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APPENDICE.

Fragments inédits.

Bossuet compte au premier rang parmi les grands hommes qui, préoccupés d'agir, n'ont point eu pour leurs écrits cet amour inquiet et paternel que professent les purs littérateurs, uniquement désireux de faire connaître à la postérité les grâces de leur talent ou la fécondité de leur esprit. On sait que l'admirable Traité de la connaissance de Dieu et de soi-même fut retrouvé parmi les papiers de Fénelon, et attribué d'abord à ce prélat. D'autre part, il y a peu d'années qu'un membre correspondant de l'Institut, M. Floquet, à publié la Logique composée par Bossuet pour le Dauphin (1). Le Traité de morale, que l'évêque de Meaux avait destiné à son élève, était encore inédit, et cependant son existence restait incontestable; car, outre qu'il en est parlé dans la lettre adressée au pape Innocent XI sur l'éducation du Dauphin (2), on le voit mentionné

(1) 1826, Beaucé-Rusand, Paris.

(2) Bossuet, t. XXII, p. 16: « Pour la doctrine des mœurs, nous avons cru qu'elle ne se devait pas tirer d'une autre source que de l'Écriture et des maximes de l'Évangile, et qu'il ne fallait pas, quand

dans le privilége que l'abbé Bossuet obtint le 24 mars 1708, à l'effet de publier les ouvrages posthumes de son oncle. Enfin le cardinal de Bausset affirme « que Bossuet crut devoir extraire luimême, des écrits de Platon et de Xénophon sur la morale, plusieurs maximes importantes; qu'il emprunta d'Aristote ses définitions des vertus et des vicés; qu'il les réunit aux sentences qu'il avait puisées dans les livres sacrés, et qu'il en forma une espèce de code de morale approprié à tous les hommes (1). >>

On regrettait de plus un Traité des causes, qui se trouve trois fois signalé dans la Logique (2), et en est comme une dépendance.

Or, nous avons été assez heureux pour découvrir, dans la bibliothèque du séminaire de Meaux, des extraits étendus de la Morale à Nicomaque, faits par Bossuet lui-même, et auxquels se trouvent mêlées 'quelques citations de la Morale à Eudème et du fragment sur les Vertus et les Vices. Ces extraits, par conséquent, comprennent tout le fond de la morale péripatéticienne; car on sait que la Morale à Nicomaque seule appartient à Aristote, et que la

on peut puiser au milieu d'un fleuve, aller chercher des ruisseaux bourbeux. Nous n'avons pas néanmoins laissé d'expliquer la Morale d'Aristote, à quoi nous avons ajouté cette doctrine admirable de Socrate, vraiment sublime pour son temps, qui peut servir à donner de la foi aux plus incrédules, et à faire rougir les plus endurcis. » (1) Histoire de Bossuet, liv. IV, no 11.

.

(2) Bossuet, t. xxv, p. 64: « Ce qui regarde l'action et la passion s'explique dans la physique et dans le Traité des causes. »

Grande morale et la Morale à Eudème ne sont que des rédactions différentes de ses élèves.

D'autre part, nous devons à l'obligeance de M. Floquet de pouvoir publier le Traité des causes, dont il existait à la bibliothèque nationale une copie authentique aujourd'hui perdue, mais que le savant historien du Parlement de Normandie avait depuis longtemps transcrite.

Désormais, nous l'espérons, les écrits philosophiques de Bossuet seront connus dans leur entier. On pourra rectifier et améliorer l'édition de ses œuvres; il n'y aura plus de lacune considérable à remplir.

Bossuet, t. xxv, p. 98: « De ce principe, quelques uns concluent qu'un corps ne se peut donner le mouvement à lui-même, et d'autres infèrent encore qu'il ne se peut non plus donner le repos; mais nous examinerons ailleurs ces conséquences. »

Idem, ibid., p. 141: « Nous avons expliqué ailleurs les quatre genres de causes, la matérielle, la formelle, l'efficiente et la finale, et même la cause exemplaire, qui se rapporte aux trois dernières. »

MORALE DE BOSSUET.

Manuscrit inédit.

la

Le manuscrit original se compose uniquement de deux feuilles très remplies, et d'une écriture que précipitation de la main a souvent rendue presque indéchiffrable. Deux maximes, tirées de la Vie d'Aristote par Diogène Laërce, lui servent d'épigraphe. Tantôt Bossuet paraphrase en français la pensée d'Aristote; tantôt, et le plus souvent, il cite le texte même; quelquefois enfin, il se contente de très courtes notes latines, qui résument ou rappellent de longs développements. Nous avons traduit, en suivant l'ordre du manuscrit, les citations grecques, après les avoir préalablement vérifiées sur l'édition de Bekker (Berlin, 1831).

ARISTOTE.

On lui demandait : « Quelle est la chose qui

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