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Antérieur,. (ou passé), par rapport à la seconde action, le bruit qui s'éleva..... quand j'eus parlė.

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Immediat, parce que l'action qu'il exprime s'est passée immédiatement avant celle qui la suit: à peine eus-je parlé, qu'il s'éleva..... aussitôt que j'eus cacheté mes lettres, je vis.

On aurait pu, avec le même auteur, donner au second, j'avais parlė, le nom de passé antérieur indéfini : car j'avais parlé, comme je parlais, désigne l'action comme s'étant passée dans une ligne indéfinie.

Il ne peut donc être ni périodique ni immédiat; mais il diffère de je parlais par une idée d'antériorité. Nous reviendrons, dans un article séparé, sur les phrases dites temps composés.

NUMÉRO IV.

Temps 4, ou futur indicatif, je serai.

adresse

Quand Monsieur le marquis ira dans, A l'accusé tremblant quand votre bouche ses terres, les postillons ne sauront-ils pas les chemins? VOLT. Jeannot et Colin.

Il y a, lui dirais-je, un autre moyen d'employer son temps et sa personne, c'est de se mettre au service; c'est-à-dire, de se louer à très-bon compte pour aller tuer des gens qui ne vous ont point fait de mal. J.-J. R. Emil. 5.

Ces terribles mots : tu mourras,
Tremblez, juges! sa vie est en votre puissance;

L'erreur à l'échafaud peut traîner l'innocence.
Mais si vous vous trompez, hélas!
O remords! ô douleur! malheureux magis-

trats!

Vous ne pouvez jamais expier un tel crime.
Vous passez votre vie à pleurer la victime;
Vous ne la ressuscitez pas.

FR. DE NEUFCH. 5, 3.

L'emploi de ce temps n'offre de difficulté que lorsqu'il s'agit du choix du mode. Voyez le subjonctif et le suppositif.

Il y a plusieurs périphrases pour réveiller l'idée de futur, tu vas mourir, tu dois mourir, tu es près de mourir; mais ce ne sont pas là des temps. Tu mourras, voilà le seul temps qui exprime le futur.

Ici les grammairiens arrivent pour la seconde fois avec une phrase qu'ils appèlent un temps composé.

Vous aurez vu votre tante au SaintEsprit, et vous aurez été reçue comme une reine. Mad. DE SÉv. 27 fév. 1671. Quand j'aurai reçu de vos lettres, la parole me reviendra.

Mad. DE SEV. 14 juin 1671

Je ne vois là que de futur vous aurez, j'aurai, mais vous aurez vu est une phrase qui, par résultat, éveille une idée du futur et une idée de passé, vu par luimême n'exprime aucun temps.

NUMÉRO V.

Du temps 4, ou futur dit présent impératif.

Ce temps étant unique dans son mode, voyez l'impératif, nous n'ajoute1299 rons que quelques mots sur le nom de présent, qu'on a coutume de lui

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Ne rougis point de prendre une voix sup-moment que parle Phèdre, ŒEnone ne

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presse ni ne pleure, etc. Ces actions ne coexistent donc point avec l'instant de la parole; elles ne sont donc point au présent.

Quand on vous dit prenez, non-seulement vous n'avez pas encore pris, mais donc prenez Vous ne prenez pas encore :

n'est

pas

un présent.

Vous, qui voyez là des présents, veuillez assister à la scène; vous y verrez Orosmane tenant un écrit, et s'adressant à Corasmin, à celui qui écoute, mais `qui ne va, ni ne vole, ni ne montre l'écrit, puisqu'il ne le tient point même encore : donc les impératifs va, vole, montre, ne sont pas des présents.

Lorsque Brutus prononce ces terribles paroles, jurez, personne ne jure encore. Mais les conjurés avancent leur main et vont jurer.

Lorsque Cassius propose un serment encore plus terrible, jurons, cette action ne se fait point au moment même, mais un instant après. Jurez, jurons n'expriment donc point des idées de pré

sent.

Feuilletez tous les auteurs, épuisez les exemples, vous n'en trouverez pas un seul où l'idée de présent soit exprimée par l'impératif.

Et ici l'idéologie parle aussi haut que les faits. L'impératif présente l'action comme voulue par celui qui parle. Or, dès que je veux qu'une chose se fasse, c'est qu'elle ne se fait point. Va, vole; donc tu ne vas ni voles.... Jurez, donc vous ne jurez point.

1300

Qu'est-ce en effet qu'un temps présent?

C'est celui qui coexiste avec l'instant de la parole. Or, pendant que je parle pour inviter à faire une action, cette action nc coexiste pas avec le moment où je parle : elle n'est donc pas présente.

Comment, contre cette double évidence, s'est-il trouvé un premier homme qui ait cru voir un présent dans l'impératif? Et comment, malgré les progrès des lumières, persiste-t-on dans nos écoles à corrompre l'intelligence de la jeunesse, en répétant de telles doctrines ?

Mais peut-on dire même que l'impératif est un futur? Car, de ce que que je t'invite à faire une action, il ne s'ensuit point qu'elle se fera. De ce que Brutus dit à César:

Commence ici par moi, si tu veux régner, frappe.

on ne peut pas conclure que César commencera ses vengeances par Brutus, et qu'il le frappera. L'impératif n'exprime donc point un futur positif, autrement ce serait un indicatif; mais il représente l'action comme voulue pour le futur. Le temps qu'il exprime est donc un futur, un futur voulu par la première personne, soit que ce futur s'effectue ou ne s'effectue pas.

Mais cette première personne n'exprime jamais sa propre action. Ainsi, quoique j'invite ou commande maintenant, ce n'est point pour maintenant, mais pour un moment plus ou moins éloigné de l'instant de la parole que je commande ou que j'invite. Si même je dis jurez maintenant, c'est que maintenant vous ne jurez pas.

NUMÉRO VI.

Temps 6, je sois.

Cet article est épuisé dans le paragraphe du subjonctif, et dans l'artic 7, où nous comparons ensemble je fusse et je sois, no 1301.

Ce temps, comme tous les autres, peut être suivi d'un adjectif, et faire avec lui la phrase dite temps composé.

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Pour le résultat, la phrase appelée temps composé présente, de plus que

le temps 6, simple, une idée de passé.

1301

1302

ARTICLE VII.

Temps 7, ou que je fusse. ¡

On a déjà vu une partie de son emploi dans l'article premier. On a vu aussi, lorsque nous avons traité du mode subjonctif, quand il faut se servir des temps de ce mode. Il ne reste plus qu'à en déterminer le choix. Le meilleur moyen est de les comparer.

TEMPS 7. Que je fusse.

Je n'ai pu aller à Livry, quelque envie
que j'en eusse.

C'est-à-dire, je n'ai pu aller à Livry;
nagrande
cependant j'en avais grande envie.

C'était la plus belle décoration qu'on
pût imaginer. Mad. DE SÉv. 6 mai 1672.

TEMPS 6. Que je sois.

Je n'ai pu encore aller à Livry, quelque envie que j'en aie.

Mad. DE SKV. 6 mai 1672. C'est-à-dire, et cependant j'en ai grande

envie.

C'était une des plus belles décorations qu'on puisse imaginer.

C'était là une des plus belles fêtes que

C'était une des plus belles fêtes que l'on puisse voir. Mad. DE SEV. 6 mai 1672.

l'on pût voir.

C'est-à-dire, on pouvait voir des fêtes, et c'était là une des plus belles.

C'est-à-dire, on peut voir des fêtes, et c'était là une des plus belles.

Les grammairiens posent cette règle : « Après un passé ou conditionnel, mettez l'imparfait du subjonctif (ou temps 4). » Ainsi ils ne contesteront point les exemples de la première colonne. Mais que devient la règle devant ceux de la seconde ?

Ils en font une autre d'après laquelle on doit mettre le présent du subjonctif ou temps 6 après le présent ou le futur.

LES DEUX RÈGLES DES GRAMMAIRIENS VIOLÉES.

TEMPS 7. Je fusse, après un présent | TEMPS 6. Je sois, après un passé ou
ou un futur.
un conditionnel.

Crois-tu que je ne susse pas à fond
tous les sentiments de mon père?
MOL. L'Amour méd. 1, 2.
Ce n'est pas qu'on disputat rien aux
rois, ou que personne eût droit de les
contraindre. Bossuet, Hist. univ. 3o part.

Ce n'est pas que j'eusse mieux fait que
vous. Mad. DE SÉv.

Par ma foi, il y a plus de quarante
ans que je dis de la prose, sans que j'en
susse rien. MOL. Le Bourg. gentilh.
On craint qu'il n'essuyât les larmes de sa mère.
RAC. Androm.
C'est-à-dire, peut être il essuierait les
larmes de sa mère, s'il vivait, et on le
craint.

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Suite.

C'est à vous que je m'adresse pour

On croit sérieusement qu'il y a peu

vous annoncer une des plus fàcheuses de gouverneurs qui puissent avoir une pertes qui pussent arriver : c'est celle de pareille suite. Mad. de Sév.

M. de Turenne. Mad. De Sév.

Qu'on corrige ces passages sur les règles de nos grammaires, et voilà autant de contre-sens que de phrases.

On craint qu'IL N'ESSUIE les larmes de sa mère, changerait l'idée d'Andromaque, et signifierait: Il essuiera les larmes de sa mère, et on le craint. Mais là veuve d'Hector est bien loin d'espérer un tel bonheur. On craint qu'il n'essuyât fait penser à la condition tacite qu'elle y met. On craint qu'il n'essuyât les larmes de sa mère, si on le lui laissait.

Depuis deux ans entiers, qu'a-t-il dit, qu'a-t-il fait,

Qui ne promit à Rome un empereur parfait?

eût aussi tout changé, et n'eût pu s'entendre de Titus qui doit régner, et qui en effet régnera (1).

Ainsi l'on ne peut régler le choix du temps subjonctif sur le verbe. C'est donc en vain qu'on se fatigue à multiplier les recettes, elles sont toutes en défaut.

C'est à l'idée qu'il faut s'attacher.

Si l'époque pour laquelle on exige l'action marquée par le subjonctif est purement passée, ou si elle est suppositive, employez le temps 7, comme je fusse; mais si cette époque est présente ou future, il faut employer le temps 6, dit présent du subjonctif.

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Dans la seconde phrase, la condition

étaient aussi utiles qu'elles sont énoncées est sous-entendue, si en effet elles étaient avec confiance! Il suffirait de se bien (aussi utiles, etc., et il suffirait, etc.

pénétrer de quelques axiomes pour con

naître à fond tout ce qu'il est possible
de savoir.... M. DE LAROMIGUIÈRE.

(1) Qui ne promit, c'est-à-dire, qui ne promettait un empereur parfait. C'est ce que disaient les badauds de Rome après la mort de Germanicus, et ce que répète le vulgaire des historiens. Je parle ainsi, parce que je ne croirai jamais que le mari d'Agrippine, le père de Caligula, celui surtout qui, après la révolte de ses légions en Germanie, vit, sans y mettre aucun obstacle, septembriser une partie de son armée par l'autre ; nec Cæsar arcebat, eût pu jamais être un bon empereur,

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