Pour le connaître en sa rigueur Afin de le comprendre mieux, Ainsi que mon père l'a fait, A lui le travail, le danger, Son épargne est le fonds commun Il voit, au prix de ses efforts, C'est lui qui, dans chaque saison, ETÉ Il travaille, enfin, nuit et jour : Du poste où le bon Dieu l'a mis Il y mourra, s'il faut qu'il meure! Quand le berger manque au troupeau, Le bon chien meurt après son maître. Ainsi, quand Dieu me reprendra, Et qui te revient sans partage. Nos chers petits seront heureux, MME. L. ACKERMANN L'HOMME par le hasard sur un vieux globe infime, A l'abandon, perdu comme en un océan, Je surnage un moment et flotte à fleur d'abîme, Épave du néant. Et pourtant, c'est à moi, quand sur des mers sans rives L'Inconscience encor sur la nature entière Secouant ma torpeur et tout étonné d'être, Bien que la chair impure encor m’assujettisse, Seul je m'enquiers des fins et je remonte aux causes. A mes yeux l'univers n'est qu'un spectacle vain. Dussé-je m'abuser, au mirage des choses Je prête un sens divin. Je défie à mon gré la mort et la souffrance. Pour combler le néant, ce gouffre vide et mcrne, Je veux de l'éternel, moi qui suis l'éphémère. Je puis avec orgueil, au sein des nuits profondes, LECONTE DE LISLE LES MONTREURS TEL qu'un morne animal, meurtri, plein de poussière, La chaîne au cou, hurlant au chaud soleil d'été, Promène qui voudra son cœur ensanglanté Sur ton pavé cynique, ô plèbe carnassière ! Pour mettre un feu stérile en ton œil hébété, Dans mon orgueil muet, dans ma tombe sans gloire, Dussé-je m'engloutir pour l'éternité noire, Je ne te vendrai pas mon ivresse ou mon mal, Je ne livrerai pas ma vie à tes huées, Je ne danserai pas sur ton tréteau banal MIDI MIDI, roi des étés, épandu sur la plaine, Tombe en nappes d'argent des hauteurs du ciel bleu. Tout se tait. L'air flamboie et brûle sans haleine; L'étendue est immense, et les champs n'ont pas d'ombre Et la source est tarie où buvaient les troupeaux; La lointaine forêt, dont la lisière est sombre, Dort là-bas, immobile, en un pesant repos. Seuls, les grands blés mûris, tels qu'une mer dorée, Pacifiques enfants de la terre sacrée, Ils épuisent sans peur la coupe du soleil. Parfois, comme un soupire de leur âme brûlante, S'éveille, et va mourir à l'horizon poudreux. Non loin, quelques bœufs blancs, couchés parmi les herbes, Bavent avec lenteur sur leurs fanons épais, Et suivent de leurs yeux languissants et superbes Le songe intérieur qu'ils n'achèvent jamais. Homme, si, le cœur plein de joie ou d'amertume, Mais si, désabusé des larmes et du rire, Tu veux, ne sachant plus pardonner ou maudire, Viens! Le soleil te parle en paroles sublimes; |