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l'année suivante, quatorze furent marqués par des éruptions de semblables parotides.

Complication de la fièvre adynamique continue avec la fièvre inflammatoire. Peut-on admettre, d'après une série de faits bien constatés, la complication de la fièvre inflammatoire avec la fièvre putride? Stoll, dans ses Ephémérides, année 1778, en admet une de cette sorte. « Les fièvres qui régnoient en » août, dit-il, étoient longues et continues, et leur » rémission étoit obscure; l'émétique fit rendre » une petite quantité de matières visqueuses, sans › aucun changement favorable; il y avoit stupeur; » le pouls et la chaleur étoient peu éloignés de l'état › naturel, si on s'en rapportoit au toucher; mais » les malades disoient éprouver une chaleur brû>> lante; la prostration des forces étoit grande, la lan» gue aride, contractée et fuligineuse, d'une dureté » comme ligneuse et tremblante, et les malades ne » pouvoient la faire sortir au dehors; les dents, les » gencives, et les lèvres étoient couvertes d'une » mucosité brunâtre et filamenteuse; il y avoit dou» leur, et tension ou sentiment de pesanteur dans » l'abdomen ; l'urine étoit décolorée et avec un » sédiment muqueux, la peau sèche et sans trans»piration. » Stoll ajoute que vers la fin du mois, quelques parties internes furent attaquées, comme les poumons et la plèvre, ensuite les glandes sousmaxillaires, thyroïdes, etc. Il paroît que Stoll regarde cette fièvre, évidemment putride, comme ayant un caractère inflammatoire, par la continuité de sa marche sans aucune rémission des symptômes bien marquée, par le sentiment de chaleur brûlante qu'éprou

voient les malades, par l'extrême aridité de la langue, et la disposition qu'eut cette fièvre de se compliquer, vers la fin du mois, avec quelque phlegmasie particulière. Le même auteur avoit remarqué ailleurs d'autres fièvres dites putrides, surtout parmi les femmes, avec une apparence inflammatoire au début, et qui, dans le reste de leur cours, manifestoient leur caractère fondamental; ce qui d'ailleurs n'est pas rare, et ce que j'ai eu quelquefois occasion d'observer dans les prisons de Bicêtre : mais ces cas peuvent-ils être regardés comme une véritable complication de la fièvre inflammatoire avec ce qu'on appelle la fièvre putride? M. Navières croit aussi avoir observé la complication de la fièvre inflammatoire avec la fièvre adynamique dans une épidémie. Une autre source d'obscurité et de confusion répan-. dues sur cet objet, tient à la notion du mot inflammatoire, qui s'applique presque toujours, parmi les auteurs, à la fièvre qui accompagne une phlegmasie quelconque : or, dans ce sens, nul doute qu'on n'observe très-souvent la fièvre putride inflammatoire, comme je l'exposerai dans la classe des phlegmasies. Mais si on ne veut parler que de la complication des deux fièvres primitives ou essentielles, il faudra convenir avec Selle (Pyrétol. méthod.) que ce qu'on appelle fièvre continente inflammatoire, ou putride continente et sans rémission, est très-rare, et ne crains point de provoquer de nouveau sur ce point toute l'attention des vrais observateurs.

Complication de la fièvre adynamique avec la fièvre dite bilieuse. On peut citer des exemples saus nombre de la fièvre bilioso - putride pris de

divers ouvrages. On la voit surtout se reproduire souvent avec beaucoup de variétés dans les hôpitaux et les hospices (Méd, clinique). C'est dans ce dernier recueil que je rapporte les exemples les plus multipliés; dans quelques-uns, j'ai eu soin d'y joindre l'analyse des symptômes et la double série de ceux qui conviennent à la fièvre gastrique et à la fièvre adynamique. Un autre auteur qui, dans un recueil déjà cité d'observations faites à Copenhague, a publié aussi des histoires les plus variées de la même complication et les plus dignes d'être connues, est le docteur Bancg. Il rapporte qu'en avril 1783, il eut occasion d'observer cinquante-quatre malades attaqués de la fièvre bilioso-putride. Quinze n'offrirent que des symptômes légers, et ils furent guéris pár quelques évacuans; trente furent exposés au plus grand danger par une métastase à la poitrine, suivie d'un crachement purulent, et leur rétablissement fut très-lent la maladie fut portée au plus haut point et devint funeste dans les neuf autres cas; quatre d'entre eux furent portés à l'hôpital dans un état désespéré, et périrent dans peu de jours; trois autres furent attaqués, durant le cours de la maladie, d'un crachement de sang très-abondant et mortel; on arrêta le crachement dans un quatrième, mais il périt ensuite de consomption.

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L'éruption des parotides est un des symptômes les plus à craindre dans la fièvre bilioso-putride, et c'est un de ces événemens malheureux que le même auteur a cru devoir nous transmettre. Un jeune homme de vingt-trois ans éprouvoit, depuis cinq jours, les symptômes ordinaires à cette

fièvre, et en outre, une tumeur phlegmoneuse à la clavicule gauche ; ce qui fit pratiquer une saignée, et appliquer des sangsues sur la tumeur. Le sixième jour, l'émétique eut un effet très-marque; et, le même jour, il survint une tumeur de la parotide droite. Le septième jour, un laxatif produisit une évacuation abondante, sans que la tumeur cessat d'augmenter; ce qui détermina à appliquer des sangsues sur la partie. Le huitième jour, la délitescence du phlegmon de la clavicule eut lieu, et en même temps l'éruption de la parotide gauche; on dégorgea cette dernière par les sangsues, on fit des onctions sur l'une et l'autre parotide avec le liniment ammoniacal, et on appliqua un vésicatoire entre les épaules; à l'intérieur, on prescrivit du camphre et du musc. Il est à noter que l'urine, qui étoit trouble et épaisse les premiers jours, devint limpide durant la métastase. Le dixième jour, il y eut augmentation no. table des parotides, avec un pouls accéléré et foible, et une sueur froide; on fit usage alternatif à l'intérieur d'une décoction de quinquina avec l'alcool sulfurique et les médicamens indiqués. Le douzième jour, les parotides ne laissant plus d'espoir d'une résolution favorable, on y appliqua un cataplasme émollient; l'urine restoit limpide; on entretenoit la liberté du ventre par des laxatifs pris par la bouche et en clystères. Le quizzième jour, les parotides ramollies furent incisées, et donnèrent lieu à l'évacuation d'une matière purulente abondante; le malade rendit une matière analogue par les marines et l'expectoration : dès lors, il survint

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tine douleur au dos, le hoquet, le crachement de sang et une urine claire; la prostration devint extrême, et la mort ent lieu le dix-neuvième jour. Il paroit que la tumeur phlegmoneuse de la clavicule étoit la suite d'une gale traitée par les répercussifs.

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Fièvre jaune. Le grand secret de lier un objet nou◄ veau, et de le rapprocher avec ce qui est anciennement connu, ne doit-il pas être en médecine, de même que dans toutes les autres parties de l'histoire naturelle, de chercher des intermédiaires qui puissent remplir l'espèce de lacune qu'on remarque, et d'établir un point de communication entre des objets qui paroissent d'abord les plus éloignés? C'est là une remarque, naturelle que suggère la comparaison de la fièvre jaune d'Amérique avec la fièvre bilioso-putride ou gastro-adynamique, qui est si fréquente dans nos climats, et qui est marquée par une chute des forces bien moins rapide, et une affection bien moindre des organes qui correspondent à la région épigastrique. Ne seroit-ce point multiplier les espèces sans nécessité, ou du moins sans fondement, que de regarder la première comme une espèce nouvelle, tandis que ses différences avec l'autre tiennent à l'influence du climat et à l'intensité plus grande des symptômes dans des régions brûlantes? Pour faire sentir qu'il n'y a lieu d'admettre en cela qu'une simple variété, on n'a qu'à considérer la maladie dans un état intermédiaire, et telle qu'elle a été observée dans l'ancienne Grèce. Nous avons sur ce point les monumens les plus authentiques dans les Épidémies d'Hippocrate, surtout le premier et le troisième livre. Quel modèle de sim

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