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PLACE DE L'ADJECTIF.-Page 50, Règle 66.

543. Les participes passés employés comme adjectifs, se placent après les substantifs :

Un homme instruit, une action défendue.

On dit cependant, un juré menteur, un renommé buveur.

544. On place généralement après leurs substantifs, les adjectifs qui désignent des qualités physiques, des qualités extérieures ou accidentelles :

Une table ronde, un ruban vert, une surface lisse, un instrument sonore, une odeur infecte, etc.

545. NOTA. Si l'on dit, les VERTES prairies, les BLONDS épis, la BLANCHE aubépine, les NOIRS soucis, la SOMBRE jalousie, etc., c'est pour obéir à cette autre règle (citée par le grammairien Boniface), que l'adjectif précède le substantif quand il en exprime une qualité habituelle, inhérente; c'est plus alors une épithète qu'un adjectif. Aussi dit-on, un FIDÈLE ami, et non un FIDÈLE homme; une BASSE intrigue, et non une BASSE action; un ADROIT fripon, et non un ADROIT voleur.

546. Quand on emploie un substantif et un adjectif qualificatif, celui des deux mots qui est le plus long se place généralement le dernier: Une HAUTE montagne, une montagne INACCESSIBLE; à moins que la construction de la phrase ne s'y oppose, comme dans, l'IMMORTEL auteur de Télémaque.

547. Nous avons vu (page 51) qu'il y a des adjectifs dont la signification change selon la place qu'ils occupent. En voici quelques exemples:

Un bon homme a de la simplicité. Un homme bon a de la bonté.

Le galant homme est un homme qui a de la probité, des manières civiles, une conversation agréable; l'homme galant est celui qui cherche à plaire aux dames. Un homme galant n'est pas toujours un galant homme, et un galant homme n'est pas toujours un homme galant.

Un pauvre auteur est un auteur de peu de mérite; un auteur pauvre est un auteur qui n'a point de fortune.

Un homme plaisant est un homme enjoué; un plaisant homme est un homme ridicule.

Autres exemples que l'usage fera connaître :

Un seul mot.
Un vilain homme.
Un petit homme.

Un mot seul.

Un homme vilain.

Un homme petit.

Une pauvre langue.

Une méchante épigramme.
Un mauvais air.

Un nouvel habit.
Les propres termes.
Le haut ton.

Un unique tableau.
Une fausse clef.
Une sage-femme.
Un furieux animal.

Une langue pauvre.

Une épigramme méchante.
L'air mauvais.

Un habit nouveau.
Des termes propres.
Le ton haut.
Un tableau unique.
Une clef fausse.
Une femme sage.
Un animal furieux.

DU TUTOIEMENT.-Page 64.

548. "On ne se sert ordinairement des pronoms tu, toi, te ainsi que de l'adjectif possessif ton, et du relatif le tien, que quand on parle à des personnes fort inférieures, ou avec qui on est en très-grande familiarité. Quelquefois, au contraire, on les emploie dans le style oratoire ou poétique, en s'adressant aux personnes qu'on respecte le plus, aux rois, aux princes, à Dieu même. On s'en sert encore en faisant parler certaines nations, et principalement les Orientaux, lorsqu'on veut leur conserver un caractère étranger; et quelquefois aussi dans la poésie. Hors de là, on emploie le pronom pluriel vous, l'adjectif possessif votre, et le relatif le vôtre."-ACADÉMIE.

"Il est à présumer que le vous à la place du toi a commencé, dans toutes les langues qui l'ont adopté, par être un mode d'urbanité, une marque de déférence sociale, de respect volontaire, qui de la cour aura passé dans toutes les conditions; et ce genre de politesse a produit successivement une foule de nuances si sensibles et si diverses, que le langage en a été modifié, de manière à ne pouvoir s'en passer, sans devenir méconnaissable et sans heurter violemment toutes les idées sociales. Ainsi d'abord le vous étant une marque d'éducation, a dû être d'usage entre tous les hommes bien élevés, et qui se piquaient de bien parler. Le tutoiement habituel étant demeuré à ceux qui n'avaient reçu aucune instruction, aura pris un caractère de grossièreté: et dès lors on l'aura proscrit généralement d'un sexe à l'autre, chez toutes les nations polies, lorsque l'esprit de chevalerie établit en loi le respect pour les femmes, auparavant traitées en esclaves. Le tutoiement aura été généralement interdit des enfants à leurs parents, des

jeunes gens aux vieillards, des laïcs aux ministres de la religion, des domestiques à leurs maîtres, des soldats à leurs officiers, des élèves à leurs instituteurs, en un mot de tous les subordonnés à leurs supérieurs dans l'ordre social; alors le tutoiement aura marqué ou une supériorité quelconque, ou une familiarité intime, ou le mépris ou la colère: ces modes devenus essentiels au langage pendant une longue suite de siècles, s'y sont incorporés de manière à ne pouvoir plus en être arrachés; ils ont passé dans les écrits, surtout dans le dialogue dramatique, et dès lors le goût, qui n'est que le sentiment des convenances, a su varier cet emploi du vous et du toi, et le marquer par des effets si heureux, qu'il est devenu un des moyens les plus riches de l'art d'écrire, et particulièrement de l'art du théâtre, en même temps qu'il exprimait dans la société une foule innombrable d'affections morales. Il en résulte qu'aujourd'hui cette différence du vous et du toi est réellement une source inépuisable de richesses qu'on peut appeler idiotiques, nationales, c'est-à-dire, qui appartiennent en propre à la langue française, et faites pour balancer, par un moyen qui est à elle, les avantages des langues anciennes." -LA HARPE, Leçons de littérature.

"Un père, prévenu que son fils se propose de forcer son secrétaire pour y prendre de l'argent, et fournir aux dépenses que lui occasionne un fol amour, ouvre lui-même son secrétaire, y met en évidence une somme d'argent avec ce billet foudroyant adressé à son fils:

"Puisqu'un amour infâme a pour vous tant d'appas,

Qu'il vous fait renoncer à votre propre estime,

Je veux vous épargner un crime:
Acceptez, ne dérobez pas.

"Maintenant, substituez le tu au vous, et voyez l'effet, ou plutôt le manque d'effet. Ce ne sera plus là le langage sévère et noble d'un père justement indigné; il semble que ce reproche paternel ne serait plus si touchant." BENOÎT LAMOTTE. Séance des Ecoles normales.

Remarquons enfin le bel effet du tutoiement dans ces vers de l'élégant Racine:

HERMIONE à PYRRHUS.

Vous ne répondez point! Perfide, je le voi,
Tu comptes les moments que tu perds avec moi!
ANDROMAQUE, Tragédie.

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EXEMPLES GÉNÉRAUX SUR TOUTES LES
RÈGLES DE LA GRAMMAIRE.

TRADUCTION ET ANALYSE.

Articles; substantifs.

L'avarice, l'esprit, l'imagination, l'utilité, l'histoire, les humains. La haine, les hasards. Le fils du roi de France, la couronne de la reine, l'amitié d'un frère, le nom de l'enfant. La grandeur et la décadence des Romains, les œuvres de Racine. À l'ambassadeur, à l'honneur, à la dame, à l'espérance, aux garçons, aux historiens, aux hameaux. De l'Italie à la Suisse. Deux francs le cent, huit sous la livre. Il est médecin. Êtes-vous français ? Oui, je le suis.-Quel bonheur ! quel dommage! Une si belle chose! Un tel malheur ! Apollon, dieu des beaux-arts. Paragraphe six, numéro quatre. J'ai la plume.-As-tu les crayons? Oui, je les ai.-Il a des gants. Nous avons de la persévérance.-Avez-vous du plaisir? Oui, nous en avons.-Ont-ils de la patience? Non, ils n'en ont pas.-Elles ont de la complaisance.-Aura-t-elle une récompense? Oui, elle en aura une.-Elles auront des connaissances. J'aurai de la fortune.-Aurait-il de grandes affaires? Il en aurait quelquefois. Tu aurais des fleurs odoriférantes. Nous n'aurions pas de loisir. N'avez-vous pas des enfants! N'avez-vous pas d'enfants? Il est sans amis. Des querelles

entre voisins.

Adjectifs.

Une amie sincère. Je suis content. Elle est prudente. La route est escarpée. Un temps pluvieux. Une matinée pluvieuse. Un enfant vif. Une action vive. Un homme franc. Un grand parleur. Un bon acteur et une bonne actrice. Un style enchanteur. Un bel oiseau. Un beau cheval. Une belle mode. Elle est douce. C'est une vieille maison. Un vieil ami et un vieux camarade. Elles sont malignes. Nous avons de bons chevaux. J'ai de bonnes oranges et de belles poires. Il avait de bon pain, de bonne viande et de bon vin. Elles ont les lèvres vermeilles. Instruit, plus instruit, le plus instruit. Son raisonnement est bon, le mien est meilleur, et le sien est le meilleur de tous. Vous raisonnez bien, votre ami raisonne mieux, et votre frère raisonne le mieux de tous.

Ma dépense est petite, mais la vôtre est moindre. Elle est très-joyeuse. Nous sommes bien attentifs. Il est fort estimé. Il est bien fort et bien adroit. Nous avons autant de réussite Nous n'avons pas tant de moyens que lui.

que vous.

Adjectifs numéraux.

Paris, le 15 juin 1844. Le 30 du mois prochain. Depuis quinze jours (85.). D'aujourd'hui en huit. Pendant 332 ans. Un degré ou 25 lieues. Une lieue ou 2282 toises. Une toise ou 6 pieds. Un pied ou 12 pouces. Un pouce ou 12 lignes. L'unité principale des nouvelles mesures est le mètre (voyez la page 382).-Quel quantième du mois avons-nous ? Nous sommes au 27 d'août.-Avez-vous reçu ma lettre du 17 du courant? Oui, je l'ai reçue.—Le dernier mois de l'année dernière. Plus de quinze, plus de cent.

Pronoms.

Quand vous verrez son mari, vous lui direz que vous avez parlé à sa sœur et que vous lui avez demandé son adresse. Voici ma cousine et voilà la sienne. De ces trois compositions la mienne est la plus grave, la tienne est la plus touchante et la sienne est la plus sublime. Ton amitié et la sienne me sont chères. Je le vois, il la voit, nous le voyons et nous lui disons la vérité. Mon frère tâcha de la consoler, et lui promit de voir son père. Je te le donne. Tu me le montres. Il le lui récitera. Dites-lui que j'aurai sa réponse. Ne lui parlez pas de sa sœur. Nous vous demandons la raison. Vous nous invitez. Ils vous présentent mes amis.— Votre frère est-il ici? Non, il n'y est pas.-Je leur parlerai. Je la leur offrirai. n l'a vue, et lui a donné le billet. Vous êtes fâché, je ne le suis pas.-Mademoiselle, êtes-vous la fille de monsieur Dupré? Oui, je la suis.—Êtes-vous heureuse? Oui, je le suis.—Mesdames, êtes-vous les amies de ma cousine? Oui, nous les s.-Étes-vous sœurs? Oui, nous le sommes.-Donnez à elle et non à lui. Je pense à toi. Je sortirai sans toi. Partez avec lui ou avec elle.

sommes.-.

Ce cheval est-il à vous? Non, il est à mon voisin.-Ne courez pas après eux.-Qui a fait cela? Moi. C'est toi! Non, c'est lui, ou c'est elle.-Il est plus âgé que moi. Vous avez plus de savoir que lui.-N'êtes-vous pas plus heureux qu'eux ? Non, je ne le suis pas.-Je lui en ai parlé. Parlez-leur-en. Non, ne leur en parlez pas.-Vous n'y pensez pas. Donnezmoi des conseils, ne me donnez pas d'embarras. Pourquoi lui

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