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que foiblement l'éclat & la beauté de la couleur de fa gorge, en l'appelant un émail cramoifi; c'est le brillant & le feu d'un rubis : vu de côté, il s'y mêle une couleur d'or, & en deffous, ce n'eft plus qu'un grenat fombre. On peut remarquer que ces plumes de la gorge font taillées & placées en écailles, arrondies, détachées ; disposition favorable pour augmenter les reflets, & qui fe trouve, foit au cou, foit fur la tête des oifeaux-mouches dans toutes leurs plumes éclatantes. Celui-ci a tout le deffus du corps d'un vert-doré changeant en couleur de cuivre rouge: la poitrine & le devant du corps, font mêlés de gris-blanc & de noirâtre : les deux plumes du milieu de la queue font de la couleur du dos, & les plumes latérales font d'un brun - pourpré; Catesby dit couleur de cuivre. L'aile eft d'un brun teint de violet, qui eft, comme nous l'avons déjà obfervé, la couleur commune des ailes de tous ces oifeaux; ainfi nous n'en ferons plus mention dans leurs defcriptions. La coupe de leurs ailes eft affez remarquable: Catefby l'a comparée à celle de la lame d'un cimetère turc: Les quatre ou cinq premières pennes extérieures font très-longues, les fuivantes le font beaucoup moins, & les plus près du corps font extrêmement courtes; ce qui, joint à ce que les grandes ont une courbure en arrière, fait reffembler les deux ailes ouvertes à un arc tendu; le petit corps de l'oifeau eft au milieu comme la flèche de l'arc.

Le rubis se trouve en été à la Caroline, & jusqu'à

la nouvelle Angleterre; & c'est la feule espèce d'oiseaumouche qui s'avance dans ces terres feptentrionales (n). Quelques relations portent cet oiseau-mouche jusqu'en Gafpéfie (0), & le P. Charlevoix prétend qu'on le voit au Canada; mais il paroît l'avoir affez mal connu, quand il dit, que le fond de fon nid eft iffu de petits brins de bois, & qu'il pond jufqu'à cinq œufs (p); & ailleurs, qu'il a les pieds comme le bec, fort longs (4). L'on ne peut rien établir fur de pareils témoignages. On donne la Floride pour retraite en hiver aux oifeaux-mouches de la Caroline (r): en été, ils y font leurs petits, & partent quand les fleurs commencent à fe flétrir, en automne. Ce n'est que des fleurs qu'il tire fa nourriture, & je n'ai jamais obfervé, dit Catesby, qu'il fe nourrit d'aucun infecte, ni d'autre chofe que du nectar des fleurs (S).

(n) Catesby, pag. 65. Edwards, pag. 38.

(0) Nouvelle relation de la Gafpéfie, par le R. P. Chrétien Leclercq. Paris, 1691, page 486. Les Gaspésiens, suivant cette relation, l'appelent nirido, oiseau du Ciel.

(P) Hiftoire & description de la nouvelle France. Paris, 1744, tome III, page 158.

(9) Hift. de Saint-Domingue. Paris, 1730, tome I, page 31. (r) Voyez Hift. générale des Voyages, tome XIV, page 456. (S) Carolin. tome 1, page 65.

CE

* L'A MÉTHIST E.

Troisième espèce.

petit oifeau-mouche a toute la gorge & le devant du cou de couleur améthiste brillante; on n'a pu donner cet éclat à la figure enluminée: c'est même la difficulté de rendre le luftre & l'effet des couleurs des oiseauxmouches & des colibris, qui en a fait borner le nombre dans nos planches enluminées, & difcontinuer un travail que tous les Auteurs reconnoiffent également être l'écueil du pinceau (1). L'oiseau améthiste est un des plus petits oiseaux - mouches; fa taille & fa figure font celles du rubis: il a de même la queue fourchue: le devant du corps eft marbré de gris-blanc & de brun; le deffus eft vert- doré la couleur améthiste de la : gorge fe change en brun-pourpré, quand l'œil fe place un peu plus bas que l'objet : les ailes semblent un peu plus courtes que dans les autres oifeaux - mouches, & ne s'étendent pas jusqu'aux deux plumes du milieu de la queue, qui font cependant les plus courtes, & rendent sa coupe fourchue.

* Voyez les planches enluminées, n.o 672, fig. 1, fous la dénomination de petit oifeau-mouche à queue fourchue de Cayenne.

(1) Marcgrave.

L'ORVERT.

LE

L'ORVERT

Quatrième espèce.

vert & le jaune-doré brillent plus ou moins dans tous les oiseaux - mouches; mais ces belles couleurs couvrent le plumage entier de celui-ci avec un éclat & des reflets que l'œil ne peut fe laffer d'admirer: sous certains aspects, c'est un or brillant & pur; fous d'autres, un vert glacé qui n'a pas moins de luftre que le métal poli. Ces couleurs s'étendent jufque fur les ailes; la queue eft d'un noir d'acier bruni; le ventre blanc. Cet oiseau - mouche eft encore très-petit, & n'a pas deux pouces de longueur; c'eft à cette espèce que nous croyons devoir rapporter le petit oifeau-mouche entièrement vert (all green humming bird) de la troisième partie des Glanures d'Edwards (page 316, planche 360), que le traducteur donne mal-à-propos pour un colibri; mais la méprise est excusable, & vient de la langue Angloise elle-même qui n'a qu'un nom commun, celui d'oifeau bourdonnant (humming bird), pour défigner les colibris

& les oiseaux-mouches.

Nous rapporterons encore à cette espèce la feconde de Marcgrave; fa beauté fingulière, fon bec court (u),

(u) Pulchrior priori..... tam eleganti & splendente viriditate; cum aureo colore tranfplendente funt plumæ, ut mirè refplendeant. Marcgrave, Guainumbi fecunda fpecies.

Oifeaux, Tome VI.

C

& l'éclat d'or & de vert brillant & glacé (transplendens), du devant du corps, le défignent affez. M. Briffon qui fait de cette feconde efpèce de Marcgrave fa feizième fous le nom d'oifeau-mouche à queue fourchue du Brefil, n'a pas pris garde que dans Marcgrave, cet oifeau n'a la queue ni longue ni fourchue (cauda fimilis priori), dit cet Auteur; or la première efpèce n'a point la queue fourchue, mais droite, longue feulement d'un doigt, & qui ne dépaffe pas l'aile (x).

CE

*LE HUPECO L.

Cinquième espèce.

nom défigne un caractère. fort fingulier, & qui fuffit pour faire diftinguer l'oiseau de tous les autres; non-seulement sa tête eft ornée d'une huppe rouffe assez longue, mais de chaque côté du cou, au-deffous des oreilles, partent sept ou huit plumes inégales; les deux plus longues ayant fix à sept lignes font de couleur rousse & étroites dans leur longueur, mais le bout un peu élargi est marqué d'un point vert; l'oiseau les relève en les dirigeant en arrière; dans l'état de repos elles font couchées fur le cou, ainsi que fa belle huppe; tout cela fe redreffe quand il vole, & alors l'oiseau paroît tout rond.

(x) Caudam habet directam, digitum longam Marcgrave, fecunda fp. Voyez les planches enluminées, n. 640, fig. 3.

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