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gère; il n'est plus question de plaire, il faut épargner pour votre mari et pour vos enfants, s'il plaît à Dieu de vous en donner. Mandez-moi quelle est votre situation, le plan de votre vie, comment vous êles pour le spirituel et pour vos occupations; je m'y intéresserai tant que vous ferez bien, et je serai ravie, madame, de savoir de vos nouvelles, étant de tout mon cœur tout à vous.

31.- A Mme DE LA LANDE 2.

1695.

Vous voilà, ma chère enfant, dans votre ménage. Je prie le ciel de le bénir et je l'espère fermement. Vivez dans le fond de votre maison, fuyez le monde. Lisez, travaillez, instruisez votre petit domestique, gagnez leurs âmes à la vertu. Attachez-vous à plaire à votre mari et tâchez de ne plaire qu'à lui seul. Of frez à Dieu vos enfants avant et après leur naissance. Édifiez ceux qui vous verront: voyez-en le moins que vous pourrez ; que Saint-Cyr et ma maison soient vos plus grands plaisirs. Aimez vos devoirs, si vous

1 J'emprunte cette lettre à la copie qui en fut faite par La Beaumelle sur les manuscrits des Dames de Saint-Cyr, et qui est entre mes mains. Cette copie n'est pas du tout conforme au texte qu'il a arrangé pour le faire imprimer. Voir la préface des Lettres historiques et édifiantes, p. 17.

2 Mlle de Biodos de Castéjà, née en 1672, élevée à Saint-Cyr, avait été attachée durant quelques années à Mme de Maintenon, qui lui fit épouser M. de La Lande en 1695, et la fit nommer sousgouvernante des enfants de France. Elle était très-belle, et aussi distinguée par son esprit que par sa vertu.

voulez les remplir. Soyez laborieuse : nous sommes tous nés pour le travail, et aucun des moments de notre vie n'est à nous. Priez pour moi : votre cœur est pur, vos prières seront exaucées. Vous savez mieux que personne mes imperfections et mes besoins.

Je compte sur ce que je vous ai proposé pour demain. Si quelque chose vous en empêchoit, il faut le mander à Mlle de Normanville 1.

4. — A Mmc DE LA LANDE.

17 mars 1697.

Je parlai hier au soir à M. de Pontchartrain. Il me dit que vous allassicz le trouver les premiers jours du mois prochain. Mais comme votre état ne vous le permettra pas3, il faut que M. de La Lande y aille : ce billet le présentera.

Je ne puis pas aller chez vous, vous ne pouvez pas venir chez moi; cependant vous voulez me voir et je veux que vous me voyiez. Je vous envoie donc ma chambre1. Je sais que vous vous y êtes amusée.

1 Demoiselle de Saint-Cyr, qui avait succédé à Mlle de Castéja, comme secrétaire de Mme de Maintenon.

2 J'emprunte cette lettre à la copie qui en fut faite par La Beaumelle. Dans le texte qu'il a arrangé, il l'a abrégée et réunie à la lettre précédente.

3 Elle était enceinte.

4 « C'est un tableau sur éventail où l'on voit au naturel l'appartement de Mme de Maintenon. Le Roi y travaille à son bureau, Me de Maintenon file, la duchesse de Bourgogne et Mlle d'Au

5.- A Me DE LA LANDE'.

Saint-Cyr, 8 septembre 1698.

Je suis très-touchée de votre douleur, ma trèschère. Je l'ai toujours prévue et crainte, n'ayant jamais eu bonne idée de ce pauvre enfant. Donnez de bon cœur à Dieu les prémices de votre famille. C'est un ange, et selon toutes les apparences, vous ne manquerez pas d'enfants. Quand vous vous porterez bien, venez ici, vous y trouverez des dis tractions innocentes qui charmeront votre affliction.

bigné font collation. » (Note des manuscrits de Saint-Cyr.) — Pour bien comprendre la scène de cet éventail, il faut lire la note qui se trouve dans les Lettres historiques et édifiantes, t. II, p. 156.

1 J'emprunte cette lettre à la copie qui en fut faite par La Beaumelle, mais elle ne se trouve pas dans sa collection; par compensation, on y voit celle qui suit et dont je n'ai pu retrouver l'origine. Elle est peut-être exacte, moins la dernière ligne que Mme de Maintenon n'a certainement jamais écrite.

« Je suis ravie, ma chère enfant, de vous savoir accouchée heureusement, et accouchée d'un garçon. Je vous l'avois bien dit, qu'on se faisoit les maux plus grands qu'ils n'étoient, et que la tendresse pour l'enfant en diminuoit une partie, et que l'amour pour le père donnoit la force de supporter l'autre. Remerciez Dieu de ses gràces: un mari sage, un fils, de la santé, quels biens souhaiter après cela? Personne ne s'intéresse à vous plus que moi; vous mériterez toujours mon amitié, vous l'aurez toujours. Conservez-vous: tàcher de se bien porter, est un de vos devoirs. Quoi que vous entendiez dire, ne vous alarmez pas*; fiez-vous en noi; on verra que vous êtes favorite d'une favorite. »

*

Sur la place de sous-gouvernante que Mme de Maintenon lui avait pro

Je ne vous assure pas de mon amitié; il me semble que vous n'en doutez pas, et vous avez raison1.

6.-CONSEILS AUX DEMOISELLES DE SAINT-CYR,

POUR LEUR CONDUITE DANS LE

MONDE 2.

1698.

On m'ordonne, mes chers enfants, d'écrire quelque chose pour celles d'entre vous qui serez assez malheureuses pour retourner dans le monde, n'ayant point de vocation pour la religion 3. J'appelle celleslà malheureuses parce qu'elles auront plus de difficultés à se sauver et plus de peines pour les affaires temporelles dont les religieuses sont plus éloignées. Mais puisque Dieu a voulu sanctionner tous les états, il faut vous dire par quels moyens vous pouvez le glorifier dans celui du mariage, s'il vous y appelle.

Vous éprouverez dans cet état combien l'obéissance de Saint-Cyr est douce en comparaison de celle qu'il faut avoir pour un mari, dont il faudra étudier l'humeur et les volontés pour aller au-devant de tout ce qu'il peut désirer.

Cependant votre devoir sera de lui obéir en ce qui ne sera pas un péché, et c'est à quoi votre salut

1 Voir plus loin, page 34, une instruction où il cst question de Mme de La Lande, devenue veuve.

2 Tiré d'un manuscrit saus titre et détérioré qui renferme principalement les lettres à d'Aubigné et à Mme de Caylus ; p. 319. (Il m'a été communiqué par M. de Monmerqué.)

3 C'est-à-dire pour la vie religieuse.

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