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Et nos vaiffeaux domtant l'un & l'autre Neptune,
Nous aller chercher l'or, malgré l'onde & le vent,
Aux lieux où le Soleil le forme en se levant.

Alors, fans confulter fi Phébus l'en avouë,
130 Ma Mufe toute en feu me prévient & Te louë.
Mais bien-tôt la Raison arrivant au secours,
Vient d'un fi beau projet interrompre le cours,
Et me fait concevoir, quelque ardeur qui m'emporte,.
Que je n'ai ni le ton, ni la voix affez forte.
135 Auffi-tôt je m'effraye, & mon esprit troublé :
Laiffe là le fardeau dont il eft accablé ;

Et fans paffer plus loin, finiffant mon ouvrage, Comme un Pilote en mer, qu'épouvante l'orage, Dès que le bord paroît, fans fonger où je suis,... 140 Je me fauve à la nage, & j'aborde où je puis...

REMARQUE SE

pes que le Roi envoya au fecours de l'Empereur, défirent>: les Turcs fur les bords du Raab.

VERS 128. Aux lieux où le Soleil le forme en fe levant.] En Pannée 1669. le Roi établit la Compagnie des Indes Orien tales, à laquelle Sa Majefté accorda de grands privilèges, fournit des fommes confiderables, & prêta des vaiffeaux pour le premier embarquement.

Où le Soleil le forme &c.] Dans l'édition de 1674. on avoit mis: Où le Soleil fe forme en fe levant. Cette faute d'impreffion eft remarquable.

IMITATIONS. Vers 138. Comme un Pilote en mer, &c.} Be Bembe a dit dans une Lettre à Hercule Strozzi: Equidem in his concludendis Elegis, feci idem quod Nauta folent, qui tempeftate coacti, non eum portum capiunt quem petant, fed ad illum qui proximus eft, deferuntur. P. Bembus, Epift. L. 3.

SATIRES.

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SATIRES.

ΑΕ

13

DAMON ce grand Auteur, dont la Mufe fertile

Amufa fi long-tems & la Cour & la Ville:

REMARQUES.

Mais

CEtte Satire a été commencée vers l'année 1660., &c'est le premier ouvrage confidérable que notre Auteur ait compofé. Il y décrit la retraite & les plaintes d'un Poëte, qui ne pouvant plus vivre à Paris, va chercher ailleurs une deftinée plus heureuse.

C'eft une imitation de la troifième Satire de JUVENAL,. dans laquelle eft auffi décrite la retraite d'un Philofophe qui abandonne le féjour de Rome, à caufe des vices affreux qui y regnoient. Juvénal y décrit encore les embarras de la même ville; &, à fon exemple, Mr. Despréaux, dans cette premiere Satire, avoit fait la defcription des embarras de Paris; mais il s'aperçut que cette defcription étoit comme hors d'oeuvre, & qu'elle faifoit un double fujet. C'est ce qui l'obligea à l'en détacher, & il en fit une Satire particuliere, qui eft la fixième.

Il ne faifoit pas grand cas de cette Pièce. A peine avoitil pû fe réfoudre à la lire à quelques amis particuliers; lors qu'un jour l'Abbé FURETIERE, qui avoit été reçu depuis peu l'Académie Françoise, rendit une vifite au Frere de Mr. Despréaux, qui étoit fon Ami, & fon Confrère. Comme Mr. Boileau Académicien étoit forti, Furetiere s'arrêta avec Mr. Despréaux, & lût cette Satire. Il en fut fort content; & quoi qu'elle fût affez éloignée de la perfection à laquelle l'Auteur l'a portée depuis, il convint de bonne foi qu'elle valoit beaucoup mieux que toutes celles qu'il avoit faites lui-même t. If encouragea ce jeune Poëte à continuer; & lui demanda même une copie de la nouvelle Satire, qui devint bientôt publique par les autres copies qu'on en fit. Cette Satire étoit alors dans un état bien different de celui auquel l'Auteur la mit avant que de la faire imprimer: car, de 212. vers qu'elle contenoit, il n'en a confervé qu'environ foixante. Tout le reste a été ou fupprimé ou change

VERS I. Damon, ce grand Auteur, &c.] Damen; FRANP

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Mais qui n'étant vétu que de fimple bureau, Paffe l'été fans linge, & l'hiver fans manteau: 5. Et de qui le corps fec, & la mine affamée,

N'en font pas mieux refaits pour tant de renommée:
Las de perdre en rimant & fa peine & fon bien,
D'emprunter en tous lieux, & de ne gagner rien,
Sans habits, fans argent, ne fachant plus que faire,
Vient

REMARQUES.

ÇOIS CASSANDRE, Auteur celèbre de ce tems-là. - Il étoit favant en Grec & en Latin, & faifoit affez bien des vers François; mais fon humeur bourruë & farouche, qui le rendoit incapable de toute focieté, lui fit perdre tous les avantages que la fortune pût lui préfenter: de forte qu'il vêcut d'une manière très-obscure & très-miferable. ;, 11 » mourut tel qu'il avoit vécu ; c'est-à-dire, très-misanthro,, pe, & non feulement haïffant les hommes, mais aiant ,, même affez de peine à fe réconcilier avec Dieu, à qui, ,, difoit-il en mourant, il n'avoit aucune obligation *. Le Confeffeur qui l'affiftoir à la mort, voulant l'exciter à l'amour de Dieu, par le fouvenir des graces que Dieu lui avoit faites: Ah oui, dit Caffandre, d'un ton chagrin & ironique, je lui ai de grandes obligations; il m'a fait jouer iei bas un joli perfonnage? Et comme fon Confeffeur infiftoit à lui faire reconnoitre les graces du Seigneur: Vons savez, dit-il, en redoublant l'amertume de fes reproches, & mon trant le grabat fur lequel il étoit couché: Vous favez comme il m'a fait vivre; voyez comme il me fait mourir.

Caffandre a traduit en François les derniers volumes de Hiftoire de Mr. de Thou, que Du Ryer avoit laiffez à traduire. Il a fait auffi les Parallèles hiftoriques, & ía Traduction de la Rhetorique d'Ariftote. Cette Traduction eft fort eftimée; & Mr. Despréaux, pour engager le Libraire à faire quelque gratification à l'Auteur, en parla très-avantageufement à la fin de la Préface fur le Sublime de Longin', dans l'édition de 1675.

VERS

Lettre de Mr. Despréaux, dont POriginal est entre les mains de l'Auteur de ces Notes,

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