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L'armée

donne le

change à

Beaulieu.

plus sanglante et plus certaine. Tout ce qu'il put faire fut de solliciter son collègue de lui envoyer des renforts : mais Kellermann occupé lui-même à discuter sa démarcation avec les Piémontais, et à surveiller Lyon où les royalistes s'agitaient, ne détacha, que 15 jours après, la division Vaubois à Coni.

Toutefois Bonaparte n'en résolut pas moins française de marcher à l'ennemi. Aussitôt après la cessation des hostilités, l'armée se porta sur Alexandrie; le général Masséna y arriva assez à temps pour s'emparer des magasins considérables amassés par les Autrichiens. La division Augereau se dirigea sur Tortone, où elle fut jointe, par celle de Laharpe.

On a vu qu'en signant l'armistice avec les Piémontais, Bonaparte s'était réservé la faculté de passer le Pô à Valence : moyen assez ingénieux de donner le change à Beaulieu, et de lui faire croire qu'on l'attaquerait de front par Lomello. Ce stratagème réussit parfaitement. Le général autrichien fit camper le gros de son armée près de Valleggio sur la Cogna, détacha la division Roselmini vers Sommo, et Wukassowich avec l'avant-garde sur la Sésia; le général Colli, passé au service d'Autriche, dut marcher jusqu'à Bufarola, et le général Liptay sur la rive gauche du Tésin. L'armée impériale reçut ici des renforts qui la portèrent à 36 bataillons et 44 esca

drons avec 53 pièces de canon de réserve, outre l'artillerie des régimens qui comptait 70 pièces environ. Elle resta jusqu'au 7 dans ces positions, et fit élever quelques ouvrages pour couvrir Pavie.

par

Tandis que les Autrichiens se fortifiaient sur Elle tourne la Cogna, Bonaparte saisissant d'un coup-d'oeil sa gauche les avantages que lui offrait la fausse position de Plaisance. l'ennemi, prenait ses mesures pour en profiter, et se préparait à exécuter le projet de tourner leur gauche. Le point stratégique le plus convenable était Crémone où l'on eût tourné à la fois les deux lignes du Tésin et de l'Adda, et coupé plus sûrement toute retraite à Beaulieu: le Pô y forme d'ailleurs un grand coude trèsfavorable. La crainte de s'engager dans un mou-. vement trop étendu fit sans doute préférer Plai

sance.

La place de Tortone ayant été remise aux Français, l'armée se dirigea sur Voghera: une partie de la division Masséna avait poussé jusqu'à Sale pour masquer le mouvement projeté, en faisant croire à l'ennemi qu'on voulait l'attaquer vers Camboi, entre Valence et la Cogna; Augereau et Serrurier manoeuvrèrent dans le même but, en occupant Castellaccio et Valence, tandis que le général en chef réunissait un corps d'élite pour surprendre le passage.

Le 6 mai, Bonaparte se porta, par une marche

forcée, à Castel St.-Giovani, avec 3 mille grenadiers et 1,500 chevaux. Des officiers d'étatmajor côtoyèrent, avec un parti de cavalerie, toute la rive gauche du ô, pour enlever les embarcations jusqu'à Plaisance; ils prirent plusieurs bateaux chargés de 500 malades et de la pharmacie de l'armée. Le 7 mai, le corps des grenadiers, conduit par le général Lasnes, arriva vis-à-vis de Plaisance, et se précipita de suite dans les embarcations. Deux escadrons autrichiens étaient en bataille sur la rive opposée; le général Lasnes débarqua avec audace, et fit bientôt replier cette cavalerie. Les troupes françaises se formèrent avec la rapidité de l'éclair.

Aussitôt que le mouvement sur St.-Giovani et Plaisance fut démasqué, toutes les divisions disposées en échelons, s'ébranlèrent, et forcèrent de marche pour arriver; elles commencèrent à passer dans la journée, celles des généraux Laharpe et Masséna vers Plaisance, celle d'Augereau à Verato: mais la pénurie de bateaux rallentit singulièrement cette opération.

Dispositions Beaulieu tout occupé de ses retranchemens décousues de Pavie, avait eu vent de la manoeuvre que l'arImpériaux. mée française faisait par sa droite, pour gagner

des

le bas Pô; il s'aperçut qu'il avait donné dans le piége, et que ses mesures défensives sur la Cogna étaient inutiles; il ordonna alors au général Liptay de se porter, avec 8 bataillons et

8 escadrons, entre le Lambro et l'Adda, pour couvrir la communication par Pizzighetone et Mantoue. Lui-même se mit en marche pour Corte-Olona, avec 1 bataillons et 22 escadrons; le général Sebottendorf, resté vers Pavie avec une réserve de 10 bataillons et 10 escadrons, attendit les avant-gardes poussées sur la Sésia; enfin Colli s'apprêta à quitter Bufarola.

de Fombio.

Le 8 mai, le général Liptay se trouvait à Fom- Combat bio avec 3 mille hommes d'infanterie et 2 mille chevaux; il avait pris une position assez avantageuse, dont il importait de le déloger avant que Beaulieu pût le rejoindre. Bonaparte donna ses ordres à cet effet. Le général Dallemagne, avec les grenadiers, attaqua par la droite, l'adjudantgénéral Lanusse marcha au centre, sur la chaussée; le général Lasnes, à la gauche. Après une résistance assez vive, le corps de Liptay fut chassé de Fombio, puis de Codogno; et, soit qu'il y fût forcé, soit que ses instructions lui en donnassent l'ordre, il se rejeta sur Pizzighetone, où il passa l'Adda. La perte des Autrichiens, dans cette rencontre, se monta à 5 ou 600 hommes; la cavalerie napolitaine fut surtout maltraitée.

Le général français, présumant que Beaulieu ne manquerait pas de quitter le Tésin pour accourir au secours de Liptay, dirigea la division Laharpe sur Codogno, avec ordre de bien éclai

rer la route de Casal-Pusterlengo, d'où il était probable que les Autrichiens chercheraient à déboucher; le reste de l'armée observa Pizzighetone à droite, et le cours du Lambro à gauche; les divisions qui n'avaient pu passer le Pô que successivement sur des bateaux, se ralliaient marcher à l'ennemi et lui couper sa retraite. Surprise de De son côté, Beaulieu, qui s'était dirigé sur Codogno. Casal-Pusterlengo avec 9 bataillons et 12 esca

pour

drons, fit encore de ce petit corps ce qu'il faisait de toute son armée; il le morcela en six détachemens : un bataillon fut dirigé sur Senna, un sur, Somaglia, 2 sur Fombio; 2 autres furent chargés d'aller à la recherche de Liptay, dont on n'avait reçu aucunes nouvelles; enfin, les 3 bataillons restans arrivèrent à Casal-Pusterlengo avec le général en chef, dont la gauche était derrière Pizzighetone, la droite en marche vers Milan, tandis que le centre, ainsi éparpillé, se trouvait en face de toute l'armée française. Le général autrichien, informé à Casal de l'occupation de Codogno par les Français, se décida à profiter de la nuit pour les surprendre et rétablir sa communication avec Liptay, qu'il supposait être encore dans le voisinage; le reste de son armée reçut l'ordre de forcer de marche pour gagner l'Adda par Lodi et Cassano. La colonne autrichienne donna sur les avant-postes de la division Laharpe, et les surprit complètement. Ce général,

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