Vous les verrez bien-toft feconds en impoftures, Qui méprife Cotin, n'eftime point fon Roi, Je vous croy, mais pourtant, on crie, on vous menace. Hé, mon Dieu, craignez tout d'un Auteur en couroux, Qui peut... Quoi? je m'entens. Mais encor? Taifez yous. LE CTE U R. V Oici enfin la Satire qu'on me demande depuis fi long-temps. Si j'ay tant tardé à la mettre au jour, c'est que j'ay efté bien aife qu'elle ne parust qu'aveG La nouvelle édition qu'on faifoit de mon Livre, où je voulois qu'elle fuft inferée. Plusieurs de mes Amis aqui je l'ay Leuë, en ont parlé dans le monde avec de grands éloges, & ont publié que c'estoit la meilleure de mes Satires. Ils ne m'ont pas en cela fait plaifir. fe connois le Public. Je fçay que natu rellement il fe revolte contre ces louanges outrées qu'on donne aux Ouvrages avant qu'ils ayent paru; & que la pluspart des Lecteurs ne lifent ce qu'on Leur a élevé fi haut, qu'avec un deffein forme de le rabbasser. Je declare donc que je ne veux point profiter de ces difcours avantageux: non feulement je laiffe au Public fon jugement libre, mais je donne plein pouvoir a tous ceux qui ont tant critiqué mon Ode fur Namur, d'exercer außi contre ma Satire toute La rigueur de leur critique. f'efpere qu'ils le feront avec le mefme fuccés: & je puis les affeurer que tous leurs difcours ne m'obligeront point à rompre L'espece de van que j'ay fait de ne jamais deffendre mes Ouvrages, quand on n'en attaquera que les mots & les fyllabes. Je sçauray fort bien foutenir contre ces Cenfeurs, Homere, Horace, Virgile, tous ses autres grands Perfonnages dont j'admire les écrits: Ecrits: mais pour mes écrits que je n'admire point, c'eft à ceux qui les approuveront à trouver des raifons pour les deffendre. C'est tout l'avis que j'ay à donner ici au Lecteur. La bienfeance neanmoins voudroit, ce me femble, que je fiffe ici quelque excufe au Beau Sexe, de la liberté que je me fuis donnée de peindre fes vices. Mais au fond, toutes les peintures que je fais dans ma Satire font fi generales, que bien loin d'apprehender que les Femmes s'en offenfent, c'est fur leur approbation & fur leur curiofité que je fonde la plus grande efperance du fuccés de mon Ouvrage. Une chofe au moins dont je fuis certain qu'elles me. loneront, c'est d'avoir trouvé moyen dans une matiere außi delicate que celle que j'y traite, de ne pas laiffer échaper un feul mot qui puft blesser le moins du monde la pudeur. Fefpere donc que obtiendray aifément ma grace, & qu'elles ne feront pas plus choquées des predications que je fais contre leurs defauts dans cette Satire, que des Satires que les Predicateurs font tous les jours en chaire contre ces mefmes defauts. SA |