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De murmurer contre elle et perdre patience
Il est mal à propos;

Vouloir ce que Dieu veut est la seule science
Qui nous met en repos.

CHANSON

LS s'en vont, ces rois de ma vie,
Ces yeux, ces beaux yeux

Dont l'éclat fait pâlir d'envie

Ceux même des cieux.

Dieux amis de l'innocence,

Qu'ai-je fait pour mériter

Les ennuis où cette absence
Me va précipiter?

Elle s'en va, cette merveille
Pour qui nuit et jour,

Quoi que la raison me conseille,
Je brûle d'amour.

Dieux amis, etc.

En quel effroi de solitude

Assez écarté

Mettrai-je mon inquiétude

En sa liberté ?

Dieux amis, etc.

Les affligés ont en leurs peines

Recours à pleurer ;

Mais quand mes yeux seraient fontaines,

Que puis-je espérer ?

Dieux amis, etc.

PARAPHRASE DU PSAUME CXLV

N'ESPÉRONS plus, mon âme, aux promesses du

monde :

Sa lumière est un verre, et sa faveur une onde
Que toujours quelque vent empêche de calmer.
Quittons ces vanités, lassons-nous de les suivre ;
C'est Dieu qui nous fait vivre,

C'est Dieu qu'il faut aimer.

En vain, pour satisfaire à nos lâches envies,
Nous passons près des rois tout le temps de nos vies
A souffrir des mépris et ployer les genoux.

Ce qu'ils peuvent n'est rien; ils sont comme nous som

mes,

Véritablement hommes,

Et meurent comme nous.

Ont-ils rendu l'esprit, ce n'est plus que poussière

Que cette majesté si pompeuse et si fière

Dont l'éclat orgueilleux étonne l'univers ;

Et dans ces grands tombeaux où leurs âmes hautaines,
Font encore les vaines,

Ils sont mangés des vers.

Là se perdent ces noms de maîtres de la terre,
D'arbitres de la paix, de foudres de la guerre ;

Comme ils n'ont plus de sceptre, ils n'ont plus de flat

teurs,

Et tombent avec eux d'une chute commune

Tous ceux que leur fortune

Faisait leurs serviteurs.

DIEU

RACINE

CHCEUR D'ESTHER

TOUT LE CHŒUR

IEU fait triompher l'innocence;
Chantons, célébrons sa puissance.

UNE ISRAÉLITE

Il a vu contre nous les méchants s'assembler,
Et notre sang prêt à couler ;

Comme l'eau sur la terre ils allaient le répandre :
Du haut du ciel sa voix s'est fait entendre,
L'homme superbe est renversé,

Ses propres flèches l'ont percé.

UNE AUTRE

J'ai vu l'impie adoré sur la terre;
Pareil au cèdre il cachait dans les cieux
Son front audacieux;

Il semblait à son gré gouverner le tonnerre,
Foulait aux pieds ses ennemis vaincus:
Je n'ai fait que passer, il n'était déjà plus.

UNE AUTRE

Que le Seigneur est bon ! que son joug est aimable! Heureux qui dès l'enfance en connaît la douceur' Jeune peuple, courez à ce maître adorable;

Les biens les plus charmants n'ont rien de comparable Aux torrents de plaisirs qu'il répand dans un cœur. Que le Seigneur est bon ! que son joug est aimable! Heureux qui dès l'enfance en connaît la douceur !

UNE AUTRE

Il s'apaise, il pardonne;

Du cœur ingrat qui l'abandonne

Il attend le retour;

Il excuse notre faiblesse ;

A nous chercher même il s'empresse :
Pour l'enfant qu'elle a mis au jour

Une mère a moins de tendresse.

Ah! qui peut avec lui partager notre amour!

TROIS ISRAELITES

Il nous fait remporter une illustre victoire.

L'UNE DES TROIS

Il nous a révélé sa gloire.

TOUTES TROIS ENSEMBLE

Ah! qui peut avec lui partager notre amour!

TOUT LE CHEUR

Que son nom soit béni; que son nom soit chanté ;
Que l'on célèbre ses ouvrages
Au delà des temps et des âges,
Au delà de l'éternité.

JEAN-BAPTISTE ROUSSEAU

ODE A LA FORTUNE

FORTUNE dont la main couronne

Les forfaits les plus inouïs,
Du faux éclat qui t'environne
Serons-nous toujours éblouis?
Jusques à quand, trompeuse idole,

D'un culte honteux et frivole

Honorerons-nous tes autels?
Verra-t-on toujours tes caprices
Consacrés par les sacrifices
Et par l'hommage des mortels?

Apprends que la seule sagesse
Peut faire les héros parfaits;
Qu'elle voit toute la bassesse
De ceux que ta faveur a faits;
Qu'elle n'adopte point la gloire
Qui naît d'une injuste victoire
Que le sort remporte pour eux;
Et que, devant ses yeux stoïques,
Leurs vertus les plus héroïques
Ne sont que des crimes heureux.

Quoi! Rome et l'Italie en cendre
Me feront honorer Sylla?
J'admirerai dans Alexandre
Ce que j'abhorre en Attila?
J'appellerai vertu guerrière
Une vaillance meurtrière

Qui dans mon sang trempe ses mains;
Et je pourrai forcer ma bouche

A louer un héros farouche,

Né pour le malheur des humains?

Quels traits me présentent vos fastes,
Impitoyables conquérants!

Des vœux outrés, des projets vastes,
Des rois vaincus par des tyrans ;
Des murs que la flamme ravage,
Des vainqueurs fumants de carnage,
Un peuple au fer abandonné ;
Des mères pâles et sanglantes,

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