AUGUSTE BARBIER L'IDOLE CORSE à cheveux plats! que ta France était belle Au grand soleil de messidor! C'était une cavale indomptable et rebelle, Sans freins d'acier ni rênes d'or ; Une jument sauvage à la croupe rustique, Mais fière, et d'un pied fort heurtant le sol antique, Jamais aucune main n'avait passé sur elle Jamais ses larges flancs n'avaient porté la selle Tout son poil était vierge, et, belle vagabonde, Tu parus, et sitôt que tu vis son allure, Centaure impétueux, tu pris sa chevelure, Alors, comme elle aimait les rumeurs de la guerre, Pour champ de course, alors, tu lui donnas la terre Alors, plus de repos, plus de nuits, plus de sommes; Toujours comme du sable écraser des corps d'hommes, Toujours du sang jusqu'au poitrail; Quinze ans son dur sabot, dans sa course rapide, Quinze ans elle passa, fumante, à toute bride, Enfin, lasse d'aller sans finir sa carrière, De pétrir l'univers, et comme une poussière Les jarrets épuisés, haletante et sans force, Elle demanda grâce à son cavalier corse; Tu la pressas plus fort de ta cuisse nerveuse; Tu retournas le mors dans sa bouche baveuse, Elle se releva: mais un jour de bataille, MME. D'AGOULT L'ADIEU NON, tu n'entendras pas, de ta lèvre trop fière, Dans l'adieu déchirant un reproche, un regret,, Tu croiras qu'elle aussi, d'un vain bruit enivrée, Et tu ne sauras pas qu'implacable et fidèle, MON ARVERS UN SECRET ON âme a son secret, ma vie a son mystère : Et j'aurai jusqu'au bout fait mon temps sur la terre, Pour elle, quoique Dieu l'ait faite douce et tendre, A l'austère devoir pieusement fidèle, Elle dira, lisant ces vers tout remplis d'elle : "Quelle est donc cette femme?" et ne comprendra pas. GÉRARD DE NERVAL FANTASIE L est un air pour qui je donnerais IL Tout Rossini, tout Mozart, tout Weber, Un air très vieux, languissant et funèbre, Qui pour moi seul a des charmes secrets. Or, chaque fois que je viens à l'entendre, De deux cents ans mon âme rajeunit; C'est sous Louis treize . . . et je crois voir s'étendre Un coteau vert que le couchant jaunit. Puis un château de brique à coins de pierres, Blonde, aux yeux noirs, en ses habits anciens VERS DORÉS HOMME, libre penseur ! te crois-tu seul pensant Dans ce monde où la vie éclate en toute chose? Des forces que tu tiens ta liberté dispose, Souvent, dans l'être obscur habite un Dieu caché ; ΑΜ HÉGÉSIPPE MOREAU LA FERMIÈRE MOUR à la fermière ! elle est C'est l'oiseau des bois qui se plaît Loin du bruit dans la mousse. Vieux vagabond qui tends la main, Puissiez-vous trouver en chemin La ferme et la fermière! De l'escabeau vide au foyer, Et le grand bahut de noyer Pour lui n'est point avare; C'est là qu'un jour je vins m'asseoir, Un jour . . . puis en marche! et bonsoir, Mon seul beau jour a dû finır, Mais pour moi ce doux souvenir En fermant les yeux, je revois Si Dieu, comme notre curé Paie un bienfait (même égaré), Ah! qu'il songe à ma dette! Et garde des vents et des pleurs Chaque hiver, qu'un groupe d'enfants Comme les anges aux fils blancs De la Vierge Marie; |