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très-célèbres, qui tous y ont applaudi, & en ont trouvé la doctrine très-faine & très-pure. Que beaucoup de Prélats illuftres, à qui je l'ai réci tée, en ont jugé comme eux. Que 3 Monseigneur l'Evêque de Meaux, c'est-à-dire une des plus grandes Lumieres, qui ayent éclairé l'Eglife dans les derniers Siècles, a eu long-tems mon Ouvrage entre les mains; & qu'après l'avoir lû & relu plufieurs fois, il m'a non feulement donné fon approbation, mais a trouvé bon que je publiasse à tout le monde qu'il me la donnoit. Enfin, que pour mettre le comble à ma gloire, ↑ ce faint Archevêque, dans le Diocèfe duquel j'ai le bonheur de me trouver, ce grand Prélat, dis-je, aussi éminent en doctrine & en vertus, qu'en dignité & en naissance, que le plus grand Roi de l'Univers, par un choix vifiblement infpiré du Ciel, a donné à la Ville Capitale de fon Roiaume, pour afürer Innocence, & pour détruire l'Erreur; Monseigneur l'Archevêque de Paris, en un mot a bien daigné auffi examiner foigneufement mon Epitre, &a eû même la bonté de me donner fur. plus

REMARQUES.

· 3 Mr. l'Evêque de Meaux.] JAQUES BENIGNE BOS

SUET.

4 Ce faint Archevêque.] Louis ANTOINE DE NO AIL LES, Archevêque de Paris, enfuite Cardinal.

s Dont je fuis également ravi & confus:] Dans la premiere édition de cette Préface, qui parut en 1696. l'Auteur la finiffoit par ce petit Article, qu'il fupprima dans l'édition fuivante, & que je raporte ici pour ne rien dérober à la Poftérité de ce que nous avons de lui.

"Je croïois n'avoir plus rien à dire au Lecteur. Mais dans le tems même que cette Préface étoit fous la preffe, » on m'a aporté une miférable Epitre en Vers, que quel

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que

plus d'un endroit des confeils que j'ai fuivis ; & m'a enfin accordé auffi fon approbation avec des éloges dont je fuis également ravi confus.

Au refte, comme il y a des Gens qui ont publié, que mon Epitre n'étoit qu'une vaine déclamation, qui n'attaquoit rien de réel, ni qu'aucun Homme eut jamais avancé, je veux bien pour l'interêt de la Vérité, mettre ici la Propofition que j'y combats, dans la Langue, & dans les termes qu'on la foûtient en plus d'une Ecole. La voici: Attritio ex gehennæ metu fufficit, etiam fine ulla Dei dilectione, & fine ullo ad Deum offenfum respectu; quia talis honefta & fupernaturalis eft. C'eft cette Propofition que j'attaque, & que je foûtiens fauffe, abominable, & plus contraire à la vraie Religion, que le Lutheranisme ni le Calvinisme. Cependant je ne croi pas qu'on puifle nier qu'on ne l'ait encore foûtenuë, depuis peu, & qu'on ne l'ait même inferée dans quelques Catéchismes en des mots fort approchans des termes Latins, que je viens de rapporter.

སྦྲུ

29

"

REMARQUES.

» que Impertinent a fait imprimer, & qu'on veut faire paffer pour mon Ouvrage fur l'Amour de Dieu. Je fuis donc obligé d'ajoûter cet article, afin d'avertir le Pu» blic, que je n'ai fait d'Epître fur l'Amour de Dieu, que celle qu'on trouvera ici: l'autre étant une Pièce fauffe, & incomplète, compofée de quelques vers qu'on m'a n dérobez, & de plufieurs qu'on m'a ridiculement prêtez, auffi bien que les notes temeraires qui y font.

"

"

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6 Au reste, &c.] L'Auteur ajoûta cet article dans l'édition de 1701.

7 Dans quelques Catéchismes.] Voïez le Catéchisme de Mr. JOLI, & quelques autres.

EPITRE X.

A MES VER S.

Ar beau vous arrêter, ma remontrance eft vaine,

JA

Allez, partez, mes Vers, dernier fruit de ma veine;

C'est trop languir chez moi dans un obscur séjour. La prifon vous déplaît, vous cherchez le grand jour; 5 Et déja chez Barbin, ambitieux Libelles,

Vous brûlez d'étaler vos feuilles criminelles.

Vains

REMARQUES.

L'Auteur aiant été nommé par le Roi en 1677. pour écrire fon Hiftoire, fembloit avoir entièrement renoncé à la Poëfic. Néanmoins, feize années après, il compofa fon Ode für la prife de Namur, en 1693. & l'année fuivante il publia la Satire X. contre les Femmes. A la vûë de ce dernier Ouvrage l'audace des Critiques fe réveilla: il fut expofé à la cenfure d'une infinité de Poëtes médiocres ; & ce fut pour leur répondre qu'il compofa cette Epître. Elle eft écrite avec beaucoup d'art; & d'eft une chofe affez fingu lière d'y voir un Poëte Satirique couvrir fes Cenfeurs de confufion, rejetter fur eux toute l'indignation du Public, & s'attirer noblement la tendreffe & la compaffion des Lecteurs. Notre Auteur avoit une grande prédilection pour cette Pièce, & il l'appeloit ordinairement fes Inclinations. Elle fut faite au commencement de l'année 1695. & l'idée en eft prise d'une Epître d'Horace, qui eft la vingtième du Premier Livre,

IMIT. Vers 1. J'ai beau vous arrêter, &c.] Horace com mence ainfi l'Epître qu'on vient de citer.

Vertumnum, Janumque, Liber, spectare videris:

Scilicet ut profes, Sociorum pumice mûndus.

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Vains & foibles Enfans dans ma vieilleffe nez,

Vous croïez fur les pas de vos heureux Aînez,

Voir bien-tôt vos bons mots, passant du Peuple aux Princes,

10 Charmer également la Ville & les Provinces;

Et par le promt effet d'un fel réjouiffant,

Devenir quelquefois Proverbes en naiffant.

Mais perdez cette erreur, dont l'appas vous amorce. Le tems n'est plus, mes Vers, où ma Muse en fa force, 15 Du Parnaffe François formant les Nourriffons,

De fi riches couleurs habilloit fes leçons.

REMARQUES.

Odifti claves, & grata figilla pudico

Paucis oftendi gemis, & communia landas. &c.

Quand

VIRS 5. Et déja chez Barbin &c.] Libraire de Paris.

VERS 12. Devenir quelquefois Proverbes en naissant.] Il y a des expreffions heureufes qui renferment un grand fens en peu de paroles: elles font ordinairement adoptées par le Public, & deviennent bien-tôt Proverbes. Tels font la plûpart des vers de notre Auteur.

J'apelle un Chat un Chat, &c. Sat. I. 52.

La Raifon dit Virgile, & la Rime Quinaut. Sat. II. 20.
Des fottifes d'autrui nous vivons au Palais. Ep. II. 51.
Un Sot trouve toujours un plus Sot qui l'admire. Art Poët,
Chant I. vers dernier.

2:4

Un Fat quelquefois ouvre un avis important. ~Art Poët.
Chant IV. 5o.

VERS 16. De fi riches couleurs habilloit fes leçons.] L'Art
Poëtique.

Quand mon Esprit pouffé d'un courroux légitime, Vint devant la Raison plaider contre la Rime; A tout le Genre Humain fut faire le procès, 20 Et s'attaqua foi-même avec tant de fuccès. Alors il n'étoit point de Lecteur fi fauvage, Qui ne fe déridât en lifant mon Ouvrage; Et qui, pour s'égaïer, fouvent dans fes Discours, D'un mot pris en mes Vers n'empruntât le fecours. 25 Mais aujourd'hui, qu'enfin la Vieilleffe venuë, Sous mes faux cheveux blonds déja toute chenuë, A jetté fur ma tête, avec fes doigts pefans, Onze luftres complets, furchargez de trois ans, Ceffez de préfumer dans vos folles penfées, 30 Mes Vers, de voir en foule à vos rimes glacées

REMARQUES.

Cou

VERS 18. Vint devant la Raison plaider contre la Rime,] Satire deuxième.

VERS 19. A tout le Genre Humain fut faire le procès. ] Sa tire huitième.

VERS 20. Et s'attaqua foi-même &c.] Satire neuvième. VERS 25. Mais aujourd'hui qu'enfin &c.] Le jugement de l'Auteur fur ce vers & les trois fuivans, eft contenu dans une Lettre qu'il écrivit à Mr. de MAUCROIX, au mois d'Août 1695. Elle eft inferée ci-après, Tom. III.

VERS 28. Onze luftres complets furchargez de trois ans. ] Cinquante-huit ans.

IMIT. Vers 32. Nos beaux jours font finis, nes honneurs font paffez. Ce vers reffemble un peu à celui-ci de l'Epître cinquième:

Ainfi que mes beaux jours, mes chagrins sont passez.

Et à cet autre de RACINE, dans Mithridate, Acte III

Sc. V.

Mes

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