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mai, à la générosité du général Quentin. La division des Côtes-du-Nord, commandée par le che valier de la Vieuville, qui jouissait comme la précédente de l'avantage d'une communication sûre avec l'Angleterre, par le Clos-Poulet, éprouva le même sort. Son chef battu dans une première rencontre à Bescherel, poursuivi et forcé successivement dans les châteaux de Tourdelain et de la Houssaye, n'échappa d'abord aux colonnes mobiles du général Rey, que pour tomber quelques jours après dans une embuscade au milieu de la forêt de Villequartier, où il perdit la vie. La division d'Ille-et-Vilaine, dont Puisaye s'était réservé le commandement supérieur, ne parvint pas à se maintenir plus long-temps. Elle fut totalement dispersée par des colonnes mobiles du général Beaufort, tant à St.-Ouen de la Rouairie, que dans la forêt de Fougères.

En Normandie, le comte de Frotté, qui avait insurgé les districts de Dreux, de Châteauneuf et de Mortagne, vit bien après quelques échecs essuyés aux environs de Vire et de Domfront, qu'il ne pourrait lutter contre les républicains, et licencia ses gens. Comme Georges Cadoudal, il se retira en Angleterre, où le principal artisan des troubles de Bretagne, les avait déjà précédés. Ainsi, dès le commencement de juin, l'Ouest fut pacifié, et rendu par des mesures de vigueur et de justice au régime constitutionnel.

tion du Berry.

Tandis que le général Hoche s'appliquait ainsi Insurrecà extirper de cette contrée les germes contrerévolutionnaires, les agens des princes, toujours actifs, cherchèrent à soulever des provinces où l'absence des bataillons républicains leur donnait quelque espoir de succès. Le jeune comte de Rochecotte, plus zélé que capable, conçut l'idée d'insurger le Maine, la Touraine, l'Orléanais, le Berry, le Bourbonnais et l'Auvergne, de lier l'insurrection de ces provinces avec celles de la Vendée et de la Bretagne, et de l'étendre ensuite en Franche-Comté, où le prince de Condé réuni au comte de Bésignan devait s'emparer de Besançon.

les

Les princes français dont le sort était d'être trompés par ces hommes à projets, avaient approuvé ce plan gigantesque, au moment où Pichegru paraissait disposé à leur livrer l'armée qu'il commandait, et en renvoyèrent l'exécution au printemps suivant, à l'apparition du comte d'Artois sur les côtes de l'Ouest, Tout concourut à lui assurer un premier succès: animés par prêtres et quelques émigrés rentrés, les paysans du Berry embrassèrent le parti des princes; le. soulèvement devait commencer dans les départemens de l'Indre et du Cher, où Rochecotte. avait commissionné, pour organiser la révolte, un ingénieur émigré nommé Phélippeaux, et un certain Dupin, homme influent dans le pays.

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Pour donner plus de force à l'insurrection, Phélippeaux avait attiré un millier de déserteurs républicains, et se flattait de former aisément avec ce noyau, les paysans à la discipline. L'organisation prit quelque consistance, à l'aide d'une proclamation du Prétendant, qui excitait les Français à secouer le joug du directoire.

Cependant, soit que le comte de Rochecotte n'eût pas sur tous les points des agens aussi actifs que Phélippeaux, soit que les Orléanais et les Auvergnats s'enflammassent plus difficilement que les Berrichons, il fallut différer le soulèvement, afin de lui donner plus d'ensemble. Ce retard, facile à prévoir, impossible à prévenir, porta un coup fatal au projet de Rochecotte : les déserteurs enrôlés par supercherie, lassés de la vie errante qu'ils menaient, députèrent à Phélippeaux leur commandant, pour lui signifier qu'ils allaient rentrer dans leurs foyers. Celui-ci qui fondait ses succès sur ces auxiliaires, avança en leur considération la levée de boucliers, et prescrivit aux différens chefs voisins de Jars, de venir le joindre sur-le-champ. Le 2 avril, à six heures du matin, il se porta à la tête d'environ 1,500 hommes, sur la petite ville de Sury en Vaux, dont il s'empara sans coup férir.

Ici, le noyau grossi de tous les royalistes des environs, s'éleva à 4 mille hommes, assez mal armés, à la vérité, mais se croyant invincibles,

parce qu'ils avaient deux vieilles pièces de canon trouvées dans Sury. Phélippeaux, profitant de l'ardeur de sa bande, la dirigea aussitôt sur Sancerre qui lui ouvrit ses portes. Au même moment, Dupin prévenu de la levée prématurée de Phélippeaux, faisait tous ses efforts pour organiser 3 à 4 mille paysans qu'il avait réunis aux environs de Châteauroux.

Avantageusement située sur une montagne escarpée, non loin de la Loire, Sancerre déjà célèbre dans les troubles civils du 16° siècle, par la retraite qu'elle donna aux protestans, aurait offert une bonne place d'armes. Mais Phélippeaux

fit peu de cas de ces avantages, et, plus jaloux de grossir ce qu'il appelait déjà avec emphase son armée, que de s'assurer des positions qui lui soumettaient le pays, après avoir organisé les bandes dont il disposait, alla camper le 8 avril, à Sens-Beaujeu, pour de là se diriger sur Bourges, d'où il espérait, dit-on, se lier au corps de Dupin.

Aux premiers avis de mouvemens insurrectionnels, Hoche fit remonter la Loire à 3 mille hommes sous la conduite du général Canuel. De son côté, le général Désenfant, commandant du Cher, envoya un détachement à Châteauroux pour observer Dupin, et dirigea le reste de ses troupes sur Sancerre, dont il ignorait l'occupation. Enfin, le 8 avril, les troupes venant de la

Vendée, étant arrivées à Bourges, Canuel et Désenfant concertèrent leurs opérations; le lendemain, le premier se porta par Azy sur Sancerre, l'autre par Henrichemont sur Sens-Beaujeu. Sancerre étant évacué, Canuel guidé par des patriotes de cette ville se dirigea sur Sens-Beaujeu qu'il surprit pendant la nuit; le combat s'engagea avec chaleur dans la ville; mais Phélippeaux inquiété bientôt par Désenfant, abandonne ce poste aux républicains.

Cependant Dupin ayant appris que le détachement stationné à Châteauroux, avait été renforcé par 1,500 hommes venus d'Orléans, concentra ses forces à Bourg-Dieu sur la droite de l'Indre où il ne tarda pas à être attaqué: rejeté derrière Palluau, il y fut assailli le lendemain, sa troupe, culbutée dans l'Indre, et lui-même pris avec ses principaux officiers.

Le directoire usa de clémence envers ces prisonniers. L'expérience lui avait prouvé que la rigueur n'est pas toujours un remède efficace contre les troubles politiques. Les Berrichons désabusés, reprirent leurs travaux champêtres, et Rochecotte cédant à la conviction, en apprenant l'équipée de ses meilleurs agens, renonça au projet d'allumer la guerre civile au centre de la France.

Avec la révolte du Berry finit la guerre de la Vendée, dont elle n'était qu'une étincelle; le

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