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le bout; les narines rondes, leur bord faillant fur le bec; le crâne transparent; l'ongle du doigt du milieu dentelé du côté intérieur, comme dans le héron; enfin les trois doigts antérieurs unis par une membrane jusqu'à la première phalange: on prétend que la chair des jeunes est un affez bon manger, quoiqu'elle ait un arrière-goût de fourmi.

Longueur totale, dix pouces & demi; bec, quatorze lignes; tarse, sept lignes, garni de plumes presque jusqu'au bas; doigt du milieu, neuf lignes; doigt postérieur le plus court de tous, ne devroit point s'appeler postérieur, vu qu'il a beaucoup de disposition à se tourner en avant, & que fouvent il y eft tourné tout-à-fait; vol, vingt-un pouces & demi; queue, cinq pouces, carrée, composée de dix pennes feulement; dépaffe les ailes de quinze lignes.

OISEAUX ÉTRANGERS

Qui ont rapport à l'ENGOULEVENt. COMME il n'y a qu'une seule espèce de ce genre établie

'dans les trois parties de l'ancien continent, & qu'il s'en trouve dix ou douze établies dans le nouveau, on pourroit dire, avec quelque fondement, que l'Amérique est la principale réfidence de ces oifeaux, le vrai lieu de leur origine, & par conféquent regarder notre race européenne comme une race étrangère, féparée de fa tige, exilée, tranfportée par quelque cas fortuit dans un autre Univers, où elle a fondé une colonie qui fembleroit devoir être toujours fubordonnée à la race mère, & ne devoir jamais lui difputer le pas dans aucun genre. D'après cela on pourroit inférer que nous aurions dû commencer l'histoire de cette famille par les races américaines qui représentent ici la métropole; & nous aurions en effet fuivi cet ordre qui, fous ce point de vue, paroît être celui de la Nature, fi nous n'euffions été déterminés par des raifons encore plus fortes à fuivre un ordre tout différent, & cependant tout auffi naturel, du moins plus analogue à la nature de notre entendement; ordre qui consiste à procéder du plus connu au moins connu, & nous prefcrit, à nous autres Européens, de commencer l'hiftoire d'une claffe d'animaux quelconque, par les espèces européennes,

comme étant les plus connues dans le pays où nous écrivons, & les plus propres à jeter de la lumière fur l'histoire des espèces étrangères (a), fauf aux Naturalistes américains à commencer l'hiftoire qu'ils feront de la Nature & plût au Ciel qu'ils en fiffent une!) par les productions de l'Amérique.

Les principaux attributs qui appartiennent aux engoulevents, c'est un bec aplati à sa base, ayant la pointe légèrement crochue, petit en apparence, mais fuivi d'une large ouverture, plus large que la tête, difent certains Auteurs; de gros yeux faillans, vrais yeux d'oiseaux nocturnes, & de longues mouftaches noires autour du bec: il résulte de tout cela une phyfionomie morne & ftupide, mais bien caractérisée, un air de famille lourd & ignoble, tenant des martinets & des oifeaux de nuit, mais fi bien marqué, que l'on diftingue au premier coup-d'œil un engoulevent de tout autre oifeau; ils ont outre

(a) C'est par cette même raifon que j'ai commencé l'histoire du coucou par celle de l'espèce européenne, & que j'ai confidéré celle-ci comme étant le tronc commun des branches répandues dans les trois autres parties du monde; mais tout ce que j'ai dit dans cette fupofition ne fe trouve pas moins vrai il fera toujours vrai de dire que les races provenant d'un tronc commun, s'éloigneront d'autant plus de cette race primitive, qu'elles en auront été féparées plus anciennement; que par conféquent la race européenne ayant plus de ressemblance avec celle d'Amérique, qu'avec celles d'Afrique & d'Afie, doit être cenfée dériver nouvellement & immédiatement de la race américaine, laquelle peut elle-même être iffue, mais plus anciennement, de la race afiatique.

cela les ailes & la queue longues, celle-ci rarement & très-peu fourchue, compofée de dix pennes feulement; les pieds courts & le plus fouvent patus; les trois doigts antérieurs liés ensemble par une membrane jusqu'à leur première articulation; le doigt postérieur mobile & se tournant quelquefois en avant; l'ongle du doigt du milieu dentelé ordinairement fur fon bord intérieur; la langue pointue & non divifée par le bout; les narines tubulées, c'est-à-dire que leurs rebords faillans forment fur le bec la naiffance d'un petit tube cylindrique; l'ouverture des oreilles grande, & probablement l'ouïe très-fine; il femble au moins que cela doit être ainsi dans tout oiseau qui a la vue foible, & le sens de l'odorat presque nul; car le fens de l'ouïe étant alors le feul qui puiffe l'avifer de ce qui fe paffe au dehors à une certaine distance, il eft comme forcé de donner une grande attention aux rapports que lui fait ce sens unique, & de le disposer de la manière la plus avantageuse; ce qui ne peut manquer à la longue de le modifier, de le perfectionner, du moins quant aux bruits qui font relatifs à fes befoins, & en même temps d'influer fur la conformation des pièces qui compofent cet organe. Au refte, on ne doit pas fe perfuader que tous les attributs dont j'ai fait l'énumération, appartiennent fans exception à chaque espèce : quelques-unes n'ont point de moustaches; d'autres ont plus de dix pennes à la queue; d'autres n'ont pas l'ongle du milieu dentelé; quelques-unes l'ont dentelé, non fur le bord intérieur,

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