds sa tête à l'abandon; La mort lui sera douce à l'égal du pardon.
Vengez donc vos malheurs; jugez ce que mérite La main qui sépara Tircis d'avec Mélite, Et de qui l'imposture avec de faux écrits
A dérobé Philandre aux vœux de sa Cloris.
Éclaircis du seul point qui nous tenoit en doute, Que serois-tu d'avis de lui répondre?
grace, hâtez-vous d'abréger mon supplice 2, Ou ma main préviendra votre lente justice.
Voyez comme le ciel a de secrets ressorts
■ VAR. De sortir de torture en sortant de la vie, Vous apporte aujourd'hui sa tête à l'abandon, Souhaitant le trépas à l'égal du pardon. Tenez donc, vengez-vous de ce traître adversaire, Vengez-vous de celui dont la plume fanssaire Désunit d'un seul trait Mélite de Tircis,
Cloris d'avec Philandre.
MÉLITE, à Tircis.
Du principal sujet qui nous mettoit en doute, Qu'es-tu d'avis, mon cœur, de lui répondre?. ..
2 VAR. Vite, dépêchez-vous d'abréger mon supplice.
Pour se faire obéir malgré nos vains efforts. Votre fourbe, inventée à dessein de nous nuire, Avance nos amours au lieu de les détruire: De son fâcheux succès, dont nous devions périr, Le sort tire un remède afin de nous guérir. Donc, pour nous revancher de la faveur reçue, Nous en aimons l'auteur à cause de l'issue; Obligés désormais de ce que tour-à-tour Nous nous sommes rendu tant de preuves d'amour, Et de ce que l'excès de ma douleur sincère' A mis tant de pitié dans le cœur de ma mère, Que, cette occasion prise comme aux cheveux, Tircis n'a rien trouvé de contraire à ses vœux; Outre qu'en fait d'amour la fraude est légitime : Mais puisque vous voulez la prendre pour un crime, Regardez, acceptant le pardon ou l'oubli,
Par où votre repos sera mieux établi.
Tout confus et honteux de tant de courtoisie, Je veux dorénavant chérir ma jalousie;
Et puisque c'est de là que vos félicités....
LA NOURRICE, à Éraste.
Quittez ces compliments qu'ils n'ont pas mérités; Ils ont tous deux leur compte, et sur cette assurance Ils tiennent le passé dans quelque indifférence2, N'osant se hasarder à des ressentiments
Qui donneroient du trouble à leurs contentements:
VAR. Et de ce que l'excès de ma douleur amère.
› VAR. Ils tiennent le passé dedans l'indifférence.
Mais Cloris qui s'en tait vous la gardera bonne, Et, seule intéressée, à ce que je soupçonne, Saura bien se venger sur vous, à l'avenir, D'un amant échappé qu'elle pensoit tenir. ÉRASTE, à Cloris.
Si vous pouviez souffrir qu'en votre bonne grace Celui qui l'en tira pût occuper sa place', Érasté, qu'un pardon purge de son forfait, Est prêt de réparer le tort qu'il vous a fait. Mélite répondra de ma persévérance:
Je n'ai pu la quitter qu'en perdant l'espérance; Encore avez-vous vu mon amour irrité Mettre tout en usage en cette extrémité;
Et c'est avec raison que, ma flamme contrainte De réduire ses feux dans une amitié sainte, Mes amoureux desirs, vers elle superflus, Tournent vers la beauté qu'elle chérit le plus.
Que t'en semble, ma sœur?
Mais, toi-même, mon frère?
VAR. Celui qui l'en tira pût entrer en sa place, Éraste, qu'un pardon purge de tous forfaits, Est prêt de réparer les torts qu'il vous a faits. Mélite répondra de sa persévérance; Il ne l'a pu quitter qu'en perdant l'espérance : Encore avez-vous vu son amour irrité Faire d'étranges coups en cette extrémité; Et c'est avec raison que sa flamme contrainte
Ses amoureux desirs, vers elle superflus.
Tu sais bien que jamais je ne te fus contraire.
Tu sais qu'en tel sujet ce fut toujours de toi Que mon affection voulut prendre la loi.
Encor que dans tes yeux tes sentiments se lisent', Tu veux qu'auparavant les miens les autorisent. Parlons donc pour la forme. Oui, ma sœur, j'y consens, Bien sûr que mon avis s'accommode à ton sens. Fassent les puissants dieux que par cette alliance Il ne reste entre nous aucune défiance,
que, m'aimant en frère, et ma maîtresse en sœur, Nos ans puissent couler avec plus de douceur!
Heureux dans mon malheur, c'est dont je les supplie; Mais ma félicité ne peut être accomplie
Jusqu'à ce qu'après vous son aveu m'ait permis 2 D'aspirer à ce bien que vous m'avez promis.
Aimez-moi seulement, et, pour la récompense, On me donnera bien le loisir que j'y pense.
Oui, sous condition qu'avant la fin du jour 3
VAR. Bien que dedans tes yeux tes sentiments se lisent.
Excusable pudeur, soit donc, je le consens, Trop sûr que mon avis s'accommode à ton sens.
2 VAR. Jusqu'à ce que ma belle après vous m'ait permis.
3 VAR. Oui, jusqu'à cette nuit qu'ensemble, ainsi que nous,
« PreviousContinue » |