60 Et la Scène Françoise eft en proie à Pradon. Et ma Mufe occupée à cet unique emploi, Ne regarde, n'entend, ne connoît plus que Toi 65 Tu le fais bien pourtant, cette ardeur emprefféeN'eft point en moi l'effet d'une ame intéressée. Avant que Tes bienfaits couruffent me chercher, Mon zèle impatient ne se pouvoit cacher. Je n'admirois que Toi. Le plaifir de le dire 70 Vint m'apprendre à louer au sein de la Satire. Et depuis que Tes dons font venus m'accabler, Loin de fentir mes Vers avec eux redoubler, Quelquefois, le dirai-je, un remords légitime, Au fort de mon ardeur, vient refroidir ma rime. REMARQUES. VERS 60. Et la Scène Françoise eft en proie à Pradon.] Mauvais Auteur de Tragédies. Voïez le dernier vers de l'Epître précédente. VERS 62. J'amaffe de tes faits le pénible volume.] Ce vers & les deux fuivans pourroient faire croire que Mr. Despréaux étoit déja nommé pour écrire P'Hiftoire du Roi; mais il ne le fut qu'en 1677. VERS 80. N'ait moins de poids pour Toi dans la Poftérité.] Notre Auteur étant un jour en conversation avec Mr. le Marquis de Dangeau & Mr. du Charmel, ces deux Meffieurs firent le parallèle de l'Eloge du Roi, exprimé à la fin de l'Epître 1. & de l'Eloge qui eft contenu dans ce dernier vers, & les cinq précédens de l'Epitre VIII. On contefta long-tems fur la préférence de ces deux endroits. Mr. du Charmel étoit pour le premier; & Mr. de Dangeau fe déclara pour le fecond: dans l'un, on trouvoit plus de force; & dans l'autre plus de délicateffe. Enfin, Mr, de Dangeau termina 75 Il me femble, GRAND ROI, dans mes nouveaux Ecrits, Que mon encens païé n'est plus du même prix. J'ai peur que l'Univers, qui fait ma récompenfe, N'impute mes transports à ma reconnoiffance; Et que par Tes préfens mon Vers décredité 80 N'ait moins de poids pour Toi dans la Postérité. Toutefois je fai vaincre un remords qui Te bleffe. De vapeurs en fon tems, comme moi, tourmenté, " " REMARQUE S. دو Dans termina la difficulté en difant que la penfée de l'Epître première faifoit plus d'honneur au Roi, & que celle de P'Epitre VIII. en faifoit plus au Poëte. En effet, difoit Mr. Despréaux, la pensée de ma première Epître fait ,, plus d'honneur au Roi; parce que je dis que les actions font fi extraordinaires, que pour les rendre croïables à la Poftérité, il faudra confirmer le récit de l'Hiftoire », par le témoignage irréprochable d'un Satirique. Mais la pensée de l'Epitre VIII. me fait plus d'honneur, a-til ajoûté, parce que j'y fais l'éloge de ma générofité, & du défintereffement avec lequel je voudrois louer le Roi, de peur que mes louanges ne foient fuspectes de flaterie. دو VERS 88. De vapeurs.] Ce mot fe doit prendre au fens figuré & fignifie l'humeur chagrine & fatirique. Dans le tems auquel notre Auteur compofa cette Epître, on ne conaoiffoit de Vapeurs qu'aux femmes; & les hommes ne s'é 90 Dans l'encre quelquefois fût égaïer fa bile. 100 Quand j'entends le Lecteur qui me crie, Arrêtez. Ne vous a rien donné qu'un peu d'humeur bizare. Mais fur le ton flatteur Pinchêne eft votre égal. 105 A ce difcours, GRAND Ro1, que pourrois-je répondre? Je REMARQUE S. toient pas encore avisez d'être attaqués de cette indispofi tion. VERS 91, Qui peignit Tullius.] Sénateur Romain. Céfar l'exclut du Sénat; mais il y rentra après la mort de cet Empereur. Voïez Horace, Livre I. Satire VI. VERS 92. Couvrit Tigellius.] Fameux Muficien, le plus eftimé de fon tems, fort chéri d'Augufte. Voïez le commencement de la Satire III. Livre 1. d'Horace. VERS 93. Il fut fléchir Glycère.] Sa Maîtreffe. Ode XIX. du Livre I. VERS 104. Mais fur le ton flateur Pinchêne eft votre égal.] ETIENNE MARTIN, SI. de PINCHENE, Neveu de Voi ture. Je me fens fur ce point trop facile à confondre, .ture. REMARQUES. Il avoit fait imprimer un gros Recueil de mauvailes Poëfies, contenant les éloges du Roi, des Princes & Princeffes de fon fang, & de toute fa Cour: C'eft à quoi ce vers fait allufion. Voïez la Note fur le vers 163. du cinquième Chant du Lutrin. B. Picart Jet 1720. EPITRE IX. A M. LE MARQUIS DE SEIGNELAI, SECRETAIRE ETAT. ANGEREUX Ennemi de tout mauvais Flatteur, DAN SEIGNEL AI, c'est en vain qu'un ridicule Auteur, Prêt à porter ton nom de l'Ebre jusqu'au Gange, Croit te prendre aux filets d'une fotte louange. 5 Auffi-tôt ton Esprit, prompt à fe revolter, S'échappe, & rompt le piège où l'on veut l'arrêter. Il n'en eft pas ainfi de ces Esprits frivoles, REMARQUES. Que L'Auteur aiant attaqué fortement l'Erreur & le Menfonge dans fes précédens Ouvrages, il ne lui reftoit plus que d'infpirer l'Amour de la Vérité, en la repréfentant avec tous les avantages. C'est ce qu'il a fait dans cette Epître qui contient l'Eloge du Vrai, & dans laquelle il fait voir que Rien n'eft beau que le Vrai, & que le Vrai feul est aimable. Ce Poëte a fait briller ici tout fon génie, en traitant une matière fi conforme à fes fentimens ; & il a fù réünir en cette Pièce, tout le fublime de la Morale avec toute la douceur de la Poëfie. Elle a été compofée au commencement de l'année 1675. avant l'Epître précédente. Elle eft adreffée à Mr. JEAN BAPTISTE COLBERT, Marquis de SEIGNELAY, Secretaire d'Etat, fils aîné de Mr. Colbert. VERS 3. De l'Ebre jusqu'au Gange.] Expression commune & ufitée parmi les Poëtes médiocres. L'Ebre, Rivière d'Espagne. Le Gange, Rivière des Indes. VERS II. Et fiers du haut étage où La Serre les loge.] LA * Vers 43. SER |