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permit à la femme de Lusignan de se retirer où elle voudroit. Il n'exigea aucune rançon des Grecs qui demeuroient dans la ville. Lorsqu'il fit son entrée dans Jérusalem, plusieurs femmes vinrent se jeter à ses pieds, en lui redemandant les unes leurs maris, les autres leurs enfans ou leurs pères, qui étoient dans les fers. Il les leur rendit avec une générosité qui n'avoit pas encore eu d'exemple dans cette partie du monde. Saladin fit laver avec de l'eau-rose, par les mains mêmes des Chrétiens, la mosquée qui avoit été changée en église. Il y plaça une chaire magnifique à laquelle Noradin, soudan d'Alep, avoit travaillé lui-même, et fit graver sur la porte ces paroles: Le roi SALADIN, serviteur de Dieu, mit cette inscription, après que Dieu eut pris Jérusalem par ses mains. Il établit des écoles musulmanes. Malgré son attachement à sa religion, il rendit aux Chrétiens Orientaux l'Eglise du Saint-Sépulcre; mais il voulut en même temps que les pèlerins y vinssent sans armes, et qu'ils payassent certains droits. Il déchargea plusieurs milliers de pauvres de la taxe portée par la capitulation, fournit de ses trésors aux besoins dès malades, et paya à ses troupes la rançon de tous les soldats chrétiens. Cependant le bruit de ses victoires avoit répandu l'épouvante en Europe.

Lê pape Clément III remua la France, l'Angleterre, l'Allemagne pour armer contre lui. Les Chrétiens qui s'étoient retirés à Tyr ayant reçu de grands secours allèrent assiéger la ville de Saint-Jean-d'Acre battirent les Musulmans, et s'emparèrent de cette ville, de Césarée et de

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en

Jafa, à la vue de Saladin, 1191. Ils se disposoient à mettre le siége devant Jérusalem, mais la dissention s'étant mise entre eux, Richard, roi d'Angleterre, fut contraint de conclure une trève de 3 ans et 3 mois avec le

sultan, en 1192, par laquelle Saladin laissa jouir les Chrétiens des côtes de la mer depuis Tyr jusqu'à Joppé. Le sultan ne survécut pas long-temps à ce traité, étant mort un an après, en 1193, à Damas, âgé de 57 ans, après en avoir régné 24 en Egypte et environ 19 en Syrie. Il laissa 17 fils qui partagèrent entre eux ses états. Ce prince étoit encore plus estimable par son humanité et par sa probité, que par sa bravoure. Il tenoit lui-même son divan tous les jeudis assisté de ses cadis, soit à la ville, soit à l'armée. Les autres jours de la semaine, il recevoit les placets, les mémoires, les requêtes, et jugeoit les affaires pressées. Toutes les personnes, sans distinc-. tion de rang, d'âge, de pays, de religion, trouvoient un libre accès auprès de lui. Son neveu, TekiEddin, ayant été cité en jugement par un particulier, il le força de comparoître. Un certain Omar, marchand d'Ackhlat, ville indépendante de Saladin, eut même, la hardiesse de présenter une requête contre ce monarque devant le cadi de Jérusalem, à l'occasion. d'un esclave dont il réclamoit la succession que le sultan avoit recueillie. Le juge étonné, avertit Saladin des prétentions de cet homme, et lui demanda ce qu'on devoit faire ? Ce qui est juste, répondit le sultan. Il comparut, au jour nommé défendit luimême sa cause la 2 gagna; et loin de punir la témérité de ce

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marchand, il lui fit donner une à un de ses généraux, afin de grosse somme d'argent le ré- n'être pas forcé de punir l'auteur compensant d'avoir eu assez bonne de cette action... Dans le temps opinion de son intégrité, pour que le sultan étoit le plus irrité oser réclamer sa justice dans son contre les Francs, à cause de la propre tribunal, et sans craindre cruauté de Richard,, roi d'Anqu'elle y fût violée. Ses sujets con- gleterre, et qu'il faisoit trancher noissoient sa bonté ; ils ne crai- la tête à tous ceux qu'on prenoit gnoient pas de l'importuner, à dans les combats; on traîna daną toutes les heures, de leurs que- sa tente un officier chrétien relles particulières. Un jour ce saisi d'une frayeur mortelle. Saprince, après avoir travaillé tout ladin lui ayant demandé le motif le matin avec ses émirs et son de sa peur Je tremblois, lui ministre s'étoit écarté de la dit l'officier 9 en approchant de foule pour prendre quelque repos, votre personne; mais j'ai cessé Un esclave vint dans cet instant de craindre en vous voyant. Un lui demander audience: Saladin prince dont l'aspect n'annonce lui dit de revenir le lendemain, que de la bonté et de la clémence, Mon affaire, répondit l'esclave, ne peut avoir la cruauté de me ne souffre aucun délai; et il condamner à la mort. Le sultan lui jeta son mémoire presque sur sourit et lui donna la vie et la le visage. Le sultan ramassa ce liberté. Ce prince judicieux avoit papier sans s'émouvoir, le lut, une idée juste des grandeurs hutrouva la demande équitable, et maines : il voulut qu'on portàt accorda ce qu'on sollicitoit.... dans sa dernière maladie, au lieu Une autre fois, tandis qu'il dé- du drapeau qu'on élevoit devant libéroit avec ses généraux sur les sa porte, le drap qui devoit opérations de la guerre, une l'ensevelir. Celui qui tenoit cet femme lui présenta un placet. étendard de la mort, crioit à Saladin lui fit dire d'attendre. haute voix: Voilà tout ce que Et pourquoi, s'écria-t-elle, étes- SALADIN, vainqueur de l'Orient vous notre roi, si vous ne vou- emporte de ses conquêtes. Un de lez pas être notre juge? - Elle nos poëtes a traduit ainsi cette a raison, répondit le sultan ; il espèce d'épitaphe : quitta l'assemblée, s'approcha de cette femme, écouta ses plaintes, et la renvoya satisfaite.... La modération de ce prince a fourni à l'histoire un de ces petits faits que Plutarque n'auroit pas négligé de recueillir. Deux Mamelucks se disputant à quelques pas de lui, l'un d'eux jeta sa pantoufle contre l'autre. Celui-ci ayant esquivé le coup, la pantoufle alla frapper le sultan. Mais ce prince, feignant de ne s'en être pas apperçu, se tourna d'un autre côté, comme pour parler

J'ai joint plusieurs états au sceptre que

je porte;

J'ai terrassé vinge rois: mais dans le

monument,

De tant de biens conquis aujourd'hui „ je n'emporte

Que ce drap seulement. On dit qu'il laissa par son testament des distributions égales d'aumônes aux pauvres Mahométans, Juifs et Chrétiens: voulant donner à entendre par cette disposition, que tous les hommes sont frères, et que pour les se

Bourir il ne faut pas s'informer de ce qu'ils croient, mais de ce qu'ils souffrent.... M. Marin écrivain aussi connu par la douceur de ses mœurs, que par l'é

tendue de ses lumières et l'élégance de sa plume, a donné en 1758, en 2 vol. in-12, une Histoire de ce grand homme, pleine de recherches intéressantes, bien faite et bien écrite. Il y fait valoir la vertu généreuse de Saladin; mais pour être parfaitement impartiaux, nous avouerons qu'elle se démentit une fois cruellement. Quelques centaines de chevaliers ayant été pris au siége de Tibériade il leur donna le choix de l'abjuration de leur foi ou de la mort; et sur leur refus il les fit tous massacrer,

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quente Communion, qui a été traduit par un dominicain.

d'avoir voulu assassiner le due SALCEDE, (Nicolas) accusé d'Alençon, à l'instigation du duc de Parme fut écartelé à Paris le 26 octobre 1782. Son père thelemi, quoique bon catholique; avoit été massacré à la Saint-Barmais il étoit ennemi déclaré des Guises,

SALDEN, (Guillaume) né à Utrecht, exerça le ministère dans plusieurs églises de Hollande, et enfin dans celle de la Haye, où il mourut en 1694. Ses ouvrages sont; I. Oria Theologica in-4.° Ce sont des Dissertations sur différens sujets de l'Ancien et du Nouveau Testament. II. Concionator sacer, in-12. III, De libris, variorumque eorum usu et abusu, Amsterdam, 1688, in-12. Cailleau, dans son Dictionnaire bibliographique, tome 3, a donné une notice très-détaillée de cet ouvrage, qui mériteroit d'être plus connu. Salden avoit du jugement et du savoir.

SALE, Voyez SALLE.

SALE, (George) étoit un des principaux membres de la Société qui a entrepris de nous donner une Histoire Universelle, dont il y a déjà une grande partie d'imprimée. Il mourut à Londres le 14 novembre 1736, regardé comme un savant du premier ordre. On a de lui une excellente Truduction angloise de l'Alcoran, imprimée à Londres en 1734, in-4.° Il a mis à la tête de cette version, une Introduction curieuse qui a été traduite en françois in-8.° on l'a insérée aussi dans l'édition de l'Alcoran, en françois, Amsterdam, 1770, 2 vol

:

in-12. On y trouve encore des notes, dont plusieurs n'ont pas paru justes à tout le monde. Je suis fàché, (dit M. Porter, Thomme du monde le mieux instruit de la religion Musulmane) d'être obligé de dire que souvent il montre trop d'empressement à faire l'apologie du Koran, et qu'il cherche plutôt à pallier les extravagances sans » nombre qu'il y rencontre, qu'à les exposer dans leur véritable point de vue. Il résulte du moins » un avantage de cette partialité : c'est qu'on peut être assuré qu'il n'a pas ajouté une seule absurdité à celles qui y sont réellement, et qu'il n'a point chargé le ridicule qu'elles ont dans Poriginal. Quelques faiseurs d'esprit hétérodoxes, pour se » donner un air de singularité, * si ce n'est aux dépens de l'honnêteté, au moins aux dépens du sens commun

ne se sont

point fait scrupule de se déclarer les admirateurs du Koran, » d'en exalter les dogmes, et même » d'oser les mettre en parallèle * avec ceux qu'enseignent nos livres sacrés. » (Observ. sur la religion, les lois, le gouvernement et les mœurs des Turcs, Neuchâtel, tome 2, 1770, page 22 et suiv.) Le caractère des écrits de Sale, est celui de la société dont il étoit membre; beaucoup d'érudition mais peu de goût, pen d'élégance, peu de précision. Voyez Mahomet n° 1.

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SALEL, (Hugues ) de Casa dans le Querci, s'acquit l'estime du roi François I, qui le fit son valet-de-chambre et lui donna l'abbaye de Saint-Cheron près de Chartres, avec une pension. Salel fit par ordre de ce prince, une Traduction en vers francos, des XII premiers livres de l'Iliade d'Homère, 1574, in-8.o, et mourut à S. Cheron, en 1553, à 50 ans. On a encore de lui un recueil de Poésies, qui ont été be aucoup plus louées par ses contemporains qu'elles ne le méritent. Son style est embarrassé, louche et traînant. On peut le mettre au rang des poëtes qui doivent être rongés des vers dans les bibliothèques.

SALERNE, (François) me decin d'Orléans, s'appliqua particulièrement à l'Histoire naturelle, et travailla avec Arnault de Nobleville à la continuation du traité de la Matière médica

le de Geoffroy. Ils donnèrent le Règne Animal, et ensuite l'His toire naturelle des Animaux. La description anatomique occupe la plus grande partie de ce dernier de Salerne : ouvrage. On a encore I. Une traduction du Synopsis d'Essai sur l'Histoire naturelle avium de Ray sous le titre des Oiseaux, ou Traduction du Synopsis avium de Ray, augmenté de Recherches critiques, et d'Observations curieuses sur les Oiseaux de nos climats, Paris, 1767, in-4.o II. Le Manuel des Dames de charité, in-12. Ce médecin mourut en 1760.

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SALIER, Voyez SALLIER.

SALIER, (Jacques) religieux Minime, professeur en théologie, provincial et définiteur, mourut à Dijon le 10 août 1707, âgé de 92 ans. La théologie scolastique étoit son talent principal. Nous avons de cet auteur: I. Historia Scholastica de Speciebus Eucharisticis, in-4.o, 3 volumes, Lyon, 1687, et Dijon, 1692 et 1704. II. Cacocephalus, sive de Plagiariis opusculum, 1694, in-12. III. Des Pensées sur l'Ame raisonnable, in-8.° Il y a dans tous ses écrits du savoir et de la métaphysique.

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SALIEZ, Voyez SALVAN. SALIGNAC, - FÉNÉLON. SALINAS ou SALINES, (François de ) natif de Burgos, perdit la vue à l'âge de dix ans. Cet accident ne l'empêcha pas de se rendre habile dans les langues grecque et latine, dans les mathématiques, dans la musique. Il mourut en 1590, après avoir reçu des marques d'estime de plusieurs grands seigneurs. Il compta aussi parmi ses protecteurs le pape Paul IV, et le duc d'Albe, qui lui fit donner un bénéfice. On a de lui: I. Un excellent Traité de Musique, en latin, Salamanque, 592, in-folio. H. Une Traduction

en vers espagnols, de quelques Epigrammes de Martial.

SALINATOR, Voy. LIVIUG SALINATOR.

SALINGUERRA, chef de la faction des Gibelins, s'empara de la principauté de Ferrare, l'an 1195, et devint si puissant, qu'il méprisa l'autorité du légat du pape, et du marquis Azzon d'Est, et qu'il chassa de Ferrare tous ceux qui étoient de leur parti. Le marquis d'Est, voulant s'en venger, leva une armée et assiégea Ferrare. Salinguerra parla de faire la paix, et le laissa entrer dans la ville; mais le marquis d'Est s'étant montré un peu trop difficile à accepter les conditions de la paix, en fut honteusement chassé, aves tous ceux qui l'avoient accompagné. Cependant il y entra depuis, et Salinguerra chassé à son tour, mourut prisonnier à Venise, l'an 1240, âgé de 80 ans.

de l'illustre maison des barons de SALIS, (Ulysse de) capitaine, Salis, dans le pays des Grisons, né en 1594, se signala d'abord au service des Vénitiens. Il porta les armes pour sa patrie dans les troubles de la Valteline; puis pour la France, en qualité de colonel. Son régiment ayant été réformé, il leva une compagnie entière au régiment des Gardes - Suisses, et l'amena au service de Louis XIII, pendant le siége de la Rochelle. Salis acquit beaucoup de gloire à ce siége, et en 1629, à l'attaque. du Pas-de-Suze. Il leva un nouveau régiment Grison en 1631, pour le secours de sa patrie, que les Autrichiens vouloient subjuguer. Il servit à la tête de ce corps ave la plus grande distinction, 1635, sous le duc de Rohan. Eta

en

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