Hélas! Quand reviendront de semblables moments? charmants Me laissent vivre au gré de mon âme inquiète? 22. Le gland et la citrouille IX. 4 Dieu fait bien ce qu'il fait. Sans en chercher la Dans les citrouilles je la treuve.1 Un villageois, considérant Combien ce fruit est gros et sa tige menue: Hé parbleu! je l'aurais pendue Tel fruit, tel arbre, pour bien faire. C'est dommage, Garo, que tu n'es point entré preuve Tout en eût été mieux: car pourquoi, par exemple, Le gland, qui n'est pas gros comme mon petit doigt, Dieu s'est mépris; plus je contemple Ces fruits ainsi placés, plus il semble à Garo Cette réflexion embarrassant notre homme: 1 treuve, forme archaïque trouve, pour rimer avec preuve. ΙΟ 15 20 25 «On ne dort poin it-il, quand on a tant d'esprit.>> Dieu ne l'a pas voulu: sans doute il eut raison; J'en vois bien à présent la cause.» En louant Dieu de toute chose, Garo retourne à la maison. 23. Le paysan du Danube XI. 7 Il ne faut point juger des gens sur l'apparence. Me servit à prouver le discours que j'avance: Le bon Socrate, Esope, et certain paysan Des rives du Danube, homme dont Marc-Aurèle On connaît les premiers: quant à l'autre, voici Son menton nourrissait une barbe touffue; Représentait un ours, mais un ours mal léché: 1 Une fable qui n'est pas donnée ici. (VI. 5.) Le regard de travers, nez tortu, gro lèvre, Et ceinture de joncs marins Cet homme ainsi bâti fut député d Que lave le Danube.1 Il n'était piles Ne pénétrât alors, et ne portât les mains. Faute d'y recourrir, on viole leurs lois. Témoin nous que punit la romaine avarice: Rome est, pour nos forfaits, plus que par ses exploits, Craignez, Romains, craignez que le ciel quelque jour Il ne vous fasse, en sa colère, Nos esclaves à votre tour. Et pourquoi sommes-nous les vôtres? Qu'on me die2 Pourquoi venir troubler une innocente vie? Nous cultivions en paix d'heureux champs; et nos mains 1 Villes de tribus germaines, la Roumanie actuelle. 5 ΙΟ 15 20 25 30 Qu'avez-vous appris aux Germains? Comme vous, et la violence, 5 Peut-être en votre place ils auraient la puissance, ΙΟ La majesté de vos autels Elle-même en est offensée; Car sachez que les immortels Ont les regards sur nous. Grâces à vos exemples, Ils n'ont devant les yeux que des objets d'horreur, De mépris d'eux et de leurs temples, 15 D'avarice qui va jusques à la fureur. 20 Rien ne suffit aux gens qui nous viennent de Rome: La terre et le travail de l'homme Font pour les assouvir des efforts superflus. Retirez-les: on ne veut plus Cultiver pour eux les campagnes. Nous quittons les cités, nous fuyons aux montagnes; Nous laissons nos chères compagnes; Nous ne conversons plus qu'avec des ours affreux, Découragés de mettre au jour des malheureux, 25 Et de peupler pour Rome un pays qu'elle opprime. Quant à nos enfants déjà nés, Nous souhaitons de voir leurs jours bientôt bornés: Vos préteurs au malheur nous font joindre le crime. Retirez-les: ils ne nous apprendront Que la mollesse et que le vice; Les Germains comme eux deviendront C'est tout ce que j'ai vu dans Rome à mon abord. Point de pourpre à donner, c'est en vain qu'on espère A-t-il mille longueurs. Ce discours, un peu fort, Je finis. Punissez de mort Une plainte un peu trop sincère.» S A ces mots, il se couche; et chacun étonné Admire le grand cœur, le bon sens, l'éloquence Du sauvage ainsi prosterné. On le créa patrice; et ce fut la vengeance Qu'on crut qu'un tel discours méritait. On choisit D'autres préteurs; et par écrit Le sénat demanda ce qu'avait dit cet homme, 24. Les souris et le chat-huant XI. 9 [Cette fable est dirigée contre la doctrine de l'automatisme des bêtes de Descartes. Voir plus loin, p. 189.] Il ne faut jamais dire aux gens, En feront une estime à la vôtre pareille? 15 20 25 |