Alors, ce fut alors, fous ce vrai Jupiter, 180 Qu'on vit naître ici-bas le noir Siècle de Fer. Le Frere au même inftant s'arma contre le Frere: Du Tanaïs au Nil porta les Conquerans: 185 L'Ambition paffa pour la Vertu fublime: Le Crime heureux fut jufte, & ceffa d'être Crime. Le véritable Honneur fur la voute céleste 190 Eft enfin averti de ce trouble funefte. REMARQUES. Va contre un Arrogant éprouver ton courage. Ce n'eft que dans le fang qu'on lave un tel outrage. Va IMIT. Vers 180. Qu'on vit naître ici bas le noir Siècle de Fer.] Ovide, Metamorph. Lib. 1. v. 128. Protinus irrupit vena pejoris in avum Omne nefas: fugere pudor, verumque, fidesque ; In quorum fubière locum fraudesque, dolique, Infidiaque, & vis, & amor fceleratus habendi. &c. Fratrum quoque gratia rara eft. Filius ante diem patrios inquirit in annos. VERS 184. Du Tanaïs au Nil porta les Conquerans. ] Juftin raporte que les premiers Conquerans fortirent de la Scythic, arro Va par tout fe montrer dans les terreftres lieux: Eft contraint de ramper aux piés du Séducteur. Il livre les Humains à leur triste esclavage, Depuis, toujours ici, riche de leur ruïne, REMARQUES. Mais arrofée par le Tanaïs, & chafferent Véxoris, ou Séfoftris, Roi d'Egypte, qui les vouloit foûmettre à fa domination. Justin, L. 2. c. 3. Cambyfe, fils de Cyrus, avoit déja conquis l'Egypte. Id. L. 1. c. 9. IMIT. Vers 204. Et peut-être eft-ce lui qui m'a difté ces vers.] Regnier a fait une Satire contre l'Honneur: c'eft la Satire VI. où il dit à la fin; Mais, mon Dieu, que ce Traître eft d'une étrange forte ! Que de lui je médis, il me flatte, & me dit, Que je veux par ces vers acquerir fon crédit. C'est tout ce que Mr. Despréaux a imité de cette Satire de Regnier. Mr. Pascal a dit auffi dans fes Penfees, ch. 24. Ceux qui écrivent contre la gloire, veulent avoir la gloire d'avoir bien écrits ceux qui le lifent, veulent avoir la gloire de l'avoir lû: & Tom. I. L mai 205 Mais en fût-il l'Auteur, je conclus de fa Fable, Que ce n'est qu'en Dieu feul qu'eft l'Honneur véritable. REMARQUES. moi qui écris ceci, j'ai peut-être cette envie, & peut-être que seux qui le liront, l'auront auffi. Ciceron le premier s'eft moqué de ceux qui mettoient leurs noms à des Traitez, où ils condamnoient le défir des louanges: Ipfi illi Philofophi, etiam in illis libellis quos de contemnenda gloria fcribunt, nomen fuum infcribunt, in eo ipfo in quo pradicationem, nobilitatemque dispiciunt, pradicari de fe, ac nominari volunt. Cic. pro Archia Poëta. Voïez les Tuscula mes, L. 1. & Valère Maxime L. 8. C. 14. n. 3. B. Piant fecit 1730, DISC OURS 243 DISCOURS DE L'AUTEUR, Pour fervir d'Apologie à la Satire fuivante. 2 I Uelque heureux fuccès qu'aïent ex mes Ouvrages, j'avois résolu depuis leur dernière Edition de ne plus rien donner au Public; & quoi qu'à mes heures perduës, il y a environ cinq ans, j'eusse encore fait contre l'Equivoque une Satire que tous ceux à qui je l'ai communiquée, ne jugeoient pas inférieure à mes autres Ecrits, bien loin de la publier, je la tenois foigneufement cachée, & je ne crois pas que, moi vivant, elle dût jamais voir le jour. Ainfi done auffi foigneux déformais de me faire oublier, que j'avois été autrefois curieux de faire parler de moi, je jouiffois, à mes infirmitez près, d'une affez grande tranquilité, lorsque tout d'un coup j'ai apris qu'on débitoit dans le monde fous mon nom quantité de méchans Ecrits, 3 & entr'autres une 3 REMARQUES. "Depuis leur dernière édition.] En 1701. Pie z Il y a environ cinq ans.] Ce Discours fut composé en 1710. 3 Et entr'autres une Pièce en vers. ] L'Ouvrage dont il s'a git ici, étoit une Epître d'environ foixante vers. Mr. Despréaux fut très-mortifié d'apprendre qu'on l'en croïois Auteur. Voici dans quels termes il en marqua fa pensée à un Jéfuïte du Collège de Louis le Grand. Je déclare qu'il ne s'eft jamais rien fait de plus mauvais, ni de plus fottement in jurieux que cette groffière boutade de quelque Cuiftre de Collège de Ponie Pièce en vers contre les Féfuites, également odieuJe & infipide, & où l'on me faifoit en mon propre nom dire à toute leur Societé les injures les plus atroces & les plus groffières. J'avoue que cele m'a donné un très-grand chagrin. Car bien que tous les gens fenfez aient connu fans peine què la Pièce n'étoit point de moi, & qu'il n'y ait eu que de très-petits esprits qui aient préfumé que j'en pouvois être l'Auteur, la vérité est pourtant que je n'ai pas regardé comme un médiocre afront, de me voir foupçonné, même par des ridicules, d'avoir fait un Ouvrage fi ridicule. J'ai donc cherché les moiens les plus propres pour me laver de cette infamie: & tout bien confidéré, je n'ai point trouvé de meilleur expédient, que de faire imprimer ma Satire contre PEQUIVOQUE; parce qu'en la lifant, les moins éclairez même de ces petits esprits ouvriroient peutêtre les yeux, & verroient manifeftement le peu de raport qu'il y a de mon ftile, même en l'âge où je fuis, au file bas & rampant de l'Auteur de ce pitoiable Ecrit. Ajoutez à cela, que je pou vois mettre à la tête de ma Satire, en la donnant au Public, un Avertiffement en manière de Préface, où je me juftifierois pleinement, & tirerois tout le monde d'erreur. C'est ce que je fais aujourd'hui: & j'espère que le peu que je viens de dire, produira l'éfet que je me fuis propofé. Il ne me refte donc plus maintenant qu'à parler de la ་ REMARQUES. Sa PUniverfité; & que fi je l'avois faite, je me mettrois moi-même bien au deffous des Coras, des Pelletiers, & des Cotins. Il ajoûtoit dans une autre Lettre au même: Je ne perdrai jamais la mémoire du service confiderable que vous m'avez rendu en contri busrite |