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285

Et fur ce Mont fameux, où j'ofai la chercher,
Fortifia mes pas, & m'apprit à marcher.

C'est pour elle, en un mot,que j'ai fait vœu d'écrire.
Toutefois, s'il le faut, je veux bien m'en dedire:
Et pour calmer enfin tous ces flots d'Ennemis,
Réparer en mes vers les maux qu'ils ont commis.
Puisque vous le voulez, je vais changer de ftile.
Je le déclare donc. Quinaut eft un Virgile.
Pradon comme un Soleil en nos ans a paru.
290 Pelletier écrit mieux qu'Ablancourt ni Patru.
Cotin, à fes Sermons traînant toute la Terre,
Fend les flots d'Auditeurs pour aller à fa chaire.'

REMARQUES.

Sau

IMIT. Vers 284. Toutefois, s'il le faut, je veux bien m'en idire: &c.] Perfe, Satire I. 110. & fuiv.

Per me equidem fint omnia protinus alba:

Nil moror: Euge. Omnes, omnes bene mira eritis res.
Hoc juvat?

VERS 286. Réparer en mes vers les maux qu'ils ont commis.] Dans la dernière édition que Mr. Despréaux fit faire en 1701. il y a, les maux que j'ai commis; mais c'eft une faute d'impreffion, dont l'Auteur m'a fait apercevoir, & qui n'a point été corrigée dans l'édition poffume de 1713. Quinaut eft un Virgile.] Allufion au vers 20. de la Satire II. La Raifon dit Virgile, & la Rime Quinaut.

VERS 288.

VERS 289. Pradon comme un Soleil &c.] Il y avoit, Bourfaut dans les premières éditions; mais il l'ôta après leur reconciliation.

VERS 290. Pelletier écrit mieux qu'Ablancourt ni Patru.] Pelletier: voiez le vers 54. du Discours au Roi.

Ablancourt: NICOLAS PERROT D'ABLANCOURT,

Saufal eft le Phénix des Esprits relevez.

Perrin.... Bon, mon Esprit, courage, poursuivez. 295 Mais ne voïez-vous pas, que leur troupe en furie Va prendre encor ces vers pour une raillerie?

Et Dieu fait, auffi-tôt, que d'Auteurs en courroux, Que de Rimeurs bleffez s'en vont fondre fur vous! Vous les verrez bien-tôt, féconds en impoftures, 300 Amaffer contre vous des volumes d'injures,

Traiter en vos Ecrits chaque vers d'attentat,
Et d'un mot innocent faire un crime d'Etat.
Vous aurez beau vanter le Roi dans vos Ouvrages,
Et de ce nom facré fanctifier vos pages.

REMARQUES.

Qui

célèbre par les Traductions qu'il a données. Il étoit de l'Académie Françoife, & mourut en 1664.

Patru: OLIVIER PATRU, de l'Académie Françoise, a été un des plus célèbres Avocats du Parlement de Paris. Notre Poëte a joint ici ces deux Illuftres Ecrivains, Ablancourt & Patru; parce qu'ils étoient unis d'une étroite amitié.

VERS 291. Cotin à fes Sermons &c.] Voïez le vers 60. de la Satire III

VERS 293. Saufal eft le Phénix &c.] C'eft SAUVALLE. Voïez le vers 40. de la Satire VII.

VERS 294. Perrin.

la Satire VII.

&c.] Voïez le vers 44. de

VERS 302. Et d'un mot innocent faire un crime d'Etat.] Mr. le Duc de Montauzier avoit voulu faire un crime d'Etat à notre Satirique, de ce qu'il avoit traité ce siècle, de Siècle de fer, dans la Satire I. Mr. Peliffon, piqué contre l'Auteur, vouloit infinuer que, dans le vers 224. de cette Satire neuvième, Midas, le Roi Midas &c. Mr. Despréaux avoit eu à l'égard du Roi, le même deffein, que Perfe avoit eu contre Neron dans ce vers: Auriculas afini Mida Rex habet: deffein extrèmement éloigné de la pensée de notre Auteur.

H 2

VIRS

305 Qui méprife Cotin, n'eftime point fon Roi, Et n'a, felon Cotin, ni Dieu, ni foi, ni loi. Mais quoi? répondrez-vous: Cotin nous peut-il nuire? Et par fes cris enfin que fauroit-il produire ? Interdire à mes vers, dont peut-être il fait cas, 310 L'entrée aux penfions, où je ne prétens pas ?

315

Non, pour louer un Roi, que tout l'Univers louë,
Ma langue n'attend point que l'argent la dénouë;
Et fans esperer rien de mes foibles Ecrits,
L'honneur de le louer m'eft un trop digne prix.
On me verra toûjours, fage dans mes caprices,
De ce même pinceau, dont j'ai noirci les Vices,
Et peint, du nom d'Auteur tant de Sots revêtus,
Lui marquer mon respect, & tracer ses vertus.
Je vous croi, mais pourtant on crie, on vous menace.
Je

REMARQUES.

VERS 306. Et n'a, felon Cotin, ni Dieu, ni foi, ni loi.] Ce font les mêmes injures que Cotin avoit publiées contre notre Auteur, dans fa Critique défintereffée sur les Satires du tems, où il l'accufoit d'être criminel de lèze-Majesté Divine & Humaine.

VERS 307. - Cotin nous peut-il nuire?] Voici la neuvième fois que le mot de Cotin fe préfente dans cette Satire. Les Amis de notre Auteur craignirent que le fréquent refour du même nom, ne parût affecté, & ne déplût aux Lecteurs. Il faut voir, dit-il: fe confens d'ôter tout ce qui fera de trop. On s'affembla, on lut la Satire entière; mais on trouva par tout le nom de Cotin fi bien placé, qu'on ne crut pas qu'il y eût aucun de ces endroits qui dût être retranché.

VERS 310. L'entrée aux penfions où je ne prétens pas.] Le Roi donnoit des Penfions aux Gens de Lettres; & Cotin toit un des Penfionnaires.

Je crains peu, direz-vous, les Braves du Parnaffe.
Hé, mon Dieu, craignez tout d'un Auteur en cour-

roux,

Qui peut.... Quoi? Je m'entens. Mais encor? Taifez-vous

REMARQUES.

VERS 322. Qui peut.

Quoi? Je m'entens. Mais en

cor? Taifez-vous.] Il faut diftinguer le Dialogue dans ce dernier vers.

IMIT. Ibid. Qui peut. . . . Quoi? &c.] Ce Dialogue eft femblable à celui que fait MERLIN COCATE avec fons Esprit, ou avec foi-même, au commencement de la feptiè me Macaronique.

Sifte labrum, Quare? Cupies tacuiffe. Tacendum eft
Quod nocet. Imo nocet Vatem nimis effe loquacem.

* Son véritable nom eft THEOPHILO FOLENGIO dêr Mantour mort en 1543

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AVERTISSEMENT

SUR

LA X. SATIRE.

OICI enfin la Satire qu'on me demande depuis fi long-tems. Si j'ai tant tardé à la mettre au jour, c'est que j'ai été bien aife qu'elle ne parat qu'avec la nouvelle Edition qu'on faifoit de mon Livre *, où je voulois qu'elle fût inferée. Plufieurs de mes Amis, à qui je l'ai lue, en ont parlé dans le monde avec de grans é loges, & ont publié que c'étoit la meilleure de mes Satires. Ils ne m'ont pas en cela fait plai fir. Fe connois le Public. Je fai que naturellement il fe revolte contre les louanges outrées, qu'on donne aux Ouvrages avant qu'ils aient paru; & que la plupart des Lecteurs ne lifent ce qu'on leur a élevé fi baut, qu'avec un deffein formé de le rabaiffer.

Je déclare donc que je ne veux point profiter de ces discours avantageux: & non feulement je laiffe au Public fon jugement libre, mais je donne plein pouvoir à tous ceux qui ont tant critiqué mon Ode fur Namur, d'exercer auffi contre ma Satire toute la rigueur de leur Critique. J'espère qu'ils le feront avec le même fuccès: & je puis les affurer que tous leurs discours ne m'obligeront point à rompre l'espèce de vœu que j'ai fait de ne jamais défendre mes Ouvrages, quand on n'en

* En 1694.

at

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