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l'alcali, et le second un de ses éléments, qu'il appelle esprit nitro-aérien, c'est-à-dire que Mayow ne considère pas l'air comme un corps simple.

En effet, il prouve expérimentalement qu'il n'y a qu'une portion de l'air, pour un volume donné, qui entretient la combustion et la respiration, et que cette portion est l'esprit nitro-aérien.

C'est encore à ce principe qu'est due la rouille du fer exposé à l'air. Toutes ces vues sont parfaitement justes; mais, après avoir fait remarquer que l'esprit nitro-aérien diffère de l'esprit acide de nitre (l'acide azotique hydraté) en ce que celui-ci éteint la flamme et agit sur les animaux comme corrosif, il n'explique pas en quoi consiste la différence. Ainsi, en traduisant la manière de voir de Mayow en langage moderne, il avait vu deux gaz également élastiques dans l'air, l'oxygène et l'azote. Il avait vu que, dans la combustion et la respiration, l'oxygène disparaît et que la force élastique de l'air qui ne peut plus servir ni à la combustion ni à la respiration, est plus faible qu'elle n'était avant que l'air eût entretenu la flamme et la vie d'un animal.

Mayow se demande que devient l'esprit nitro-aérien dans la combustion? Selon lui, il se fixe au corps combustible. C'est ainsi qu'il admet que l'esprit nitro-aérien étant un des éléments du nitre, le nitre peut faire brûler le soufre sans le contact de l'air, et qu'en agissant sur l'antimoine il donne l'antimoine diaphorétique qui est semblable à l'antimoine brûlé dans l'air.

Enfin le soufre ne contient pas d'acide sulfurique; ce corps résulte de l'union du soufre avec l'esprit nitro-aérien, soit que celui-ci provienne de l'air, soit qu'il provienne de l'esprit acide de nitre (acide azotique hydraté).

Enfin, J. Mayow attribue la fermentation et la putréfaction à l'esprit nitro-aérien, car, sans le contact de l'air, ni les sucs sucrés ne fermentent, ni les matières organiques ne s'altèrent.

J. Mayow avait parfaitement vu encore que, dans la respiration, le sang noir devient rouge par l'action de l'esprit nitro-aérien et que la chaleur animale est une conséquence de la réaction.

H. Mund, L. M. Barbieri, V. B. Giovannini, N. Pechlin, Al. Littre, J. Slare, adoptèrent les idées de J. Mayow ou le suivirent dans la route qu'il venait d'ouvrir.

Enfin, Jean Bernouilli, en 1690, publia des expériences fort intéressantes dans une dissertation De effervescentia et fermentatione.

Il vit que la chaleur dégage de l'air de l'eau, et qu'après ce dégagement, elle est impropre à la vie des poissons. Ces résultats ont été confirmés par beaucoup de savants et notamment par Corradori.

J. Bernoulli imagina un appareil très-simple pour recueillir le produit de l'effervescence de la craie mise en contact avec de l'eau acidulée. Il attribua le gonflement de la pâte de farine levée au dégagement

d'un gaz.

Enfin, en enflammant la poudre au moyen d'une lentille, dans un ballon dont le col était long, courbé et plongé dans l'eau, il montra la possibilité de recueillir le produit gazeux d'une détonation.

Dans un dernier article, nous examinerons la section troisième de la troisième époque de l'histoire de la chimie du docteur Hoëfer.

E. CHEVREUL.

3

UEBER

DAS

ERECHTHEUM AUF DER ACROPOLIS VON ATHEN,

Iste und IIte Abhandlungen, von Fr. Thiersch.

Sur l'Erechthéam de l'Acropole d'Athènes, deux dissertations de Fr. Thiersch (extraites du recueil des Mémoires de l'Académie royale des sciences de Munich, t. V et VI).

DEUXIÈME ARTICLE 1.

Nos lecteurs se rappellent ce qui a été dit, dans notre précédent article 2, au sujet du travail de Stuart, resté à peu près, jusqu'à nos jours, la seule base tant soit peu solide de toutes les études faites sur l'Erechthéion. A ce titre, je n'ai pas dû faire mention du travail de David Le Roi, qui, bien qu'estimable à beaucoup d'égards, n'a pourtant, par rapport à celui de Stuart, ni l'avantage de la priorité, ni le mérite de l'exactitude. Il est bien vrai que la première édition de l'ouvrage de l'architecte français parut en 1758 3, tandis que le premier volume des Antiquités d'Athènes de Stuart ne fut publié qu'en 1762. Mais personne n'ignore que le voyage et le séjour à Athènes des architectes anglais, Stuart et Revett, commencé dès les premiers mois de 1751, précéda de quatre années le voyage de David Le Roi, qui n'arriva à Athènes

1

Voyez, pour le premier article, le cahier de novembre, p. 654.-Ibid., p. 556.Les ruines des plus beaux monuments de la Grèce, etc., par M. Le Roy, Paris, 1758, fol. Il

a paru une seconde édition de cet ouvrage, en 1770, avec le texte beaucoup augmenté et amélioré, mais avec les mêmes planches. C'est de cette seconde édition que je me sers.

qu'au commencement de 1755; sans compter qu'il n'y resta qu'à peine autant de mois que les deux artistes anglais y avaient passé d'années1. Mais, d'ailleurs, il est certain que, sous le rapport de l'exactitude des recherches et de la fidélité des dessins, le travail de Le Roi ne comporte aucune comparaison avec celui de Stuart. En ce qui concerne particulièrement l'Erechthéion, les vues qu'en donne l'architecte français dans deux de ses dessins 2 ne servent tout au plus qu'à en faire connaître deux des faces extérieures dans leur état actuel, sans même en accuser, sinon d'une manière très-imparfaite, l'inégalité de terrain, cachée sous une masse de décombres. Quant à l'intérieur, qu'il trouva rempli, comme il le dit, d'un amas de marbres, il ne paraît pas en avoir eu la moindre notion; et le plan qu'il en donne 3 représente la cella sans aucune division intérieure, sans aucune différence de niveau. Du reste, les idées qu'il s'était faites de cet édifice étaient si confuses et si incertaines, que, dans l'embarras où le jetait à la fois la vue de ces temples, bátis, comme il s'exprime encore, l'un contre l'autre, et la diversité des dénominations antiques qui les concernaient, il ne saurait décider si c'est le temple d'Erechthée, ou le temple de Minerve Poliade joint à celui de Pandrose; quoiqu'il penche pour cette dernière opinion, en supposant que le temple d'Erechthée a existé plus près du Parthénon et qu'il a tout à fait disparu. Quant à la manière dont il se rend compte de la ruine existante, où il voit, dans le grand temple, celui de Minerve, dans le portique du Nord, celui de Pandrose, et, dans le portique dont l'enta blement est soutenu par des statues de femmes, l'habitation des Canéphores, il est trop sensible qu'elle ne répond, ni aux témoignages antiques, dont il n'avait qu'une connaissance très-imparfaite, jusqué-là qu'il ignorait encore, en 1770, l'existence de l'ancienne inscription attique, ni à l'étude des lieux, telle qu'elle pouvait se faire même de son temps. Le travail de Le Roi, en ce qui concerne l'Erechtheion, ne saurait donc entrer en considération auprès de celui de Stuart, le seul en effet qui ait pris place dans la science, et qui y tient, à tous égards, le premier rang.

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L'idée que cet architecte se faisait de l'édifice en question consistait principalement en ce qu'il le distribuait en trois parties, dont la première, ayant son pavé élevé de huit pieds au-dessus du niveau de la seconde, se trouvait séparée de celle-ci par un mur transversal. Cette division antérieure, dans laquelle on entrait par la porte pratiquée sous

1Avertissem. des antiq. d'Athènes, trad. fr., p. 1X, 1.) Pl. v et XXVIII. Pl. xxvii, fig. 1, p. 49.

le portique oriental, et qui était sans communication avec la suivante, était pour lui le temple d'Erechthée, et il y plaçait, avec le puits d'eau salée, les autels de Neptune, de Vulcain et de Butès. La division postérieure lui représentait le temple de Minerve, et peut-être même, ajoutait-il, le Cécropion de l'inscription attique; en quoi il prouvait à quel point manquait encore, à cette époque, l'intelligence de ce précieux document. Il reconnaissait le temple de Pandrose dans le portique des Kore, renfermant l'olivier sacré avec l'autel de Jupiter Herceus. Sa troisième division, séparée du temple de Minerve par un mur, dont il avait vu les vestiges, sans avoir constaté s'il s'y trouvait une porte de communication, n'était à ses yeux qu'une espèce de vestibule, ou de pronaos, dans l'hypothèse que le temple de Minerve, privé de tout accès du côté de l'est, avait son entrée par la face de l'ouest. Cette séparation absolue des temples de Minerve et de Pandrose d'avec celui d'Erechthée était, d'ailleurs, le seul moyen qu'il eût imaginé, sans toutefois l'exprimer, pour rendre compte de la plus grande difficulté que lui présentait cet édifice, celle qui résulte de la différence du niveau entre le temple présumé d'Erechthée et celui de Minerve. Mais, à cet égard, comme sous plusieurs autres rapports, il est trop sensible aujourd'hui que ces idées de Stuart ne répondent ni aux témoignages antiques, ni à l'état des lieux; en sorte qu'il serait bien superflu de les réfuter en détail, quoiqu'il fût nécessaire de les exposer dans leur ensemble, puisque, comme nous l'avons dit, elles. ont servi généralement de base à tous les travaux sur l'Erechtheion.

Le plus considérable et le plus savant de ces travaux fut sans contredit celui que l'illustre K. Ott. Müller publia en 1820, sur le temple et sur le culte de Minerve Poliade de l'Acropole d'Athènes'. Ce jeune antiquaire, qui préludait alors à tant de doctes et brillantes études qui l'ont placé au premier rang des savants de notre âge, s'était proposé d'expliquer tout ce qui concernait cet ancien sanctuaire de la religion attique, tant sous le rapport architectonique, y compris l'explication de l'ancienne inscription attique, que sous le rapport religieux; et il me suffira de dire qu'en ce qui concerne ces deux ordres de faits, tous les témoignages classiques qui s'y rapportent furent recueillis avec tout le savoir et discutés avec toute l'habileté qu'on pouvait attendre de l'auteur. Mais le plan qu'Ott. Müller s'était tracé de l'Erechtheion, et qui se fondait sur celui de Stuart, présentait nécessairement les mêmes défauts. Pour lui, comme pour l'architecte anglais, le temple de Minerve était une cella

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Minerva Poliadis sacra et Edem in arce Athenarum illustravit C. Od. Müller, etc. Gottinge, 1820, in-4°.

distribuée en trois parties, cella per parietes transversos tripartita. La partie antérieure, dont le niveau était supérieur à celui de la seconde, était aussi pour lui le temple d'Erechthee; celle qui s'y trouvait contiguë, sans y communiquer par une porte, le temple de Minerve Poliade; et c'est de cette manière qu'il se rendait compte de l'oixnua Sinλo de Pausanias: est vero ædes duplex, i. e pariete intergerino, ita ut nullum ostium pateat, in duas partes seclusa; évidemment, sans répondre à la pensée du voyageur ancien, qui n'indique nulle part un temple d'Erechthée, et qui ne nous représente un édifice double qu'au moyen des deux temples contigus de Minerve Poliade et de Pandrose. D'ailleurs, Ott. Müller s'éloignait des idées de Stuart en un point important, en ce qu'il reconnaissait le temple de Pandrose de Pausanias, le Pandrosion de l'inscription attique, dans la pièce reculée dont l'architecte anglais avait eu la malheureuse pensée de faire une espèce de vestibule. Mais, par une extension que rien ne justifie, il comprenait encore dans le Pandrosion le portique des Kore, pour y placer, comme Stuart, l'olivier sacré. En même temps, par une supposition qu'aucune donnée antique n'autorisait, il établissait, sous le pavé de son temple d'Erechthée, une chambre souterraine, domo subterranea, où il plaçait le tombeau d'Erichthonius, et il en faisait supporter le plafond par des colonnes, sans pouvoir décider, d'ailleurs, si cette colonnade avait formé une salle hypostyle ou un hypèthre, et en se fondant, bien qu'avec une certaine réserve, sur la colonne de vert antique emportée par le docteur Clarke.

A peu près vers le même temps où Ott. Müller s'occupait de l'Erechthéion, un célèbre architecte anglais, Wilkins, se proposait d'expliquer l'ancienne inscription attique, à la fois dans tout ce qu'elle contenait de termes architectoniques plus ou moins difficiles à comprendre, et dans ce qu'elle renfermait de notions nouvelles relatives à l'ordonnance du temple même'. Je n'ai pas à m'occuper de la partie philologique de ce travail, où l'artiste, aidé des connaissances pratiques de sa profession et des lumières du savant helléniste Elmsley, n'a pas laissé d'ajouter beaucoup au premier essai d'interprétation qu'avait tenté Schneider, le docte éditeur de Vitruve 2, et de frayer ainsi la voie où des philologues du premier ordre, tels qu'Ott. Müller3 et Aug. Boeckha, sont arrivés à l'intelligence à peu près complète de ce précieux document. Je dois me

1 Atheniensia or Remarks on the topography and Buildings of Athens (London, 1816, in-8°), p. 75, suiv., et Remarks on the architectural inscription brought from Athens, dans Rob. Walpole's Memoirs on Turkey (London, 1818, in-4°), p. 580-603. 2 Vitruv. De architect. corollar. ad 1. ÏV, c. 111 et IV, p. 260-269. 3 Minerv. Poliad. sacra, etc., Epimetr. II, p. 46-56.- Corp. inscript. græc., n. 160, t. I, p. 261,sq.

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