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L'éditeur de cet ouvrage s'en réserve l'entière propriété et poursuivra, en vertu des lois, décrets et traités internationaux, toute contrefaçon faite au mépris de ses droits.

Le dépôt légal de l'ouvrage a été fait à Paris, au Ministère de l'intérieur, et l'on a rempli toutes les formalités prescrites par les conventions littéraires.

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LITTÉRATURE DE LA JEUNESSE

ET DE L'AGE MUR

OU

CHOIX DE MORCEAUX

TIRÉS DES

MEILLEURS ÉCRIVAINS FRANÇAIS.

PRÉCÉDÉ D'UN DISCOURS SUR LA LITTÉRATURE FRANÇAISE

PAR

A. VINET.

CINQUIÈME ÉDITION

revue avec soin, d'après les indications de l'auteur,

PAR AUGUSTE VINET
éditeur-propriétaire.

LAUSANNE

GEORGES BRIDEL ÉDITEUR

1857

On peut se procurer cet ouvrage aux adresses suivantes :

BALE H. Georg, dépositaire pour Bâle et l'Allemagne.

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BERNE: Siegfried et Ce; - Dalp; - Huber; — Wüterich-Gaudard. ZURICH Hanke; - Schulthess; - Orell, Füssli et Ce.

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of 1.

A MONSIEUR

ANDRÉ GINDROZ,

MINISTRE DU SAINT ÉVANGILE, professeur de pHILOSOPHIE A L'ACADÉMIE DE LAUSANNE, VICE-PRÉSIDENT DU CONSEIL DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE, MEMBRE DU GRAND CONSEIL DU CANTON DE VAUD, ETC., ETC.

MONSIEUR,

L'idée de publier sous vos auspices un ouvrage destiné à l'instruction de la jeunesse, paraîtra naturelle à tout le monde; si quelque chose pouvait être désapprouvé, ce serait le peu de valeur de mon hommage: une simple compilation, quels qu'en soient les éléments, doit sembler peu digne de vous être offerte; mais si l'on y réfléchit, on jugera qu'un ouvrage inspiré par la seule ambition d'être utile, et exécuté, j'ose le dire, dans une disposition sérieuse, représente assez bien l'esprit de vos travaux et de toute votre vie pour oser se parer de votre nom; et si l'offrande d'un travail où les conceptions propres et l'invention littéraire n'ont pas même pu trouver une place, est, dans un sens, trop au-dessous de l'homme qui veut bien en agréer l'hommage, on en sentira peut-être d'autant mieux quel prix vous attachez à une bonne intention; cela même (puisque, enfin, l'on sait bien quel noble sens a dans votre esprit le mot d'utilité), cela même sera pour nos concitoyens un enseignement utile.

Je ne veux pas plus longtemps, Monsieur, vous parler de vousmême; et mon respect ira jusqu'à supprimer tout ce que mon cœur, touché de vos précieuses bontés, voudrait vous exprimer ici de reconnaissance et d'attachement. Vous préférez, j'en suis sûr, à mes remerciements les idées générales, quelles qu'elles puissent être, que je joindrai à mon hommage. 'Elles concourent, ce me semble, au but de mon livre, en sont l'introduction naturelle, et pourront tirer quelque autorité de la place que vous me permettez de leur donner.

La littérature est encore aujourd'hui comptée parmi les objets de l'instruction supérieure; et, bien que sa notion soit devenue un peu vague, et se noie, à ses limites, dans tout ce qui l'entoure et devait la circonscrire, il reste encore dans la nouvelle idée assez de l'ancienne, assez de spécialité nette et saisissable, pour qu'on sache à peu près de quoi l'on va s'occuper quand on ouvre un livre sur la littérature. S'il est difficile de dire précisément ce qui appartient ou n'appartient pas à la littérature, cette difficulté, à vrai dire, a toujours plus ou moins existé; la littérature vit de tout, lève sur toutes choses un tribut,

Et, semblable à l'abeille en nos jardins éclose,
De différentes fleurs elle assemble et compose
Le miel qu'elle produit.

Elle n'est pas tant une science à part que le lien commun, l'interprète mutuel de toutes les sciences; elle réduit toutes les idées à l'unité de sa forme, ou les passe toutes à son filtre, qui ne laisse traverser que ce qu'elles ont de plus général et de plus simplement humain. A la lettre, on doit dire qu'elle humanise · la science, ou qu'elle rend propre à l'humanité ce qui n'était convenable d'abord qu'à une certaine partie de cette humanité, à tel ou tel groupe séparé des autres et resserré en soi par le fait d'un goût particulier, d'une faculté dominante, ou d'une étude à part.. Elle extrait de chaque spécialité, apanage de quelques-uns, ce qui peut être à la portée et à l'avantage de tous. Je n'ai pas besoin de dire que ce mot tous doit se prendre en un sens relatif et restreint; j'aurais plutôt besoin de faire observer que ce sens ou cette application n'est pas aussi restreinte que bien des gens pourraient le penser.

Infatigable messagère, elle va donc de l'humanité vers ces groupes dont j'ai parlé, et de ces groupes vers l'humanité; elle demande à la science des idées générales, pour en grossir ce fonds que l'humanité entretient et renouvelle sans cesse, puis elle retourne vers la science, et lui porte des idées humaines, dont la science profite à son tour. Elle rapporte aux dépôts du vrai et de l'utile, cet utile et ce vrai traduits sous l'aspect du beau; du beau, qui est sa forme, son objet, l'émanation la plus pure de la pensée, et peutêtre, le vrai dans toute sa vérité, dans toute sa lumière, avec tous ses reflets. Car la pensée humaine ne se satisfait pas à moins; et le beau est à ses yeux, sinon la dernière cime, du moins le complément nécessaire du bon et du vrai.

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