Je ne vois plus rien, Je perds la mémoire Du mal et du bien. . . O la triste histoire !
Je suis un berceau Qu'une main balance Au creux d'un caveau: Silence, silence!
Le ciel est, par-dessus le toit, Si bleu, si calme! Un arbre, par-dessus le toit, Berce sa palme.
La cloche, dans le ciel qu'on voit, Doucement tinte.
Un oiseau sur l'arbre qu'on voit Chante sa plainte.
Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là, Simple et tranquille.
Cette paisible rumeur-là
Vient de la ville.
- Qu'as-tu fait, ô toi que voilà
Pleurant sans cesse,
Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà, De ta jeunesse ?
Je ne sais pourquoi
Mon esprit amer
D'une aile inquiète et folle vole sur la mer.
Tout ce qui m'est cher,
D'une aile d'effroi
Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi, pourquoi ?
Mouette à l'essor mélancolique, Elle suit la vague, ma pensée, A tous les vents du ciel balancée Et biaisant quand la marée oblique, Muette à l'essor mélancolique,
Ivre de soleil
Et de liberté,
Un instinct la guide à travers cette immensité. La brise d'été
Doucement la porte en un tiède demi-sommeil. Parfois si tristement elle crie
Qu'elle alarme au lointain le pilote, Puis au gré du vent se livre et flotte Et plonge, et l'aile toute meurtrie Revole, et puis si tristement crie !
Je ne sais pourquoi
Mon esprit amer
D'une aile inquiète et folle vole sur la mer.
Tout ce qui m'est cher,
D'une aile d'effroi,
Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi, pourquoi ?
Vous voilà, vous voilà, pauvres bonnes pensées ! L'espoir qu'il faut, regret des grâces dépensées, Douceur de cœur avec sévérité d'esprit,
Et cette vigilance, et le calme prescrit,
Et toutes ! Mais encor lentes, bien éveillées, Bien d'aplomb, mais encor timides, débrouillées A peine du lourd rêve et de la tiède nuit. C'est à qui de vous va plus gauche, l'une suit L'autre, et toutes ont peur du vaste clair de lune.
"Telles, quand des brebis sortent d'un clos. C'est une, Puis deux, puis trois. Le reste est là, les yeux baissés, La tête à terre, et l'air des plus embarrassés,
Faisant ce que fait leur chef de file: il s'arrête,
Elles s'arrêtent tour à tour, posant leur tête
Sur son dos simplement et sans savoir pourquoi." Votre pasteur, ô mes brebis, ce n'est pas moi, C'est un meilleur, un bien meilleur, qui sait les causes, Lui qui vous tint longtemps et si longtemps là closes Mais qui vous délivra de sa main au temps vrai.
Sous sa voix toujours douce à votre ennui qui bêle, Je serai, moi, par vos chemins, son chien fidèle.
DE la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l'Impair
Plus vague et plus soluble dans l'air, Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.
Il faut aussi que tu n'ailles point Choisir tes mots sans quelque méprise: Rien de plus cher que la chanson grise Où l'Indécis au Précis se joint.
C'est des beaux yeux derrière des voiles, C'est le grand jour tremblant de midi, C'est par un ciel d'automne attiédi, Le bleu fouillis des claires étoiles !
Car nous voulons la Nuance encor, Pas la Couleur, rien que la nuance! Oh! la nuance seule fiance
Le rêve au rêve et la flûte au cor!
Fuis du plus loin la Pointe assassine, L'Esprit cruel et le Rire impur, Qui font pleurer les yeux de l'Azur, Et tout cet ail de basse cuisine! Prends l'éloquence et tords-lui son cou! Tu feras bien, en train d'énergie, De rendre un peu la Rime assagie, Si l'on n'y veille, elle ira jusqu'où ? Oh! qui dira les torts de la Rime? Quel enfant sourd ou quel nègre fou Nous a forgé ce bijou d'un sou Qui sonne creux et faux sous la lime? De la musique encore et toujours! Que ton vers soit la chose envolée Qu'on sent qui fuit d'une âme en allée Vers d'autres cieux à d'autres amours.
Que ton vers soit la bonne aventure Eparse au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe et le thym . . . Et tout le reste est littérature.
E vois un groupe sur la mer.
Quelle mer? Celle de mes larmes.
Mes yeux mouillés du vent amer Dans cette nuit d'ombre et d'alarmes Sont deux étoiles sur la mer.
C'est une toute jeune femme Et son enfant déjà tout grand Dans une barque où nul ne rame, Sans mât ni voile, en plein courant... Un jeune garçon, une femme !
En plein courant dans l'ouragan ! L'enfant se cramponne à sa mère Qui ne sait plus où, non plus qu'en ... Ni plus rien, et qui, folle, espère En le courant, en l'ouragan.
Espérez en Dieu, pauvre folle, Crois en notre Père, petit. La tempête qui vous désole, Mon cœur de là-haut vous prédit Qu'elle va cesser, petit, folle!
Et paix au groupe sur la mer, Sur cette mer de bonnes larmes ! Mes yeux joyeux dans le ciel clair, Par cette nuit sans plus d'alarmes, Sont deux bons anges sur la mer.
SOYEZ béni, Seigneur, qui m'avez fait chrétien
Dans ces temps de féroce ignorance et de haine; Mais donnez-moi la force et l'audace sereine De vous être à toujours fidèle comme un chien.
De vous être l'agneau destiné qui suit bien Sa mère et ne sait faire au pâtre aucune peine, Sentant qu'il doit sa vie encore, après sa laine, Au maître, quand il veut utiliser ce bien,
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