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logiste; ce n'est point apparemment parce que cet eftomac est trop dur, puisque ses parois étant membraneufes, il n'est dur en effet que par accident & lorsqu'il est plein de nourriture, ce qui n'a guère lieu dans une femelle qui couve; ce n'eft point non plus, comme d'autres l'ont dit, parce que l'oiseau craindroit de refroidir son estomac, moins garanti que celui des autres oifeaux; car il eft clair qu'il courroit bien moins ce risque en couvant qu'en voltigeant ou fe perchant fur les arbres : le caffe-noix est conformé de même, & cependant il couve d'ailleurs ce n'est pas feulement fous l'eftomac, mais fous toute la partie inférieure du corps que les œufs se couvent, autrement la plupart des oiseaux qui, comme les perdrix, ont le fternum fort prolongé, ne pourroient couver plus de trois ou quatre œufs à la fois, & l'on fait que ie plus grand nombre en couve davantage.

J'ai trouvé dans l'eftomac d'un jeune coucou que je faifois nourrir, une maffe de viande cuite prefque defféchée, & qui n'avoit pu paffer par le pylore; elle étoit décomposée, ou plutôt divifée en fibrilles de la plus grande fineffe. Dans un autre jeune coucou, trouvé mort au milieu des bois vers le commencement d'août, la membrane interne du ventricule étoit velue, les poils longs d'environ une ligne, fembloient se diriger vers l'orifice de l'ofophage; en général, on rencontre fort peu de petites pierres dans l'eftomac des jeunes coucous, & prefque jamais dans l'eftomac de ceux où il n'y a

point de débris de matières végétales. Il eft naturel que l'on en trouve dans l'eftomac de ceux qui ont été élevés par des verdières, des alouettes & autres oiseaux qui nichent à terre: le fternum forme un angle rentrant.

Longueur totale, treize à quatorze pouces; bec, treize lignes & demie; les bords de la pièce fupérieure échancrés près de la pointe (mais non dans les tout jeunes); narines elliptiques, ayant leur ouverture environnée d'un rebord faillant, & au centre un petit grain blanchâtre qui s'élève presque jusqu'à la hauteur de ce rebord; langue, mince à la pointe & non fourchue; tarfe, dix lignes; cuiffe, moins de douze; l'intérieur des ongles postérieurs le moins fort & le plus crochu de tous; les deux doigts antérieurs unis ensemble à leur base par une membrane; le deffous du pied comme chagriné & d'un grain très-fin; vol, environ deux pieds; queue, fept pouces & demi, compofée de dix pennes étagées (g); dépaffe les ailes de deux pouces.

VARIÉTÉS DU COUCOU.

ON aura vu fans doute avec quelque furprise, en lifant l'histoire du coucou, combien le type de cette espèce eft inconftant & variable, ce qui en effet n'est point ordinaire chez les oifeaux qui vivent dans l'état

(g) M. Ray n'a compté que huit pennes dans la queue de l'individu qu'il a obfervé en 1693; mais affurément il en manquoit deux.

de Nature, & fur-tout chez ceux qui s'apparient; car pour ceux au contraire qui ne s'apparient point & qui n'ont qu'une ardeur vague, indéterminée, pour une femelle en général, fans aucun attachement particulier, à force d'être étrangers à toute fidélité perfonnelle, ou fi l'on veut individuelle, ils font plus expofés à manquer aux loix encore plus facrées de la fidélité dûe à l'espèce, & à contracter des alliances irrégulières, dont le produit varie plus ou moins, felon que les individus qui se sont unis par hafard, étoient plus ou moins différens entr'eux : de-là la diverfité que l'on remarque entre les individus, foit pour la groffeur, foit pour les formes, foit pour le plumage; diversité qui a donné lieu à plus d'une erreur, & qui a fait prendre de véritables coucous pour des faucons, des émerillons, des autours, des éperviers, &c. mais fans entrer ici dans le détail de ces variétés inépuifables & qui paroiffent n'être rien moins que conftantes, je me bornerai à dire que l'on trouve quelquefois en différens pays de notre Europe des coucous qui diffèrent beaucoup entr'eux par la taille (a); & qu'à l'égard des couleurs, le gris-cendré, le roux, le brun, le blanchâtre, font diftribués diverfement dans les divers individus; en

(a) Voyez Aldrovande, page 413. Le coucou varié aux pieds rouges des Pyrenées de Barrère eft encore une de ces variétés, & peut-être fon coucou cendré d'Amérique: il en eft de même du cucule francescano de Gerini, & de son cucule rugginofo; mais ces deux derniers font des variétés d'âge.

forte

forte que chacune de ces couleurs domine plus ou moins, & que par la multiplicité de fes teintes, elle augmente encore les variations de leur plumage. A l'égard des coucous étrangers, j'en trouve deux qui me femblent devoir fe rapporter à l'espèce Européenne comme variétés de climat, & peut-être en ajouterois-je plufieurs autres fi j'avois été à portée de les obferver de plus près.

I. LE COUCOU du cap de Bonne - espérance, représenté dans nos planches enluminées, n. 390, a beaucoup de rapport avec celui de notre pays, & par fes proportions, & par la rayure tranfverfale du deffous du corps, & par fa taille qui n'est pas beaucoup plus petite.

Il a le deffus du corps d'un vert-brun; la gorge, les joues, le devant du cou & les couvertures fupérieures des ailes, d'un roux-foncé ; les pennes de la queue, d'un roux un peu plus clair, terminées de blanc; la poitrine & tout le reste du deffous du corps, rayés transverfalement de noir fur un fond blanc; l'iris jaune; le bec brun-foncé; & les pieds d'un brun rougeâtre. Il a de longueur totale un peu moins de douze pouces.

Seroit-ce ici l'oifeau connu au cap de Bonne-efpérance, fous le nom d'édolio, & qui répète en effet ce mot d'un ton bas & mélancolique ? il n'a point d'autre chant, & plufieurs habitans du pays, non pas Hottentots, mais Européens, font perfuadés que l'ame d'un certain patron de barque qui prononçoit fouvent le même mot, Oifeaux, Tome VI. Y y

eft paffée dans le corps de cet oifeau; car nos fiècles modernes ont auffi leurs métamorphofes; celle-ci n'eft pas moins vraie que celle du Jupiter cuculus, & nous lui devons probablement la connoiffance du cri de ce coucou. On feroit trop heureux fi chaque erreur nous valoit une vérité.

II. LES Voyageurs parlent d'un coucou du royaume de Loango en Afrique, lequel est un peu plus gros que le nôtre, mais peint des mêmes couleurs & qui en diffère principalement par fa chanfon, ce qui doit s'entendre de l'air & non des paroles, car il dit coucou comme le nôtre, mais fur un ton différent : le mâle commence, dit-on, par entonner la game & chante feul les trois premières notes; ensuite la femelle l'accompagne à l'uniffon pour le reste de l'octave, & diffère en cela de la femelle de notre coucou qui ne chante point du tout comme fon mâle, & qui chante beaucoup moins. C'est une raison de plus pour féparer ce coucou de Loango du nôtre, & pour le confidérer comme une variété dans l'espèce.

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