Page images
PDF
EPUB

96

RÉSUMÉ.

Les substantifs absolus expriment donc, indépendamment de leur idée. fondamentale,

[merged small][merged small][ocr errors][merged small]

On est le seul substantif absolu qui exprime l'idée d'un cas, ce cas est un nominatif.

Certains substantifs personatifs expriment

[blocks in formation]

Tu es grand, tu es puissant; ce n'est | Petits princes, videz vos débats entre vous ; 97 pas assez, fais que je t'estime.

De recourir aux rois, vous seriez de grands fous. LA F. 4, 4.

LA BRUYÈRE.

Ce ne vous sera pas une charge trop grande.

LA F.

Hélas! les oreilles des grands
Sont souvent de grandes oreilles! VOLT.

Voilà un adjectif qualificatif qui, indépendamment de l'idée fondamentale, réveille les quatre idées accessoires

de genre masculin singulier,

grand;

[blocks in formation]

de genre masculin pluriel,

de genre féminin pluriel,

La langue anglaise n'exprime que l'idée fondamentale, et n'a pour les quatre mêmes circonstances que great.

De fait, le sexe et le nombre n'existent que dans les objets, le genre et le nombre ne sont donc, dans les adjectifs, que des signes de rapport à tel ou .tel substantif.

ADJECTIFS DÉTERMINATIFS.

98

Le chant dont vous m'avez fait don
Déplait à toute la nature. La F. 2, 17.
Tous les mangeurs de gens ne sont pas grands
seigneurs. LA F. 2, 17.

Tout le bien du monde est à nous,
Tous les honneurs, toutes les femmes.
LA F.

7, 10.

Voilà le pour le masculin, la pour le féminin singulier, les sert au pluriel pour les deux genres.

On voit, par les mêmes exemples, que tout a ses quatre formes pour se mettre en rapport avec son substantif.

99 Ce loup rencontre un dogue aussi puissant que | Il me semble déjà que ces murs, que ces

[blocks in formation]

Ces, comine les, sert au pluriel pour les deux genres.

100 Quite rend si hardi de troubler mon breuvage?

LA F. 1, 10. Ma sœur, lui dit Progné, comment vous portez-vous? LA F. 3, 15.

Plus je te remplissais, plus mos mains étaient
vides.
J'ai bien fait de changer de ton.

LA F. 4, 8.

Mes est aussi comme ces pour les deux genres: mes pieds, mes mains.

101 Un, deux, trois, quatre corps; ce sont quatre

[blocks in formation]

Quatre chevaux tiraient un coche. Femmes, moine, vieillards, tout était descendu. LA F. 7, 9.

Il est évident que quatre ne peut point avoir de singulier; il en est de même de tous les adjectifs numératifs, excepté un, et ces mots n'ont qu'une forme pour les deux genres.

AJECTIFS ACTIFS.

102 Ce chien, voyant dans l'eau sa proie repré- | Les dames le voyant arriver à la cour

sentée,

La quitta pour l'image, et pensa se noyer.

Dirent d'abord: Est-ce là ce Narcisse? LA F.

LA F. 6, 7.

On avait mis des gens au guet,

Ne purent s'empêcher de dire
Que c'était un puissant navire.

LA F. 3, 8.

LA F. 6, 10.

L'autre, tout au rebours, voyant le palais plein Qui, voyant sur les eaux flotter certain objet,

De ces gens nommés médecins,

Ne crut pas y pouvoir demeurer à son aise.

Voilà l'adjectif actif voyant successivement en rapport avec quatre substantifs différents, le chien, la goutte, les gens, les dames, et qui pourtant n'a qu'une forme. Il n'en éveille pas moins dans ces quatre positions les idées accessoires ordinaires.

On verra, dans la Lexigraphie, qu'il en est de même de tous les adjectifs actifs.

[blocks in formation]

Cette dernière sorte d'adjectifs, vulgairement appelée participes passifs ou du passé, ajoutent à leur idée fondamentale les quatre mêmes idées accessoires de genre et de nombre, et éprouvent les mêmes variations que les adjectifs qualificatifs et les déterminatifs.

C'est parce qu'on n'a pas compris la nature de cet adjectif qu'on l'a entouré de difficultés, que fait disparaître en grande partie une saine idéologie.

Qu'est-ce qui est vu? l'Olympe,

Philomèle,

eux,

elles (les maximes).

C'est toujours le rapport d'identité qu'il faut chercher, et non pas, comme on croit, un régime; car on verra, dans la partie de ce cours qui traite de l'emploi des mots, que jamais l'adjectif passif n'a de régime objectif, c'est-à-dire d'accusatif, dans les langues qui ont des cas.

[blocks in formation]

plus méchante)

Que l'écolier, si ce n'est le pédant.
Le meilleur de ces deux, pour voisin, à vrai
dire,
Ne me plairait aucunement.

La F. 9, 5.

Le meilleur a le même sens que le plus bon, expression inusitée parmi ceux qui ont un peu d'usage, mais qu'emploient invinciblement les enfants jusqu'à l'âge de cinq ou six ans, et souvent encore au-delà ; cependant ils n'ont jamais entendu dire plus bon. C'est ainsi qu'ils disent long-temps: j'ai mal à mon pied, ou à le pied, quoiqu'on ait toujours dit devant eux: j'ai mal au pied; tant l'analogie a de force!

Or en comparant moindre à petit,

pire à méchant,

meilleur à bon,

moindre, pire et meilleur expriment un degré de plus dans ces trois qualités; ils ont été appelés comparatifs.

Ce sont les trois seuls adjectifs de cette sorte que nous ayons dans notre langue; nous reviendrons sur la dénomination.

404

105 Presque tous les adjectifs qualificatifs latins ont un comparatif : Doctus (docte) fait doctior (plus docte ),

[blocks in formation]

Doctus, fortis, c'est le degré positif, primitif, originel, il exprime la qualité pure et simple; doctior, fortior, joint à l'idée fondamentale celle d'une idée de supériorité relative, que nous sommes forcés d'exprimer par un mot séparé, par plus, appelé vulgairement adverbe, c'est un vrai comparatif, venu du latin plus, pluris.

sime. MOLIERE. L'Etourdi.

106 Oui, je montrerai par Aristote, le Mascarille est un fourbe, et fourbe fourbisphilosophe des philosophes, que tu es un ignorant, ignorantissime, ignorantifiant et ignorantifié, par tous les cas et modes imaginables. Molière.

Les latins ont ignorans, ignorantior, ignorantissimus. Voilà leurs trois degrés le positif ignorans, le comparatif ou supérioritif ignorantior, et enfin ignorantissimus, d'où notre ignorantissime, que nous appelons avec eux superlatif, c'est-à-dire adjectif qui porte la qualité à un très-haut degré. On a dit dans le plus haut degré, c'est une grande erreur; ignorantissime ne signifie jamais le plus ignorant, mais très-ignorant.

Nous avons fait, à l'imitation du latin, quelques autres superlatifs :

[blocks in formation]

Et nos écrivains se permettent quelquefois d'en créer. Voltaire a dit :

La parvulissime, la pédantissime répu

blique de Genève.

Ell'un des traducteurs de Don Quichotte : 107

Puissantissime seigneur, et vous bellis sime dame, l'écuyer fidelissime, etc.

Nous avons aussi quelques superlatifs d'une autre forme :

Si Charles, par son crédit,

M'a fait un plaisir extrême,

J'en suis quitte; il l'a tant dit,

Qu'il s'en est payé lui-même. CAILLY.

Des auteurs de nos jours les volontés suprêmes, Au moment du trépas, sont la voix des dicux mêmes.

Nous avons encore minime, une affaire minime, c'est-à-dire très-petite. Voilà pourquoi on ne dit pas très-extrême, très-suprême, très-minime.

NATURE DES DEGRÉS.

108 Soit que le degré s'exprime par une forme particulière de l'adjectif, comme doctus, doctior, doctissimus, ou par un mot séparé, comme dans docte, plus docte, très-docte, il y a évidemment comparaison; car on est

S'il y a des comparatifs d'infériorité.

112 Si moindre, par exemple, était le comparatif de grand, ce serait sans

113

114

115

doute un comparatif d'infériorité. Mais moindre est évidemment la traduction du latin minor, de minutus, menu, petit, et signifie plus menu, c'està-dire plus petit; donc moindre renferme une idée de supériorité dans la petitesse.

Il n'existe dans aucune langue de comparatifs d'infériorité. Les Latins disent: magnus, major, maximus ; voilà les trois degrés, savoir, le positif, le supérioritif (comparatif) et le superlatif de magnus. Ils disent: minutus, minutior ou minor, et minimus, petit, moindre (ou plus petit), très-petit. Ce sont encore les trois mêmes degrés, mais d'un autre adjectif.

On voit par-là que ceux qui admettent des comparatifs d'infériorité n'ont pas même soupçonné la nature de la graduation.

Développements.

Nous avons vu comment M. Grado a varié l'adjectif grand. Nous avons remarqué que pour employer le positif grand et le superlatif grandissime, il a dû connaître la mesure GÉNÉRALE d'après laquelle on est grand dans son globe; que pour faire ses majors, c'est-à-dire ses hommes plus grands que les autres, il a eu peu de peine, toute mesure lui a été bonne; car il a facilement aperçu que le géant était major, par rapport à lui, et que lui Grado était major à son tour, comparativement à ceux qu'il surpassait d'un pied, d'un pouce, ou seulement d'une ligne.

Mais la grandeur générale que s'est faite M. Grado n'est que pour les habitants de son globe; un Lapon-géant, un Lilliputien-géant est un nain pour lui.

Ce n'est pas tout. L'idée de grand s'applique à d'autres êtres qu'à l'homme; il a donc fallu que M. Grado se formât des idées nettes d'autant de mesures générales de grandeurs qu'il a d'êtres différents à mesurer. Sous ce rapport il a eu

un homme grand,

un grand arbre,

un grand dîner,
un grand château.

un grand champ,

un grand génie,

un grand chapeau,
un grand sot,

un grand fripon,

et mille et mille autres objets qu'il n'a pu appeler grands qu'après s'être fait, par de longues observations, autant de mesures générales; car dans

« PreviousContinue »