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Le peuple, au loin admirant le fracas,
Du Tout-Puissant crut connaître le bras,
Et tressaillit pour le hardi prophète.
Le drôle avait étudié sa bête.

Seul au sommet du mystérieux mont,
Comme il voulut il fit la quarantaine;
Puis tout à coup se montra dans la plaine,
Cornes de bouc flamboyantes au front.
Du physicien le brillant phénomène
Sur les esprits fit un effet fort prompt.
Il dit que Dieu, roulé dans un buisson,
A lui chétif avait donné leçon.

C'en fut assez; il vit en révérence
Tout un chacun recevoir son sermon.
On crut du ciel encourir la vengeance,
Si l'on osait manquer d'obéissance
Et de respect à monsieur Aaron;

Et des statuts dont l'auteur malhabile
Eût mérité les Petites-Maisons

Furent des lois que ce peuple imbécile
Crut renfermer le sort des nations.

Le bon Numa de sa nymphe subtile

S'aida très-bien chez les enfants de Mars;

*Le grand Bacchus, qui mit l'Asie en cendre,

* L'antique Hercule, et le fier Alexandre,

Et le premier de ces fameux Césars,

De quelque dieu prétendirent descendre.

Ces fiers Romains, à qui tout fut soumis,
*Domptaient l'Europe...

Ces vers sont encore bien moins dans le style de M. de Voltaire que dans celui du capucin Maubert, ou du proposant La Beaumelle. (K.) — Voltaire, qui avait d'abord accusé La Beaumelle d'être l'un des éditeurs du poëme de la Pucelle avec des interpolations perfides, paraît avoir abandonné ces soupçons, ainsi que je l'ai dit dans la note 2 de la page 15. (R.)

Vers 36.

On lit dans les manuscrits:

*Donis suivit ces exemples fameux :
Du merveilleux il se servit comme eux,
*Il prétendit que Jeanne la pucelle
*Chez les Anglais passât même pour telle,
Et que Bedford, et Talbot, et Chandos,
Et Tirconel, qui n'étaient pas des sots,
"Crussent la chose... (K.)

Vers 65, 66. Au lieu de ces deux vers, on en trouve deux autres dans quelques manuscrits:

Oreille longue avec le chef pointu,

Bouche béante, œil louche, pied tortu.

*De l'Ignorance... (K.)

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* Donne à baiser une bulle divine;
Plus d'un prélat la met dévotement
Tout à côté du Nouveau-Testament.
Ciel à leurs yeux une cohorte fière,
En même temps. s'en torche le derrière;
L'ignacien, furieux, éperdu,

Court se saisir du sacré torche-cu.

Dieux! quels combats! quels flots d'encre et de bile!

On prêche, on court, on barbouille, on exile.

Toi qui jadis des grenouilles... (K.)

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Grace Dacres l'original tire du Cabinet du Roi, par T. B. Fosserieux 1789.

CHANT QUATRIÈME.

ARGUMENT.

Jeanne et Dunois combattent les Anglais. Ce qui leur arrive dans le château d'Hermaphrodix.

Si j'étais roi, je voudrais être juste,
Dans le repos maintenir mes sujets,
Et tous les jours de mon empire auguste
Seraient marqués par de nouveaux bienfaits.
Que si j'étais contrôleur des finances,
Je donnerais à quelques beaux esprits,
Par-ci, par-là, de bonnes ordonnances;
Car, après tout, leur travail vaut son prix.
Que si j'étais archevêque à Paris,
Je tâcherais avec le moliniste
D'apprivoiser le rude janséniste.
Mais si j'aimais une jeune beauté,

Je ne voudrais m'éloigner d'auprès d'elle,
Et chaque jour une fête nouvelle,
Chassant l'ennui de l'uniformité,
Tiendrait son cœur en mes fers arrêté.
Heureux amants, que l'absence est cruelle!
Que de dangers on essuie en amour!
On risque, hélas! dès qu'on quitte sa belle,
D'être cocu deux ou trois fois par jour.

Le preux Chandos à peine avait la joie
De s'ébaudir sur sa nouvelle proie,
Que tout à coup Jeanne de rang en rang
Porte la mort, et fait couler le sang.
De Débora la redoutable lance
Perce Dildo si fatal à la France,
Lui qui pilla les trésors de Clairvaux,
Et viola les sœurs de Fontevraux.

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