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BULLETIN

LITTÉRAIRE ET SCIENTIFIQUE.

BIBLIOGRAPHIE.

Publications historiques en Dauphiné: L'Album. — La Revue du Dauphiné. -La Revue de Vienne.

Le Patriote des Alpes vient de consacrer sous ce titre, dans ses N.o du 31 mars et du 5 avril, un examen approfondi aux publications historiques qui s'impriment dans notre province. Cet article, remarquablement écrit et plein d'idées saines et fortes sur les appréciations de l'histoire, tend à donner aux études et aux recherches entreprises sur les annales de notre pays l'impulsion qui leur a manqué jusqu'à ce jour et qui n'est encore qu'à son réveil. Après avoir jeté un coup d'œil rapide sur les élémens de notre histoire nationale, et signalé les ressources fécondes qu'un esprit judicieux saurait en retirer en les fouillant avec intelligence, le critique se livre à l'examen des trois recueils fondés récemment parmi nous : l'Album du Dauphiné, la Revue du Dauphiné, la Revue de Vienne.

Cet examen, en ce qui nous touche, a été dicté par beaucoup de bienveillance, mais, nous le disons avec franchise, eût-il été

sévère, nous l'eussions accepté pleinement, car nous ne concevons pas qu'une entreprise littéraire fondée dans le but de favoriser le développement des études sérieuses et utiles puisse jamais repousser les conseils éclairés d'une sage et impartiale critique. On pourra sans doute adresser à notre recueil le reproche de s'être revêtu d'une forme un peu sévère et grave, et d'avoir banni de son domaine les piquantes futilités d'un genre de littérature destiné à plaire éphémèrement à l'esprit plutôt qu'à l'instruire et à l'éclairer. Mais il faut bien reconnaître que les élémens qui font le charme et la séduction de ce genre de littérature sont l'apanage d'un petit nombre de plumes brillantes, dont la collaboration est exclusivement consacrée à la capitale. Les essais qu'ont voulu faire dans cette voie les publications départementales n'ont pas été heureux, et c'est là un écueil que nous avons voulu éviter. D'ailleurs, part que s'est faite la Revue du Dauphiné, en se proposant de puiser ses ressources parmi les richesses historiques et scienti fiques de la province, est assez vaste, pour que le sol ne manque pas sous la main des travailleurs. A eux donc à se mettre à l'œuvre et à répondre à l'appel patriotique de la Revue du Dauphiné.

la

Requiescant in pace, par LÉON MENABREA. Grenoble, Prudhomme, 1838, in-8°.

La peinture d'un sentiment qui est l'ame du roman et de tous les drames du cœur humain, a servi d'aliment à la nouvelle production de M. Menabrea : l'amour, mais l'amour sans emportement des sens, sans turbulence passionnée, jeune, pur et virginal. Jetés par la Providence dans un petit village des Alpes, deux enfans se sont aimés d'une tendresse instinctive, qui sommeille pendant une absence de plusieurs années; mais, parvenus à l'âge où le cœur est mûr pour les joies et les douleurs, ils se retrouvent, et dans leur ame l'affection fraternelle fait place à l'amour le plus profond. C'est là le drame dont M. Menabrea a déroulé

l'action; drame bien simple, mais dont le dénouement est plein de tristesse. Albert et Fleurie, les deux amans, immolés à des considérations de famille, meurent à leur entrée dans la vie. Nous ne suivrons pas l'auteur dans tous les détails de son roman : quelques-uns de ses portraits sont irreprochables et pleins de sensibilité; d'autres manquent peut-être un peu de vérité; le style parfois vise aussi à l'effet et au néologisme et manque de cette pureté qui a fait le mérite des Feux-Follets du même auteur.

CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE,

6o SESSION, QUI S'ouvrira a CLERMONT-FERRAND,
LE 3 SEPTEMBRE 1838.

Le Congrès scientifique de France, dont la 5o session a eu lieu à Metz, en septembre dernier, se réunira en 1838 à ClermontFerrand, dans la première quinzaine de septembre prochain. Un grand nombre de savans nationaux et étrangers se proposent de s'y rendre pour explorer une des provinces de France les plus fécondes en richesses géologiques. Les secrétaires du Congrès, MM. Lecoq et Bouillet, ont publié le programme des questions qui seront agitées, et sur lesquelles ils invitent les amis de la science à recueillir leurs idées.

Le Congrès se divisera en six sections. La section d'histoire naturelle embrassera tout le système géologique de l'Auvergne et traitera diverses questions de physiologie animale et d'analyse botanique. La section d'agriculture, d'industrie et de commerce, agitera les diverses parties de ces trois spécialités, auxquelles l'état actuel de l'expérimentation imprime un caractère d'utilité. La section des sciences médicales soumettra à l'examen les résultats thérapeutiques des eaux minérales, et fera une enquête sur l'état des études médicales en Auvergne. La quatrième section s'occu

pera de l'histoire et de l'archéologie; elle arrêtera surtout son attention sur les monnaies nationales, dont l'exploration est deve nue depuis quelques années le sujet des plus sérieuses études, et sur les divers systèmes d'architecture qui se sont développés en France au moyen-âge. La philologie, la littérature, les beauxarts et la philosophie sont dévolus à la cinquième section, qui présentera ses vues sur la direction scientifique à imprimer à l'instruction publique. Enfin, la sixième section est réservée aux sciences physiques et mathématiques. Nous ne doutons pas que toutes les sociétés savantes ne s'empressent de répondre à l'appel qui leur est fait par le Congrès de Clermont, et n'émettent leurs vues sur quelques-unes des nombreuses questions développées dans son programme. C'est par cet échange que la science tend à se généraliser et à s'enrichir de toutes les découvertes qui peuvent être faites isolément.

TRIBULATIONS D'UN JEUNE POÈTE'.

ENCORE des vers, voire des vers de province; tort impardonnable qu'a eu le poète! car ses créations fussent-elles puisées à la source la plus pure et empreintes de la plus touchante élévation, les dédains littéraires de la capitale sauront bien les trouver vulgaires et de petite considération. Cette préoccupation, parmi toutes les terreurs dont l'auteur de ce volume a été assailli, est celle qui la première est venue l'émouvoir étrangement, lorsque, d'une main incertaine, il a livré les confidences de son porte-feuille au typographe qui s'est chargé du soin de les lancer à l'immortalité, ou dans le gouffre de l'oubli, en caractères cicéroniens. A dire le vrai, son anxiété était un peu bien légitime; car il venait de lire. l'arrêt fulminé par un aristarque contre l'impertinence d'aucuns esprits qui s'avisent de rimer dans l'obscurité des départemens,

1 Notre collaborateur M. CHARLES CHANCEL, qui va faire paraître bientôt un volume de poésies, actuellement sous presse, nous communique la préface destinée à être placée en tête de son recueil : nous croyons faire plaisir à nos lecteurs en mettant sous leurs yeux ce morceau dans lequel l'auteur nous révèle les préoccupations intimes que son projet de publication a jetées dans son esprit. (N. du D.)

TOME III.

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