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Foy est mort! et personne n'a su le rempla

cer...

La chaire n'a plus de Bourdaloue ni de Massillon: mais elle compte encore des ministres distingués par leurs talents oratoires! Heureux quand le fond du discours n'est pas influencé par une politique qui n'est pas de la religion!

Il serait bon aussi de visiter quelquefois les audiences: plusieurs de nos rois ont pris plaisir à aller entendre plaider. Henri IV s'y connaissait peu; car, après avoir entendu deux avocats, il trouvait que chacun d'eux avait raison; mais c'est qu'il ignorait lui-même tout principe de législation, et qu'avec un heureux instinct, il manquait cependant de connaissances positives. L'éducation des princes était alors fort au-dessous de ce qu'elle doit être aujourd'hui.

Le spectacle d'une cour d'assises est digne de l'observateur. Il faut savoir avec quel appareil se rend la justice criminelle; en quelles formes, avec quelle solennité, à l'ombre de quelles garanties la société statue sur l'honneur et la vie des citoyens.

Moins lugubres et plus animées, les audiences civiles, celles qu'on nomme audiences en robes rouges, offrent toujours un spectacle imposant, et quelquefois de belles discussions.

Il faut tout voir, tout entendre, réfléchir sur tout ce qu'on a vu et entendu, et ne s'approprier de chaque chose que ce qui convient à notre caractère, à notre position, à nos devoirs.

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LA RUE DES POSTES.

L'habitant de la province ou l'étranger, nouveau venu dans Paris, pourrait croire, en lisant ce chapitre, que je vais lui parler de la rue où, chaque jour, des milliers de bras, s'allongeant et se croisant les uns à l'envi des autres, laissent tomber des milliers de lettres dans une ouverture large et profonde, espèce de gouffre qui revomit périodiquement ce qu'on lui jette, et dont la bouche, hérissée de dents de fer, ressemble à ces gueules béantes des gar

diens du Ténare, toujours prêts à dévorer, toujours prêts à saisir. C'est le vastá voragine gurges de Virgile, avec son inhians tria Cerberis ora.

On pourrait croire aussi qu'il s'agit de la rue où des légions de voyageurs vont prendre ou délaisser tour à tour le coursier qui les traîne hors Paris, ou le postillon qui les y amène; espèce de haras d'hommes et de chevaux qui logent, mangent, couchent et voyagent ensemble; postillons poudreux, au chapeau de cuir galonné et à la veste bordée de rouge; centaures d'écurie, moitié chevaux, moitié hommes; chevaux usés, vieux, maigres, rabougris et poussifs; le tout ayant seuls le droit de nous voiturer tant bien que mal hors barrières, et exploitant de conserve le monopole de la route et le privilége de la course.

Ce n'est ni de l'une ni de l'autre de ces rues que je parle; il n'y a pas plus de poste dans la rue des Postes, que de bergers dans la rue Bergère; et il n'y en a jamais eu, je pense, car elle a toujours été placée trop loin et trop haut pour un pareil usage. Cette raison, cependant, pourrait fort bien ne plus en être une, depuis que la Poste Royale a été se nicher à une lieue du centre de Paris, sur une montagne, pour mieux se trouver à la portée du service, et la plus grande commodité des voyageurs.

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