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dérables, & dans les habitudes naturelles d'un animal, & dans fes propriétés tant intérieures qu'extérieures.

I.

L'ENGOUL EVENT
DE LA CAROLINE. (g)

SI, comme il y a toute apparence, l'Europe doit les engoulevents à l'Amérique, c'est ici l'efpèce qui a franchi le paffage du nord pour venir établir une colonie dans l'ancien continent. Je le juge ainfi, parce que cette espèce habitant l'Amérique feptentrionale, s'eft trouvée plus à portée des contrées encore plus septentrionales, d'où le paffage en Europe étoit facile, & que d'ailleurs elle reffemble fort à la nôtre, & pour la taille & pour les couleurs; entre autres marques communes, elle a la mâchoire inférieure bordée de blanc, & une tache de

(g) The goat-fucker of Carolina. Les Anglois de l'Amérique feptentrionale le nomment eaft-india-bat (chauve-fouris des Indes orientales). Catcfby, Caroline, tom. I, pl. VIII.

Hirundo major; fubfufca mifcella: maculâ albâ sphæricâ in utrâque alâ; en Anglois, rain-bird. Browne, Jamaïque, pag. 467.

Caprimulgus fupernè grifeo & nigricante tranfverfim & undatim varius, infernè grifeo-rufefcens, lineolis longitudinalibus, nigricantibus variegatus; remigibus exteriùs maculis flavicantibus, tribus primoribus interiùs albâ maculâ notatis..... Tette-chèvre de la Caroline. Briffon, tome II, page 475.

Succhia-capre o nottolla della Carolina. Ornitol. Ital. tom. I, pag. 92, Sp. 3.

même couleur fur le bord de l'aile : fon principal trait de diffemblance, c'eft qu'au lieu d'être variée fous le corps par de petites lignes transversales, elle l'est par de petites lignes longitudinales, & qu'elle a le bec plus long ; mais une fi grande différence de climat n'auroit-elle pas pu produire des différences encore plus confidérables dans la forme & le plumage de cet oiseau?

:

Voici ce que Catesby nous apprend de ses habitudes naturelles il fe montre le foir, mais jamais plus fréquemment que lorsque le temps eft couvert, & de-là fans doute fon nom d'oifeau de pluie, qui lui eft commun avec plusieurs autres oiseaux; il poursuit, la gueule béante, les infectes ailés dont il fait fa pâture, & fon vol est accompagné de bourdonnement; enfin, il pond à terre des œufs femblables à ceux de vanneaux. On voit que chaque trait de cette petite hiftoire, eft un trait de conformité avec l'histoire de notre espèce européenne.

Longueur totale, onze pouces un quart; bec, dixneuf lignes, environné de moustaches noires; tarse, huit lignes; ongle du milieu dentelé à l'intérieur; les trois doigts antérieurs liés par une membrane qui ne passe pas la première articulation; queue, quatre pouces, dépasse les ailes de feize lignes.

I I.

LE WHIP-POUR-WILL. (h)

JE conferve le nom que les Virginiens ont donné à cette efpèce, parce qu'ils le lui ont donné d'après fon cri, & que par cela feul il doit être adopté dans toutes les langues.

Ces oifeaux arrivent en Virginie vers le milieu d'avril, fur-tout dans la partie occidentale & dans les endroits montagneux; c'est-là qu'on les entend chanter ou plutôt crier pendant la nuit d'une voix si aiguë & si perçante, tellement répétée & multipliée par les échos des montagnes, qu'il eft difficile de dormir dans les environs. Ils commencent peu de minutes après le coucher du soleil, & continuent jufqu'au point du jour; ils defcendent

(h) Caprimulgus minor Americanus; en Anglois, whip - poor - will. Catefby, Caroline, append. pl. XVI.

-Edwards, pl. LXIII; en Anglois, leffer goat-fucker.

Succhia-capre o nottolla di Virginia. Ornitol. Ital. tom. I, pag. 92, Sp. 2.

Caprimulgus fupernè obfcurè fufcus, fufco-rufefcente tranfverfim & fparfim varius, cinereo admixto, infernè albo- aurantius, nigricante tranfverfim Ariatus; remigibus quinque primoribus taniâ tranfverfâ albâ; rectricibus duabus utrimque extimis maculâ albâ notatis... Tette-chèvre de Virginie. Briffon, tome 11, page 477.

M. Linnæus en fait une variété dans l'efpèce Européenne. Syft. Nat. ed. XIII, pag. 346, Gen. 118; mais il en diffère par la longueur de fes ailes.

rarement fur les côtes, plus rarement encore ils paroiffent pendant le jour; leur ponte eft de deux œufs d'un vertobscur, varié de petites taches & de petits traits noirâtres; la femelle les dépofe négligemment au milieu d'un fentier battu, fans conftruire aucun nid, fans mettre ensemble deux brins de mousse ou de paille, & même sans même fans gratter la terre; lorfque ces oifeaux couvent, on peut les approcher d'affez près avant qu'ils s'envolent.

Plufieurs les regardent comme des oiseaux de mauvais augure. Les Sauvages de la Virginie font perfuadés que les ames de leurs ancêtres, maffacrés autrefois par les Anglois, ont paffé dans le corps de ces oiseaux, & pour preuve, ils ajoutent qu'avant cette époque on ne les avoit jamais vus dans le pays; mais cela prouve feulement que de nouveaux habitans apportent de nouvelles cultures, & que de nouvelles cultures attirent des espèces nouvelles.

Ces oiseaux ont le deffus de la tête & de tout le corps, jufques & compris les couvertures fupérieures & les pennes de la queue, & même les pennes moyennes des ailes d'un brun-foncé, rayé tranfverfalement de brun plus clair, & parfemé de petites taches de cette même. couleur, avec un mélangé de cendré fort irrégulier; les couvertures fupérieures des ailes de même, femées de quelques taches d'un brun-clair; les grandes pennes des ailes noires, les cinq premières marquées d'une tache blanche vers le milieu de leur longueur, & les deux

paires extérieures de la queue marquées de même vers le bout; le tour des yeux d'un brun-clair tirant au cendré; une fuite de taches orangées qui prend à la base du bec, paffe au-deffus des yeux & descend fur les côtés du cou; la gorge couverte d'un large croiffant renversé, blanc dans le haut, teint d'orangé dans le bas, & dont les cornes fe dirigent de chaque côté vers les oreilles; tout le refte de la partie inférieure blanc, teinté d'orangé, rayé transversalement de noirâtre; le bec noir & les pieds couleur de chair. Cet engoulevent eft d'un tiers plus petit que le nôtre, & a les ailes plus longues à proportion.

Longueur totale, huit pouces; bec, neuf lignes & demie, fa bafe entourée de mouftaches noires; tarse, cinq lignes; l'ongle du doigt du milieu dentelé fur son bord intérieur; queue, trois pouces un quart, ne dépafse point les ailes.

I I I.

LE GUIRA-QUEREA. (i) QUOIQUE M. Briffon n'ait fait aucune diflinction entre le guira décrit par M. Sloane, & celui décrit par Marcgrave,

(i) Guira-querea Brafilienfibus. Marcgrave, Hift. av. lib. V, cap. VII, pag. 202.

owle.

Pifon, Hift. Nat. pag. 94.

Sloane, Jamaïca, lib. VI, part. II, cap. 1; en Anglois, a wood

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