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APPENDICE.

PRONONCIATION DE L'L MOUILLÉE.—Page 12.

528. Il y a deux manières de prononcer l'l mouillée : l'une propre au discours soutenu, l'autre à la conversation. Le mouillé, dans le discours soutenu, consiste à faire entendre un i après l'l, indépendamment de celui qui existe réellement devant cette consonne, et sans lequel il ne peut y avoir de mouillé; ainsi, lisez billard, billet, babiller, piller, tilleul, etc., comme s'il y avait : biliard, biliet, babilier, pilier, tilieul. Dans la conversation, on supprime entièrement l'l, et on prononce bi-iard, bi-iet, babi-ier, etc.

Cette prononciation de l'l mouillée nous vient du gli des Italiens. Ainsi, par exemple, billet, billard, médaillon, médaille, tilleul, coquille, etc. sont dérivés de biglietto, bigliardo, medaglione, medaglia, tiglio, cochiglia. (Mme DUPUIS, Traité de prononciation.)

DE LA PROSODIE.-Page 15.

529. La prosodie est l'art de donner à chaque son ou syllabe le ton qui lui est propre. Elle peut se diviser en deux parties: 1o L'accent et la quantité; 2o La versification*.

De l'accent.

On entend par accent les différentes inflexions de voix et les diverses modulations dont on peut se servir

* L'élève pourra consulter le Traité de versification française dans le recueil intitulé LEÇONS ET MODÈLES DE POÉSIE FRANÇAISE (Whittaker et Cie, Londres).

pour prononcer comme il convient les mots d'une langue. Chaque province, chaque ville même, chaque nation, chaque peuple diffère d'un autre dans le langage, nonseulement parce qu'on se sert de mots différents, mais encore par la manière d'articuler et de prononcer les mots. Cette espèce de modulation dans le discours, particulière à chaque pays, est ce que l'abbé d'Olivet appelle accent national.

Pour bien parler une langue vivante, il faut avoir le même accent, la même inflexion de voix que les personnes de la capitale qui ont vécu dans le grand monde; ainsi, quand on dit que, pour bien parler français, il ne faut point avoir d'accent, on veut dire qu'il ne faut avoir ni l'accent italien, ni l'accent picard, ni un autre accent qui n'est pas l'accent national.-DUMARSAIS.

De la quantité.

La quantité exprime une émission de voix plus longue ou plus brève; elle marque le plus ou le moins de temps qui s'emploie à prononcer une syllabe:

Syllabe longue.
Barre, arrêt, rōse.

EXEMPLES.

Syllabe brève.
Bărque, berceau.

530. Règles de prosodie, données par l'abbé d'Olivet. 1o Toute syllabe dont la dernière voyelle est suivie d'une consonne finale, qui n'est ni s ni z, est brève: Săc, nectăr, sěl, fil, pot, tuf.

2o Toute syllabe masculine, qu'elle soit brève ou non au singulier, est toujours longue au pluriel: Des sācs, des sēls, des pōts.

30 Tout singulier masculin, dont la finale est la même au pluriel, est long: Le temps, le nēz.

[Il faut avouer que ces trois premières règles prouvent plutôt en faveur de l'esprit ingénieux de l'abbé d'Olivet que de la vérité du fait.]

4o Quand un mot finit par / mouillée, la syllabe est brève: Éventăil, avril, fauteuil, quenouille.

5o Toutes les syllabes nasales, suivies d'une consonne qui n'est ni m ni n, et qui commence une autre syllabe, sont

longues: Jambe, jämbon, crainte, trēmbler, peindre, joindre, tōmber, humble.

6° Toute voyelle suivie de deux m ou de deux n est brève, et n'est plus nasale: Epigramme, personne, qu'il prenne*.

7° Deux r, qui ne forment qu'un son indivisible, rendent toujours longue la syllabe précédente: Arrêt, bārre, bizārre,

tonnerre.

8° Entre deux voyelles, dont la dernière est muette, les lettres sou z allongent la syllabe pénultième: Būse, extūse, diocese, bêtise, franchise, rōse, époūse, rūse, reclūse.

9o Les lettres r et s prononcées, qui suivent une voyelle, et précèdent une autre consonne, rendent la syllabe toujours brève: Bărbe, bărque, berceau, informe, ordre, juspe, măsque, burlesque, funeste, piste, risque, poste, brusque.

10° Tous les mots qui finissent par un e muet, immédiatement précédé d'une voyelle, ont leur pénultième longue: Pensée, armée, joie, j'envoie, vie, je loūe, il joūe, la rūe, la nũe.

Mais, si dans tous ces mêmes mots l'e muet se change en e fermé, alors la pénultième, de longue qu'elle était, devient brève: Loŭer, mŭer.

11o Quand une voyelle finit la syllabe, et qu'elle est suivie d'une autre voyelle qui n'est pas l'e muet, la syllabe est brève : Feal, créé, action, hair, doué, tuer.

531. TABLE D'HOMONYMES†

qui ont une signification différente selon qu'ils sont prononcés longs ou brefs.

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* Cette règle n'est pas sans exceptions: ENNUI, et ses dérivés; ENNOBLIR; etc.

Remarque sur la prononciation des mots ENNOBLIR, enorgueillir, etc. Dans les mots composés commençant par en, suivi d'une voyelle ou d'un h muet, si le prépositif est é, comme dans les mots énerver, énumérer, il faut prononcer é-nerver, é-numérer; mais lorsque le prépositif est en, il est nécessaire de conserver à cette syllabe la prononciation qu'elle aurait si elle était isolée. Enivrer, enorgueillir, ennoblir doivent en conséquence se prononcer en-ivrer, en-orgueillir, en-noblir.

† Voyez la note au bas de la page 9.

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Vaine, fem. of vain (adj.), vain.

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Si l'on ne met pas dans ces homonymes la différence qu'exige leur quantité respective, ce désordre dans la prononciation entraînera le désordre et la confusion des idées.-ESTARAC.

[Voyez les Remarques littéraires et grammaticales pour servir d'introduction à la lecture à haute voix, et à la déclamation, RÉPERTOIRE LITTÉRAIRE, page 42.]

DU GENRE DES NOMS.-Page 42.

532. C'est par imitation qu'on a étendu la distinction du masculin et du féminin aux noms d'objets inanimés. On a fait le soleil (SOL, m.) du genre masculin, la lune

*Exemple: Ces pièces sont sous la cote A ou la cote B, those papers are in the letter A or B.

(LUNA, f.) du genre féminin, etc. Nous avons déjà vu (44.) qu'il n'y a que l'usage qui puisse faire acquérir cette connaissance.

533. Quant aux noms d'êtres animés, nous ajouterons quelques développements indispensables:

1o Pour désigner le mâle et la femelle d'une même espèce, nous employons deux mots différents: Homme, femme.

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2o Pour désigner le mâle et la femelle, nous avons aussi un mot unique, variable seulement dans sa terminaison: Dieu, déesse.

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