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UNE JEUNE FILLE.

Et nous, sœurs des héros, nous qui de l'hyménée
Ignorons les aimables nœuds,

Si, pour s'unir un jour à notre destinée,
Les citoyens forment des vœux,

Qu'ils reviennent dans nos murailles,
Beaux de gloire et de liberté,

Et que leur sang dans les batailles
Ait coulé pour l'égalité.

Chœur des jeunes filles-La république, etc.

TROIS GUERRIERS.

Sur le fer, devant Dieu, nous jurons à nos pères,
A nos épouses, à nos sœurs,

A nos représentants, à nos fils, à nos mères,
D'anéantir les oppresseurs:

En tous lieux, dans la nuit profonde
Plongeant l'infâme royauté,

Les Français donneront au monde
Et la paix et la liberté !

Chœur général—La république, etc.

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Depuis ce jour me promène
De la forêt à la plaine,
De la montagne au vallon.
Je vais où le vent me mène,
Sans me plaindre ou m'effrayer;
Je vais où va toute chose,
Où va la feuille de rose

Et la feuille de laurier!

CHATEAUBRIAND

LE MONTAGNARD EXILÉ

COMBIEN j'ai douce souvenance

Du joli lieu de ma naissance!

Ma sœur, qu'ils étaient beaux les jours
De France!

O mon pays, sois mes amours
Toujours!

Te souvient-il que notre mère
Au foyer de notre chaumière

Nous pressait sur son cœur joyeux,
Ma chère !

Et nous baisions ses blancs cheveux
Tous deux.

Ma sœur, te souvient-il encore
Du château que baignait la Dore?

Et de cette tant vieille tour

Du Maure,

Où l'airain sonnait le retour

Du jour ?

Te souvient-il du lac tranquille
Qu'effleurait l'hirondelle agile;
Du vent qui courbait le roseau
Mobile,

Et du soleil couchant sur l'eau
Si beau ?

Oh! qui me rendra mon Hélène
Et ma montagne et le grand chêne!
Leur souvenir fait tous les jours
Ma peine:

Mon pays sera mes amours

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Déjà l'hiver de l'âge
Accourt;

Profitons d'un passage
Si court;

L'avenir peut-il être
Certain ?

Nous finirons peut-être
Demain.

CHARLES NODIER

LA JEUNE FILLE

LLE était bien jolie, au matin, sans atours,

ELLE

De son jardin naissant visitant les merveilles,
Dans leur nid d'ambroisie épiant ses abeilles,
Et du parterre en fleurs suivant les longs détours.

Elle était bien jolie, au bal de la soirée,
Quand l'éclat des flambeaux illuminait son front,
Et
que de bleus saphirs ou de roses parée

De la danse folâtre elle menait le rond.

Elle était bien jolie, à l'abri de son voile

Qu'elle livrait, flottant, au souffle de la nuit,

Quand pour la voir de loin, nous étions là sans bruit, Heureux de la connaître au reflet d'une étoile.

Elle était bien jolie; et de pensers touchants,
D'un espoir vague et doux chaque jour embellie,
L'amour lui manquait seul pour être plus jolie !...
Paix!... voilà son convoi qui passe dans les champs !...

LE BUISSON

'IL est un buisson quelque part

S'IL

Bordé de blancs fraisiers ou de noires prunelles, Ou de l'œil de la Vierge aux riantes prunelles, Dans le creux des fossés, à l'abri d'un rempart !...

Ah! si son ombre printanière

Couvrait avec amour la pente d'un ruisseau,
D'un ruisseau qui bondit sans souci de son eau,
Et qui va réjouir l'espoir de la meunière !...

Si la liane aux blancs cornets

Y roulait en nœuds verts sur la branche embellie!
S'il protégeait au loin le muguet, l'ancolie,
Dont les filles des champs couronnent leurs bonnets!

Si ce buisson, nid de l'abeille,

Attirait quelque jour une vierge aux yeux doux,
Qui viendrait en dansant, et sans penser à nous,

De boutons demi-clos enrichir sa corbeille !...

S'il était aimé des oiseaux;

S'il voyait sautiller la mésange hardie;
S'il surveillait parfois la linotte étourdie,
Échappée en boitant au piège des réseaux !

S'il souriait, depuis l'aurore,

A l'abord inconstant d'un léger papillon,
Tout bigarré d'azur, d'or et de vermillon,
Qui va, vole et revient, vole et revient encore !

Si dans la brûlante saison,

D'une nuit sans lumière éclaircissant les voiles,
Les vers luisants venaient y semer leurs étoiles,
Qui de rayons d'argent blanchissent le gazon!........

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