DE SAINT-PÉTERSBOURG, ου ENTRETIENS SUR LE GOUVERNEMENT TEMPOREL SUIVIS D'UN TRAITÉ SUR LES SACRIFICES; PAR. M. LE COMTE JOSEPH DE MAISTRE, ANCIEN MINISTRE DE S. M. LE ROI DE SARDAIGNE A LA COUR DE RUSSIE, TOME PREMIER. IMPRIMERIE DE COSSON. PARIS, LIBRAIRIE GRECQUE, LATINE ET FRANÇAISE, RUE DE SEINE, No 12. M DCCC XXI. LA vérité et l'erreur se partagent cette terre où l'homme ne fait que passer, où le crime, les souffrances et la mort lui sont des signes certains qu'il est une créature déchue, où la conscience, le repentir et mille autres secours lui ont été donnés par la bonté du créateur pour le relever de sa chute, où il ne cesse de marcher vers le terme qui doit décider de sa destinée éternelle, toujours soumis à la volonté de Dieu, qui le conduit selon la profondeur de ses desseins, toujours libre, par sa volonté propre, de mériter la récompense ou le châtiment. Deux voies lui sont donc ouvertes, l'une pour la perte, l'autre pour le salut; voies invisibles et mystérieuses dans lesquelles se préci→ pitent les enfans d'Adam, en apparence confondus ensemble,divisés cependant en deux sociétés qui s'éloignent de plus en plus l'une de l'autre, jusqu'au moment qui doit les séparer à jamais. C'est ainsi que saint Augustin nous montre admirablement les deux Cités que le genre humain doit former à la fin des temps, prenant naissance dès le commencement des temps: la Cité du monde et la Cité de Dieu. Dieu et la Vérité sont une même chose; d'où il faut conclure que toute vérité que l'intelligence humaine est capable de recevoir lui vient de Dieu, que sans lui elle ne connoîtroit aucune vérité, et qu'il a accordé aux hommes, suivant les temps et les circonstances, toutes les vérités qui leur étoient nécessaires. De cette impuissance de l'homme et de cette bonté de Dieu découle encore la nécessité d'une tradition universelle dont |