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NARRATORY

AND

CONVERSATIONAL EXERCISES.

The following Exercises are translated at length in the APPENDICE, under the head Exercices recapitulés.

VÉRITABLE GRANDEUR.-Philippe de Valois disait que le plus grand trésor d'un roi doit être dans le cœur de ses sujets, et qu'il aimait mieux être le roi des Français que de la France.

RÉSULTAT.-On demandait à Aristippe la différence qui existe entre un homme instruit et un ignorant; il répondit: "Envoie-les tous deux vers des gens qui ne les connaissent pas et tu le sauras."

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FATALISME.-Zénon châtiait un esclave pour vol. “Le destin," dit cet homme, a voulu que je volasse." "Et que tu fusses puni aussi,” reprit Zénon.

RÉPONSE HARDIE.-Xercès voulant forcer le passage des Thermopyles, écrivit à Léonidas: "Rends-moi les armes." Ce héros lui répondit, "Viens les prendre."

LACONISME. Un général persan écrivit à Lysandre, chef des Lacédémoniens: "Si j'entre dans la Grèce, je mettrai tout à feu et à sang." Lysandre lui répondit seulement : "Si....

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PROVERBE.-Le proverbe suivant, emprunté aux Persans, semble extrêmement heureux: "Avec le temps et la patience, la feuille du mûrier devient satin."

ASSURANCE. César voulant rassurer son pilote que la tempête effrayait, lui cria: "Ne crains rien, tu portes César et sa fortune."

PRÉCAUTION.-Diogène demanda une somme assez forte à un dissipateur: "Quoi!" lui dit cet homme, "tu ne demandes aux autres qu'une obole!" "Cela est vrai," répondit Diogène, "mais je ne dois pas espérer que tu puisses me donner plusieurs fois."

BONNE AVENTURE.--Quelqu'un se faisait dire la bonne aventure par un astrologue. Après avoir à l'aide de paroles ambiguës dévoilé à cet homme les événements de sa vie passée, présente et future, le devin lui demanda la rétribution d'usage: "Comment!" lui dit le curieux, "vous qui prétendez connaître les choses occultes, est-ce que vous ignoriez que je n'avais pas le sou dans ma poche?”

FRATERNITÉ.-Un roi scythe, ayant appelé ses enfants, leur ordonna de rompre un faisceau de flèches: les jeunes gens, quoique nerveux, ne l'ayant pu, il le prit à son tour, et, l'ayant délié, il brisa du bout des doigts chaque flèche séparée: "Voilà," leur dit-il, "les effets de l'union: unis en faisceau, vous serez invincibles; pris séparément, vous serez brisés comme des roseaux."

RICHESSES. Avec la science et l'instruction on a sans cesse des ressources et des moyens de subsister; et voilà pourquoi un philosophe qui avait fait naufrage disait au milieu de ses compagnons, qui se désolaient de la perte de leurs fonds: "Pour moi, je porte tous mes fonds en moi."

AUGURE.-Jules César, ayant débarqué en Afrique, tomba au sortir du vaisseau, ce qui parut à ses soldats d'un fort mauvais présage; mais faisant tourner à son avantage la disposition de l'armée: "C'est maintenant," s'écria-t-il, "que je te tiens, ô Afrique!"

POETES.-Lorsque Louis XIV partit pour aller faire le siége de Mons, il ordonna à ses deux historiens, Racine et Despréaux, de le suivre. Aimant une vie plus tranquille, ils s'en dispensèrent. Le roi, à son retour, leur en fit des reproches. "Nous n'avions, sire," dirent ingénieusement ces deux poëtes, "que des habits de ville; nous en avions ordonné de campagne, mais les villes que votre majesté assiégeait ont été plus tôt prises que nos habits n'ont été faits."

ACTEUR.-Le célèbre acteur Talma fut un jour surpris à la chasse par un garde, qui lui demanda de quel droit il venait chasser en ce lieu. L'autre lui répondit avec fierté: "De quel droit, dites-vous ?

'Du droit qu'un esprit vaste et ferme en ses desseins,
A sur l'esprit grossier des vulgaires humains.""

Tout étourdi du ton imposant de la réponse, le garde se retira, en disant: "Excusez, monsieur, je ne savais pas cela."

ÉPÎTRE.- Voici une lettre qu'adressa un écolier à son père: "Mon cher papa, je vous écris aujourd'hui, lundi ; je donnerai ma lettre au messager, qui partira demain, mardi ; il arrivera

après-demain, mercredi; vous m'enverrez, je vous prie, de l'argent, jeudi; si je n'en reçois point vendredi, je pars samedi, pour être chez nous dimanche."

La pareille.—Voltaire et Piron avaient été passer quelque temps dans un château. Un jour Piron écrivit sur la porte de Voltaire, Coquin. Sitôt que Voltaire le vit, il se rendit chez Piron, qui lui dit: "Quel hasard me procure l'avantage de vous voir?" "Monsieur,” lui répondit Voltaire, “j'ai vu votre nom sur ma porte, et je viens vous rendre ma visite."

LE SAVANT.-On faisait au célèbre docteur Abou-Joseph, l'un des plus savants musulmans* de son siècle, une question extraordinaire et difficile. Il avoua ingénument son ignorance; et, sur cet aveu, on lui reprocha de recevoir de fort grosses sommes du trésor royal, sans cependant être capable de décider les points de droit sur lesquels on le consultait. "Ce n'est point une merveille," répondit-il; "je reçois du trésor à proportion de ce que je sais ; mais si je recevais à proportion de ce que j'ignore, toutes les richesses du califat ne suffiraient pas pour me payer.”

DÉSINTÉRESSEMENT. Un sage Arabe avait dissipé ses biens au service d'un calife; ce monarque, plongé dans les délices, lui dit ironiquement: "Connais-tu quelqu'un qui fasse profession d'un plus grand désintéressement que toi?” “Oui, seigneur." "Quel est-il ?" "Vous: je n'ai sacrifié que ma fortune, vous sacrifiez votre gloire.”

DILEMME.-Protagoras, rhéteur athénien, était convenu d'enseigner la rhétorique à Evalthe, moyennant une somme que celui-ci lui paierait s'il gagnait sa première cause. Evalthe, instruit de tous les préceptes de l'art, refusant de payer Protagoras, celui-ci le traduisit devant l'Aréopage, et dit aux juges: "Tout jugement est décisif pour moi; s'il m'est favorable, il porte la condamnation d'Evalthe; s'il m'est contraire, il faut qu'il me paye, puisqu'il gagne sa première cause." "J'avoue," répondit Evalthe, "qu'on prononcera pour ou contre moi; dans l'un ou l'autre cas je serai également acquitté: si les juges prononcent en ma faveur, vous êtes condamné; s'ils prononcent pour vous, perdant ma première cause, je ne vous dois rien, suivant notre convention." Les juges ne pouvant accorder les plaideurs, leur ordonnèrent de comparaître cent ans après.

* Musulman. Titre par lequel les mahometans se distinguent des autres hommes, et qui signifie dans leur langue, vrai fidèle, vrai croyant.

PRÉCISION.-On cite de Thalès plusieurs réponses qui peuvent donner une haute idée de sa philosophie, et montrer avec quelle précision les sages de ce siècle tâchaient de satisfaire aux questions qu'on leur proposait. "Qu'y a-t-il de plus beau?-L'univers, car il est l'ouvrage de Dieu." "De plus vaste?--L'espace, parce qu'il contient tout." "De plus fort? -La nécessité, parce qu'elle triomphe de tout." "De plus difficile?-De se connaître." "De plus facile? -De donner avis." "Que faut-il pour mener une vie irréprochable?. Ne pas faire ce qu'on blâme dans les autres." "Que faut-il pour être heureux ?-Un corps sain, une fortune aisée, un esprit éclairé," etc.

DÉESSES.-Thémistocle étant envoyé à l'île d'Andros pour exiger un tribut, convoqua l'assemblée et fit sa proposition; mais y trouvant des difficultés, il dit: " Andriens, je vous apporte deux déesses, la Persuasion et la Force; choisissez à présent celle qu'il vous plaira." Les Andriens répondirent sans hésiter: "Et nous aussi, Thémistocle, nous avons deux déesses, la Pauvreté et l'Impossibilité, prenez maintenant celle qui vous plaît le mieux.”

HARANGUE. Le respectable Malesherbes (ministre de Louis XVI), à la tête d'une cour souveraine, avait été chargé de haranguer le Dauphin* au berceau, et qui, loin de pouvoir entendre une parole, ne savait encore que crier et pleurer pour exprimer ses désirs et ses douleurs. Il se borna à lui dire: "Puisse, monseigneur, votre altesse royale, pour le bonheur de la France et le sien, se montrer toujours aussi insensible et sourde au langage de la flatterie, qu'elle l'est aujourd'hui au discours que j'ai l'honneur de prononcer devant elle.”

JOURNAUX.-Les journaux de Paris, soumis à la censure, en 1815, annoncèrent, dans les termes suivants, la sortie de Bonaparte de l'île d'Elbe, sa marche à travers la France, et son entrée dans la capitale:-"9 mars. L'anthropophage est sorti de son repaire.-10. L'ogre de Corse vient de débarquer au Cap-Juan.-11. Le tigre est arrivé à Gap.-12. Le monstre a couché à Grenoble.-13. Le tyran a traversé Lyon.-14. L'usurpateur se dirige vers Dijon, mais les braves et loyaux Bourguignons se sont levés en masse et le cernent de tous côtés.-18. Buonaparte est à soixante lieues de la capitale; il a eu l'adresse d'échapper des mains de ceux qui le poursui

* Dauphin. Ce mot, dérivé de Dauphiné, nom d'une province de France, est le titre que prenait autrefois le fils aîné du roi de France.

† Elle refers to altesse.

vaient.-19. Bonaparte s'avance à grands pas, mais il n'entrera jamais dans Paris.-20. Napoléon sera demain sous nos remparts.-21. L'empereur est à Fontainebleau.-22. Sa Majesté impériale et royale a fait hier au soir son entrée à son château des Tuileries, au milieu des transports d'allégresse d'un peuple adorateur et fidèle."

GRANDEUR.-Tous les Français conservent dans leur mémoire le discours que Henri IV prononça au commencement de son règne, dans une assemblée des notables convoquée à Rouen. Voici ce discours éternellement mémorable:

"Déjà par la faveur du ciel, par les conseils de mes bons serviteurs, et par l'épée de ma brave noblesse, j'ai tiré cet état de la servitude et de la ruine qui le menaçaient. Je veux lui rendre sa force et sa splendeur. Participez à cette seconde gloire, comme vous avez partagé la première. Je ne vous ai point appelés, comme faisaient mes prédécesseurs, pour vous obliger d'approuver aveuglément mes volontés, mais pour recevoir vos conseils, pour les croire, pour les suivre, pour me mettre en tutelle entre vos mains. C'est une envie qui ne prend guère aux rois, aux victorieux, et aux barbes grises; mais l'amour que je porte à mes sujets me rend tout possible et tout honorable."

CHARITÉ. Les boulangers de Lyon vinrent demander à M. Dugas, prévôt des marchands de cette ville, la permission de renchérir leur pain. Lorsqu'ils lui eurent expliqué leurs raisons, ils laissèrent sur la table une bourse de deux cents louis, ne doutant point que cette somme ne plaidât efficacement leur cause. Quelques jours après, ils se présentèrent pour avoir sa réponse. "Messieurs," leur dit le magistrat, "j'ai pesé vos raisons dans la balance de la justice, et je ne les ai pas trouvées de poids. Je n'ai pas jugé qu il fallût, par une cherté mal fondée, faire souffrir le peuple; au reste, j'ai distribué votre argent aux hôpitaux de cette ville, persuadé que vous n'aviez pas voulu en faire un autre usage. Il m'a paru aussi que, puisque vous êtes en état de faire de telles aumônes, vous ne perdez pas, comme vous le dites, dans votre métier."

L'ENFANT GÂTÉ.-Une dame voyant son enfant chéri pleurer et trépigner près d'un domestique qui avait l'air de lui rire au nez: "Champagne," dit-elle, "pourquoi faire ainsi crier mon fils? donnez-lui ce qu'il demande.". "Madame, il crierait jusqu'à demain qu'il ne l'aurait pas davantage.""Comment! qu'est-ce que cela veut dire ? vous êtes un im

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