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de toute autre. Quand nous donnons la hauteur de l'atmosphère, ce n'est pas seulement celle de cette atmosphère qui peut agir sur le baromètre, mais de celle qui s'étend jusqu'à la région où recommence la parfaite circulation fluide du tourbillon terrestre.

152. Par les principes que nous employons ici, on peut déterminer quelle sera la hauteur de l'atmosphère de Jupiter, qui, selon toutes les apparences, en a une. A en juger par ses satellites, comme on a fait à l'égard de la terre dans l'article 147, sa vitesse de rotation est à celle qu'aurait la dernière surface d'un globe égal de matière éthérée comme I est à 3. Donc, les vitesses de la circulation solide étant 1, 2, 3, etc., celles de la 3 3 3 fluide seront 3.

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etc.

(145). Or, ici l'égalité

3

arrive dès le second terme; car 2 et sont des gran

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deurs presque absolument égales, puisque leurs carrés 4 et 4 sont si proches. Donc, l'atmosphère de Jupiter ne s'étend que jusqu'au second de ces cercles avons posés ci-dessus, articles 144 et 145.

que nous

153. Le diamètre de Jupiter étant dix fois plus grand que celui de la terre, son atmosphère est donc élevée au-dessus de son centre de 30,000 lieues; et cependant, ainsi que dans notre tourbillon terrestre, cette atmosphère de Jupiter est bien éloignée d'atteindre à son premier satellite, dont la distance au centre de Jupiter est de plus de 100,000 lieues.

154 Malgré cela, il n'y a pas de proportion entre les grandeurs des globes de la terre et de Jupiter, et celles de leurs atmosphères, puisque l'atmosphère de la terre est élevée au-dessus du centre de la terre de 6 ou 7 de

ses demi-diamètres (95), et que l'atmosphère de Jupiter n'est élevée au-dessus du centre de sa planète que de 2 de ses demi-diamètres (152). Donc, l'atmosphère de la terre est beaucoup plus grosse, par rapport à la terre, que celle de Jupiter ne l'est par rapport à Jupiter. Cependant, nous observons sur la surface de Jupiter des changemens beaucoup plus grands que ceux qu'on pourrait observer sur la surface de la terre vue de Jupiter. Il y a tout lieu de croire que l'atmosphère de Jupiter participe à ces changemens, et peut-être même en est la cause en partie; que par conséquent elle est plus agitée à proportion que la nôtre, ou que cette atmosphère doit ne rencontrer que plus loin ou plus haut la tranquille matière éthérée. Mais ce sont là des conjectures auxquelles on répondrait par d'autres conjectures: ce serait du pur physique; et il vaut mieux s'en tenir à ce qui est plus géométrique et moins incertain.

155. Le soleil a aussi une atmosphère, et l'on trouvera, par les principes posés ici, que la vitesse de la rotation de sa surface est à celle de la circulation fluide comme 1 est à 200 : d'où il suit que les vitesses des circulations fluides, correspondantes à celles des circulations solides, ou aux nombres naturels, seront 200 200 200 etc. A l'occasion de ces grands nombres,

nous pouvons rendre générale la résolution du problême présent: x représentant successivement tous les nombres naturels et la suite des vitesses croissantes de la circulation solide, la suite des vitesses décroissantes de la fluide sera représentée par a étant une gran

a

Vx

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deur constante. Or, jamais il ne peut y avoir d'égalité entre deux termes de ces deux suites, que dans le cas

de

a

V x

= x, ou, ce qui est le même, a = x \/ x, a2 = x3.a2. = x.

Dans l'atmosphère solaire où a =200, 200 3=34 et un peu plus, est donc le nombre de rayons des cercles où se trouve l'égalité des deux vitesses différentes.

156. Ici, le premier des cercles 1, 2, etc., a pour rayon le demi-diamètre du soleil 100 fois plus grand que celui de la terre, et par conséquent qui est de 150,000 lieues. Donc, le trente-quatrième cercle a un rayon de 5 millions 100,000 lieues, et c'est là la hauteur de l'atmosphère solaire.

157. Mercure étant éloigné du soleil de 12 millions 771,000 lieues, l'atmosphère du soleil sera bien éloignée d'atteindre jusqu'à lui. Il paraît en effet peu convenable que l'atmosphère du soleil allât (par une matière étrangère, mue différemment des autres, même irrégulièrement) troubler l'ordre et l'uniformité qui doit être dans le tourbillon de Mercure aussi bien que dans les autres.

et

158. On pourrait même porter cette idée plus loin, si l'on considère seulement notre tourbillon solaire, et que, pour mettre tout sur le plus bas pied, on le conçoive terminé à Saturne, où il pourrait bien ne pas l'être. On conçoit que le principal objet de cet immense édifice, ce sont ces corps solides qui sont mus, et avec tant de rapidité, et avec tant de régularité. Mais toutes les masses de ces corps mises ensemble, ne sont tout au plus qu'un atôme, en comparaison de la masse presque infinie de la matière éthérée où ils flottent. Pourquoi

cette étrange disproportion? L'Océan sera-t-il fait uniquement pour porter une noisette ! Il me semble qu'on peut diminuer un peu la surprise; je dis seulement un peu, en supposant, sur le fondement des trois atmosphères que nous avons rapportées, qu'elles sont, en général, nécessaires à tous les corps célestes; et par conséquent il aura fallu laisser entre eux de très grands intervalles, afin que la matière éthérée, qui est l'âme de tout le tourbillon, ayant été troublée dans son action par des atmosphères, recommençât à l'exercer en toute liberté dans de grands espaces parfaitement occupés par elle.

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RÉFLEXIONS

SUR LA THÉORIE PRÉCÉDENTE.

I.

Si le système cartésien, dont on vient de voir l'exposition, est suffisamment établi, du moins dans ses points principaux, il est sûr que le système newtonien sera dès lors réfuté; car il suppose essentiellement l'attraction, principe très obscur et très contestable, au lieu que le système cartésien n'est fondé que sur des principes purement mécaniques, admis de tout le monde. Mais le Newtonianisme est devenu depuis peu

TOM. III.

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tellement à la mode, car il y en a aussi même chez ceux qui pensent, et il a pris, ou tant d'autorité, ou tant de vogue, qu'il mérite d'être attaqué directement et dans toutes les formes.

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Ses plus zélés partisans ne disconviennent pas que l'attraction ne soit inintelligible; mais ils disent que l'impulsion l'est aussi, parce que nous n'avons pas une idée nette de ce que le choc fait passer du corps mu dans le corps en repos. Il est vrai que nous n'avons pas cette idée bien claire; mais nous voyons très clairement que si le corps A mu choque le corps B en repos, il arrivera quelque chose de nouveau ; ou A s'arrêtera, ou il retournera en arrière, ou il poussera B devant lui. Donc, l'impulsion ou le choc aura nécessairement un effet quelconque; mais de ce que A et B sont tous deux en repos à quelque distance que ce soit l'un de l'autre, il ne s'ensuit nullement qu'ils doivent aller l'un vers l'autre, ou s'attirer. On ne voit là la nécessité d'aucun effet ; au contraire, on en voit l'impossibilité. Cela met une différence infinie entre ce qui reste d'obscurité dans l'idée de l'impulsion, et l'obscurité totale qui enveloppe celle de l'attraction.

II.

La matière ne se meut point par elle-même, et il n'y a qu'un être étranger et supérieur à elle qui puisse la mouvoir. Tout mouvement est une action de Dieu sur la matière; et il n'est pas étonnant que nous n'ayons pas une idée claire de cette action prise en elle-même ; mais nous avons une idée très claire de ses effets. Je vois que la force que Dieu imprime à la matière,

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