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A la suite de Marcellus de Sidé, on trouve un fort remarquable poëme anonyme De herbis ou De viribus herbarum; nous disons remarquable à cause des croyances et des fictions mythologiques qu'il renferme et qu'on ne trouve pas ailleurs. Ce poëme, accompagné d'une paraphrase en prose, était devenu presque illisible par suite des nombreuses corruptions introduites par la négligence des copistes. Plusieurs de ces corruptions ont pu être corrigées par un manuscrit de la bibliothèque impériale de Vienne; mais M. Sillig, auquel la collation avait été envoyéc, eut l'heureuse idée de s'adresser à M. Hermann, au génie critique duquel peu de corruptions pouvaient résister. Aussi, grâce au secours de l'illustre philologue, M. Sillig est-il parvenu à publier ce poëme ramené presque entièrement à son intégrité primitive. Cette publication forme un appendice à l'édition de Macer par Choulant'. C'est ce texte de MM. Hermann et Sillig qui a été reproduit dans le volume de la collection Didot.

Le volume est terminé par le poëme ïambique de Manuel Philé Пɛpi Sawv idióτntos. L'éditeur, M. Lehrs, mourut avant d'être arrivé au milieu du poëme; M. Dübner a revu ce que ce dernier avait déjà fait, et achevé la publication, rendue plus facile par la collation de quatre manuscrits de la Bibliothèque nationale de Paris, collation insérée par Camus dans le tome V (p. 623-667) des Notices et extraits des manuscrits. Le principal de ces manuscrits, presque contemporain de Philé, est le bombycinus portant le n° 16302. M. Dübner, ayant conçu des soupçons sur l'exactitude de Camus, a consulté lui-même ce manuscrit, et en a tiré, comme sa préface en fait foi, un bon nombre de leçons vraies que ce savant avait passées sous silence ou faussement indiquées. Il a eu soin d'indiquer par des crochets les nombreuses interpolations faites dans cet ouvrage. J'ai collationné avec son édition un excellent manuscrit que j'ai eu à ma disposition et qui n'avait jamais été consulté; ce travail est venu confirmer la plupart des bonnes leçons que M. Dübner a introduites dans le texte; il n'y a qu'un très-petit nombre de passages pour lesquels ce manuscrit m'a semblé offrir des améliorations évidentes et qui doivent être adoptées. En voici quelques-unes.

Leipsick, 1833, in-8°, p. 195-216. Dans une note placée à la fin, M. Sillig, d'après une lettre de Dietz, mentionne deux manuscrits de ce poëme anonyme comme se trouvant, l'un dans la bibliothèque de l'Escurial, l'autre dans le fonds du supplément grec de celle de Paris. Nous avouons ne connaître ni l'un ni l'autre de ces deux manuscrits. 2 Ce manuscrit précieux contient un nombre infini de pièces de tout genre et dont la notice donnée dans le catalogue imprimé des manuscrits grecs est incomplète. MM. Boissonade et Cramer ont publié un assez grand nombre de ces pièces dans leurs recueils intitulés Anecdota græca.

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Vs. 1186 : Ποίους δὲ καλῶς ἐκμαθὼν αἰδοῦς νόμους. Le manuscrit donne Τίνας καθαρῶς ἐκμαθὼν, legon qui est plus conforme à la manière de Philé, et qui convient mieux dans cet endroit.

Vs. 1402 : Άλλας δὲ νεκρὸς αὖθις ἐγχεῖ λιβάδας. Dans le manuscrit, Exxe au lieu de yxe, qui n'est peut-être qu'une faute d'impression (comme, vs. 1561, Béλws pour Béλos)1.

Vs. 1459 : Πάντων μετασχὼν τῶν παθῶν ἀπορρέει. La legon du manuserit ὑπορρέει doit avoir la préférence sur ἀπορρέει.

Vs. 1685 : Εγχωρίοις φύσαλος ὠνομασμένος. Le manuscrit porte έγχω ρίως, ce qui vaut mieux que ἐγχωρίοις.

äs

Citons encore une scholie inédite qu'une main plus moderne a ajoutée à la marge pour le mot μελίτας du vs. 1198 : Τί μελίτας, ἃς μέμνηται πάνσοφός2 τις καὶ ὀνομάζει σταυροπάτορας (leg. ταυροπάτορας) ταύτας ἐκ τοῦ ἔχειν τὴν γέννησιν ἀπὸ τῶν ταύρων, ἤτοι τῶν βοῶν. Εστι γὰρ ὡς ἀληθῶς.

Nous passons sous silence un grand nombre de leçons d'une valeur moindre, ou même fausses, qu'on y rencontre ainsi que dans les autres manuscrits de Philé3.

Pour compléter les poésies de cet écrivain qui concernent l'histoire naturelle, on s'occupe en ce moment, toujours pour ce volume de la collection Didot, de publier son poëme sur les Éléphants et quelques autres pièces qui se trouvent déjà soit dans le recueil de Wernsdorf, soit dans les Physici græci minores d'Ideler. Dans les différentes bibliothèques d'Espagne et d'Italie que j'ai visitées, j'ai trouvé des manuscrits importants du poëme sur les Eléphants; j'en ai fait la collation et j'ai recueilli un grand nombre de précieuses variantes qui serviront à corriger le texte, donné d'une manière très-incorrecte dans les éditions précédentes. J'ai communiqué le résultat de mes recherches au savant éditeur chargé de cette publication, et je crois pouvoir dire que cet utile supplément ne tardera pas à paraître.

On sait que Manuel Philé a composé un nombre infini de pièces de vers, dont quelques-unes seulement ont été publiées et qui ont été réunies en un volume in-8° par Wernsdorf. La plupart sont encore iné

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1 Dans le titre, après le vs. 1202, corrigez également AтKOMПAAOΣ au lieu de ΛΥΚΟΣΠΑΛΟΣ. Dans la Syrinx attribuée faussement à Théocrite, v. 3, ibique scholia. Ce poëme de Philé peut fournir quelques additions au Thesaurus de MM. Didot. On y trouve plusieurs mots dont il n'est donné qu'un seul exemple d'après un autre écrivain, tels que ßрaxónleрos, v. 279 et diaσпáрaнtos, v. 1122, ou d'autres qui ne sont même pas mentionnés. Nous citerons par exemple les mots βραδύπτερος, ν. 681, et ηλεκτρογενής dans le titre placé avant le v. 1051.

dites; j'ai transcrit moi-même toutes celles que j'ai pu trouver dans les principales bibliothèques d'Europe et j'en ai formé un recueil qui ne contient pas moins de 20,000 vers inédits, dont la publication sera faite prochainement. Quelques-unes de ces pièces ont un véritable intérêt historique et mentionnent plusieurs personnages inconnus, mais alliés à la famille impériale byzantine et ayant dû remplir des fonctions importantes. La publication de ces poésies, bien qu'elles appartiennent à une époque peu estimée au point de vue littéraire, ne sera pas absolument sans résultat pour la science, car elles peuvent et doivent fournir un très-utile supplément aux Familiæ byzantine de Du Cange.

E. MILLER.

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

LIVRES NOUVEAUX.

FRANCE.

Correspondance administrative sous le règne de Louis XIV, entre le cabinet du roi, les secrétaires d'État, le chancelier de France, et les intendants et gouverneurs des provinces, les présidents, procureurs et avocats généraux des parlements et autres cours de justice, le gouverneur de la Bastille, les évêques, les corps municipaux, etc., etc., par G.-B. Depping. Tome I: Etats provinciaux, affaires municipales et communales. Paris, Imprimerie nationale, 1850, in 4° de XLIV-1017 pages. Cet ouvrage, qui fait partie de la collection de documents inédits sur l'histoire de France, publiés par les soins du ministre de l'instruction publique, a une importance historique qui ne saurait être contestée. Les grandes mesures d'administration publique par lesquelles s'est illustré le gouvernement de Louis XIV sont suffisamment connues par les édits, les déclarations, les lettres patentes et les arrêts du conseil dans lesquels elles ont été formulées et promulguées. Mais les actes destinés à la publicité ne suffisent pas pour faire connaître l'esprit et la marche du gouvernement. Si l'on veut juger l'application et la mise à exécution de ses ordres, les principes que les dépositaires du pouvoir pratiquaient et inculquaient aux fonctionnaires publics, l'esprit qui animait ceux-ci, les obstacles de toute espèce qui venaient entraver les mesures administratives, l'état matériel et moral des diverses classes de la nation, il faut consulter les actes particuliers émanés de ce gouvernement et sa correspondance avec les fonctionnaires et avec des hommes influents de divers états. C'est là qu'on apprend à connaître ce que l'administration avait de bon et de défectueux; c'est en examinant ces documents qu'on parvient à se former une

idée juste de l'état des choses d'alors. Comme ces pièces ne devaient pas être publiées, on est fondé à croire qu'elles exprimaient la véritable pensée du gouverne. ment et qu'elles lui faisaient connaître la vérité, trop souvent déguisée dans les actes ostensibles. Il nous reste, pour le règne de Louis XIV, des portions assez considérables de la correspondance des secrétaires d'Etat avec les intendants et gouverneurs de provinces, les chefs des parlements, les évêques et les corps municipaux. A l'exemple de Colbert, chaque secrétaire d'Etat faisait inscrire, dans des registres pourvus de tables, tous les actes émanés de son département; de plus, il recueillait et faisait classer les rapports, mémoires et lettres qui lui étaient adressés. Ces recueils, dont plusieurs méritent de servir de modèles aux administrateurs publics de tous les temps, offrent aujourd'hui des lacunes regrettables. Ainsi, la Bibliothèque nationale n'a des dépêches de Colbert sur les matières de finances que celles qu'il a écrites de 1678 à 1683; les années précédentes (1663 à 1667) manquent complétement.

Les dépêches de ce ministre sur les affaires de commerce et d'industrie, dont la Bibliothèque nationale n'a qu'un seul volume, se retrouvent heureusement presque entières aux archives de la marine. Les lettres des fonctionnaires adressées à Colbert forment une collection considérable, conservée à la Bibliothèque nationale sous le nom de Volumes verts. Il y manque les lettres écrites pendant les dernières années du ministère et de la vie de cet homme d'État. Les registres du secrétariat de la maison du Roi, d'autant plus précieux, que les actes qu'ils contenaient étaient destinés à rester secrets, sont à peu près intacts; ils comprennent, pour le seul règne de Louis XIV, cinquante-six volumes in-folio, déposés aux Archives nationales, (E vol. 3345-3401). D'autres collections, qui se trouvent aujourd'hui à la Bibliothèque nationale et qui sont connues sous les noms des Cinq cents de Colbert, des Mélanges de Colbert, des Mélanges de Clairambault, offrent aussi des documents d'un grand intérêt. Les registres des archives de la marine renferment, par ordre chronologique, les dépêches expédiées par Colbert et ses successeurs relativement aux affaires de la marine, du commerce extérieur, du Levant, des consulats. Les registres où le comte de Ponchartrain, chancelier de France, a fait inscrire dans le plus grand ordre toutes les lettres émanées de sa chancellerie sont conservés en entier à la Bibliothèque nationale, en quinze volumes in-folio. On y trouve aussi les copies des décisions rendues par cet homme d'Etat sur l'Administration de la justice, recueil très-riche en renseignements pour l'histoire de cette administration pendant les quatorze dernières années du règne de Louis XIV. Il y faut joindre la correspondance originale d'Achille de Harlay, d'abord procureur général, puis premier président du parlement de Paris, formant vingt-sept volumes et liasses infolio déposés dans la même bibliothèque. Les rapports de la police au sujet de la conversion forcée des Huguenots ne sont pas une des parties les moins intéressantes des papiers de Harlay. Ils ont leur complément dans les papiers de la Reynie, dont la Bibliothèque nationale possède six volumes in-folio, et dans lesquels il n'est question que des affaires des protestants. Telles sont les principales sources où M. Depping a puisé avec tout le discernement qu'on était en droit d'attendre de ses lumières et de sa longue expérience, Le tome premier de son recueil contient deux cent dix-sept pièces, relatives aux États provinciaux et aux affaires municipales et communales. Une savante introduction placée en tête du volume fait très-bien ressortir la valeur de ces documents, et résume la plupart des renseignements historiques qu'on peut y trouver. Les recherches du lecteur sont rendues faciles par une table et un sommaire analytique de toutes les pièces publiées. L'ouvrage entier

se composera de quatre volumes. Le tome second comprendra ce qui a rapport à
l'administration de la justice, aux affaires du parlement et autres corps judiciaires,
à la police publique et secrète, aux galères. Le tome troisième doit contenir les do-
cuments qui intéressent les finances, le commerce, l'industrie, et, dans le qua-
trième, seront réunies les pièces concernant les travaux publics, les affaires reli-
gieuses et ecclésiastiques, les protestants, les suites de la révocation de l'édit de
Nantes, la littérature, les sciences et les arts.

Notice historique sur la vie et les ouvrages de M. Letronne, par M. Walckenaer,
secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, lue dans la
séance publique annuelle du 16 août 1850. Paris, typographie de Firmin Didot
frères, 49 pages in-4°, 1850.

Biographie de Lazare-Nicolas-Marguerite Carnot, membre de la première classe

de l'Institut de France (section de mécanique), par M. Arago, secrétaire perpétuel

de l'Académie des sciences, lue le lundi 21 août 1837. (Extrait du tome XXII des

mémoires de l'Académie des sciences.) Typographie de Firmin Didot frères, 1850,

120 pages in-4°.

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Manuel des sciences ecclésiastiques, par le R. P. Don Bruno-Jules Lacombe, béné-

dictin de la congrégation de France. Tome I. Au Mans, chez Julien Lanier; à
Paris, chez Lecoffre, in-8° de 704 pages. Première partie : Écriture sainte,
liturgie des pontifes romains et des conciles. La seconde partie présentera la bio-
graphie chronologique des Pères et des écrivains ecclésiastiques.

Histoire de l'administration de la police de Paris depuis Philippe-Auguste jusqu'aux
Etats généraux de 1789, ou tableau moral et politique de la ville de Paris durant
cette période, considéré dans ses rapports avec l'action de la police, par M. Frégier.
Paris, librairie de Guillaume, 2 vol. in-8°, ensemble de 1,144 pages.

Notice des monuments exposés dans la salle des antiquités américaines (Mexique et
Pérou), au musée du Louvre, par Adrien de Longpérier, conservateur des anti-
quités. Paris, imprimerie de Vinchon, 1850, in-12 de 108 pages. Cette notice
contient la description de 834 monuments.

TABLE.

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