QUAND ROMANCE UAND vous me montrez une rose Quand vous me montrez une étoile, Quand vous me montrez l'hirondelle LIED ROUGISSANTE et tête baissée, Je la vois me sourire encor. Pour garder ce qui me vient d'elle, J'ai sur le cœur un poids énorme; – Pour que je me repose et dorme, Qu'on me fasse un cercueil de plomb! DANS ÉTOILES FILANTES ANS les nuits d'automne, errant par la ville, Car si, dans le temps qu'une étoile file, Enfant, mes souhaits sont toujours les mêmes: A cette chimère, hélas ! je veux croire, Mais voici l'hiver, la nuit devient noire, A UN ÉLÉGIAQUE [EUNE homme, qui me viens lire tes plaintes vaines, JEU Garde-toi bien d'un mal dont je me suis guéri. Jadis j'ai, comme toi, du plus pur de mes veines Du courage! La plainte est ridicule et lâche. On fut cruel pour toi. Sois indulgent et juste. Quand même, dans ton sein, les chagrins, noirs reptiles, Se tordraient, cache bien au public désœuvré Que tu gardes en toi des trésors inutiles Comme des lingots d'or sur un vaisseau sombré. Sois impassible ainsi qu'un soldat sous les armes; JOSÉ-MARIA DE HEREDIA ANTOINE ET CLÉOPÂTRE 1. LE CYDNUS. SOUS l'azur triomphal, au soleil qui flamboie, La trirème d'argent blanchit le fleuve noir, Et son sillage y laisse un parfum d'encensoir A la proue éclatante où l'épervier s'éploie, Hors de son dais royal se penchant pour mieux voir, Cléopâtre, debout dans la splendeur du soir, Semble un grand oiseau d'or qui guette au loin sa proie. Voici Tarse où l'attend le guerrier désarmé; Et la brune Lagide ouvre dans l'air charmé Ses bras d'ambre où la pourpre a mis des reflets roses; Et ses yeux n'ont pas vu, présages de son sort, II. SOIR DE BATAILLE. Le choc avait été très rude. Les tribuns Et les centurions, ralliant les cohortes, Humaient encor, dans l'air où vibraient leurs voix fortes, La chaleur du carnage et ses âcres parfums. D'un œil morne, comptant leurs compagnons défunts, Les soldats regardaient, comme des feuilles mortes, Tourbillonner au loin les archers de Phraortes; Et la sueur coulait de leurs visages bruns. C'est alors qu'apparut, tout hérissé de flèches, Au fracas des buccins qui sonnaient leur fanfare, III.-ANTOINE ET CLÉOPÂTRE. Tous deux, ils regardaient, de la haute terrasse, Et le Fleuve, à travers le Delta noir qu'il fend, Et le Romain sentait sous la lourde cuirasse, Tournant sa tête pâle entre ses cheveux bruns, Et, sur elle courbé, l'ardent Imperator Vit dans ses larges yeux étoilés de points d'or COMME LES CONQUÉRANTS un vol de gerfauts hors du charnier natal, Fatigués de porter leurs misères hautaines, De Palos de Moguer, routiers et capitaines Partaient, ivres d'un rêve héroïque et brutal. Ils allaient conquérir le fabuleux métal Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines, Et les vents alizés inclinaient leurs antennes Aux bords mystérieux du monde occidental. Chaque soir, espérant des lendemains épiques, L'azur phosphorescent de la mer des Tropiques Enchantait leur sommeil d'un mirage doré; Ou, penchés à l'avant des blanches caravelles, Ils regardaient monter en un ciel ignoré Du fond de l'Océan des étoiles nouvelles. PAUL VERLAINE COLLOQUE SENTIMENTAL ANS le vieux parc solitaire et glacé, DANS Deux formes ont tout à l'heure passé.. Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles, Dans le vieux parc solitaire et glacé, |