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troisième sentiment: c'étoit de dire que le libre arbitre se suffit, » et qu'il n'a pas besoin du con» cours de Dieu. Les Saducéens » l'embrassèrent. Voilà, du moins » autant que je le puis conjectu»rer, comment les Saducéens » s'engagèrent dans une suíte » d'erreurs.» La mauvaise doctrine des Saducéens ne les empêcha point d'être élevés aux plus grands emplois, et même à la souveraine sacrificature. Leur secte subsiste encore en Afrique et en divers autres lieux.

nemis, (dit M. l'abbé de Condil-» Luc)» faisoient deux partis dans » l'Etat, comme deux sectes dans » la Religion. Ils devoient donc se » contredire plus par haine que » par principes, et tomber, par conséquent, d'erreur en erreur. » Ainsi, comme les Pharisiens » proposolent des récompenses » pour des œuvres de suréroga» tion, les Saducéens, qui ne » vouloient pas de ces œuvres, » dirent d'abord: Ne soyez pas » comme des esclaves; n'obéissez » pas à votre maître simplement par la vue des récompenses; » obéissez sans intérêt, et sans » espérer aucun fruit de vos tra» vaux. Cet excès de spiritualité » est déjà une erreur; car il n'est » pas dans la nature de l'homme » de renoncer à tout intérêt, et » Dieu n'exige pas de nous un >> culte entièrement désintéressé, » puisqu'il nous offre lui-même >> des récompenses. Cependant les » Saducéens, au lieu de reculer, » avancèrent encore. Pour prou» ver que nous ne devons pas agir » dans la vue des récompenses, »ils assurèrent qu'il n'y en a pas » après cette vie. En conséquence, »ils nièrent l'immortalité de l'ame «<et la résurrection; et parce que » vraisemblablement on voulut » leur prouver que l'ame pouvoit » être immortelle, puisqu'il y a » des esprits immortels, ils niè>> rent encore l'existence des Anges. Enfin, les Esséniens avoient » soumis au destin jusqu'aux ac»tions des hommes; et les Pha»risiens, convenant de l'influence » de la Providence, avoient soutenu que nous agissons avec » elle, comme elle avec nous » puisque nous avons le pouvoir » de faire ou de ne pas faire des actions de justice. Il restoit un Tome XI.

SADOLET, (Jacques) né à Modène en 1478, d'un professeur en droit à Ferrare, eut son père pour précepteur. Après avoir appris sous lui le grec et le latin, l étudia en philosophie sous Nicolas Léonicène. Pour multiplier ses connoissances, il se rendit à Rome, où le cardinal Olivier Caraffe, protecteur des gens de lettres, le prit chez lui. Léon X non moins ar dent à rechercher le mérite qu'à l'employer, le choisit pour son secrétaire. Sa plume élégante et facile se prêtoit à toutes les matières théologie, philosophie éloquence, poésie. Il joignoit à un rare savoir, une modération et une modestie plus rares encore: il fallut que Léon X usàt de toute son autorité pour lui faire accepter en 1517 l'évêché de Carpentras. Après la mort de ce pontife il se rendit dans son diocèse, et il partagea son temps entre les travaux de l'épiscopat et les plaisirs de la littérature. Il chérissoit ses diocésains comme ses propres enfans. « Jaime (disoit-il dans une de ses lettres) cette église et cette ville de Carpentras pour épouse spirituelle et pour patrie. J'ai une tendresse de père pour mes peuples

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et ce n'est qu'avec une répugnance extrême que je me sépare d'eux. » Clément VII le rappela à Rome; mais Sadolet ne s'y rendit qu'à condition qu'il retourneroit dans son évêché au bout de trois ans. Il y retourna en effet; mais Paul III le fit revenir bientôt à Rome, et l'honora de la pourpre en 1536. Sadolet ne prévoyoit ni ne souhaitoit un tel honneur : les lettres qu'il écrivit à ce sujet, en sont la preuve. Les sentimens de probité, de candeur, de vraie philosophie qu'elles respirent, partoient du cœur. Il disoit, par exemple, à Bembo, depuis cardinal: Je vous prie de m'aimer toujours. Vous m'en estimerez moins, depuis que j'ai accepté le chapeau; mais croyez que ce n'est pas ma faute. Le nouveau cardinal se trouva en 1538 à l'entrevue que le pape eut près de Nice avec CharlesQuint et François I. Sadolet, toujours porté pour la paix, remontra aux deux monarques rivaux «<< qu'il étoit temps de finir » leurs longues dissentions; qu'ils » devoient secourir l'Eglise me» nacée plus que jamais par les » armes des infidelles, plutôt que » de troubler l'Europe; que la » paix seroit le plus bel héritage » qu'ils pussent laisser à leurs en» fans; que les autres biens étoient » frivoles et peu durables, au lieu » que celui-ci procuroit les béné» dictions de la terre et les récom» penses du ciel. » Une trève de dix ans fut le fruit de cette entrevue et de ces exhortations; mais ce calme ne dura pas même la moitié du temps qu'on avoit stipulé. Une nouvelle guerre s'alluma en 1543 entre l'empereur et le Roi de France. Paul III députa à ce dernier prince, Sadolet, avec le titre et les pouvoirs de

légat. L'évêque de Carpentras er gagea le monarque François à vo loir bien qu'on parlat de paix mais Charles-Quint fit naître de difficultés insurmontables. La mi sion du cardinal Sadolet ayant ét inutile, il retourna à Carpentra et quelque temps après il fut rap pelé à Rome, où le pape avo

besoin de ses conseils dans les fre quentes congrégations tenues du rant la tenue du concile de Trent Il étoit septuagénaire et infirm Une fièvre lente l'assaillit sur fin de Septembre 1547, et il e mourut également regretté de Catholiques et des Protestans. étoit en commerce avec les sa vans de l'une et de l'autre religion condamnant l'erreur, mais esti mant le mérite par-tout où il 1 trouvoit.Sadolet ne posséda jamai que son évêché de Carpentras depuis même que Paul III l'eu nommé cardinal conduite bie rare dans un siècle où la pluralit des bénéfices les plus incompati bles étoit si commune. S'il souhai toit quelquefois d'être plus riche

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n'étoit que pour avoir 1 moyen de faire du bien aux gen de lettres. Mais lorsqu'il réfléchis soit sur les avantages inestimable de la médiocrité, il préféroit s situation à celle des plus riche prélats. François I l'ayant voul appeler auprès de lui, il répondi qu'il préféroit le repos et le silenc de sa solitude au tumulte de Cours et à l'embarras des affaires La belle littérature étoit un de se plus chers délassemens dans cette solitude. Il s'étoit adonné dans s jeunesse à la poésie latine ave un succès peu commun; mais i y renonça entièrement sur la fi de ses jours. Son style en ver et en prose, respire l'élégance e la pureté des anciens écrivains Ro

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» leurs exactions et leurs usures.» Lorsque les habitans de Cabrières, poursuivis par le parlement de Provence à cause de leurs erreurs, envoyèrent leur profession de foi à Sadolet, ce cardinal, «< suivant » son naturel plein de douceur et » de bonté» (dit le continuateur de Fleury,)» reçut très-bien ceux >> qui la lui portèrent, et leur dit z » que toutes les choses qu'on pu»blioit d'eux n'avoient été inven

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» qu'il n'en avoit rien cru; mais » qu'ils devoient penser à réfor» mer leur doctrine, qui n'étoit » pas celle de l'Eglise; que dans » les endroits où ils parloient du » pape et des évêques, il y avoit >> trop d'aigreur et d'animosité; » qu'il falloit se soumettre, et parler d'un style plus modéré; » qu'au reste il conserveroit tou» jours pour eux beaucoup d'af» fection, et que ce ne seroit » jamais par son avis qu'on les » opprimeroit; qu'il iroit bientôt » dans sa maison de Cabrières, où » il s'informeroit plus particuliè»rement de toute l'affaire ; et » qu'il empêcheroit les troupes du

mains. Il s'étoit formé sur Cicéron; on pourroit même lui reprocher de s'être trop attaché à l'imiter. De tous ceux qui ont fait revivre dans le xv siècle la belle latinité, il est celui qui a le mieux réussi. Ses ouvrages ont été recueillis à Vérone en 3 vol. in-4.o, le 1o en 1737; le 2 en 1738; le 3 en 1740. Les principaux écrits de ce recueil sont: I. Divers Discours, dont le principal mérite est dans le style. II. Dix-sept livres d'Epî-»tées que pour les rendre odieux; tres, les unes intéressantes, les autres moins agréables. III. Une interprétation des Pseaumes et des Epitres de S. Paul; et d'autres ouvrages de théologie, écrits avec plus de politesse que de profondeur. IV. Des Traités de morale philosophique, sur l'éducation des enfans, sur les consolations dans les malheurs; et quelques autres écrits de ce genre, dont on fait cas, quoique ses raisonnemens soient quelquefois trop subtils et embarrassés. V. Plusieurs Poëmes, parmi lesquels son Curtius et son Laocoon tiennent le premier rang. L'auteur copie quelquefois dans ses vers les phrases de Virgile, ainsi que dans sa prose celles de Cicéron; mais, à travers les efforts d'une imitation servile, il laisse échapper de temps en temps des traits de son esprit. Ses écrits théologiques sont d'un ton de douceur et de modération qui étoit l'expression de son caractère. Il osa même écrire à Paul III, « qu'il étoit étonnant qu'on poursuivit avec acharnement les nou» veaux Hérétiques, tandis qu'on » laissoit vivre en paix les Juifs, » dont la haine irréconciliable » contre le nom Chrétien, étoit » connue, et qui d'ailleurs jouis» soient de grandes richesses, dont » ils dépouilloient les Chrétiens par

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Vice-Légat de continuer leurs » hostilités en quoi il réussit. » Son indulgence pour les errans ne lui fit pas négliger les intérêts de la vérité. Dans les premiers temps de la réforme, il écrivit aux Génevois une lettre qui respiroit toutà-la-fois la politesse d'un courtisan et le zèle d'un évêque. Quoiqu'il fut très-lié avec Erasme, il blamoit quelquefois les libertés qu'il se donnoit de temps en temps en matières de religion; et la manière honnête avec laquelle il lui disoit des vérités, charmoit presque autant Erasme, que si ses remarques eussent été des complimens. Pour avoir les Ouvrages complets

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SAENREDAM, (Jean) célèbre graveur, vivoit à la fin du xve siècle et au commencement du xvi. Les Estampes de ce maître sont très-goûtées des curieux. Il a sur-tout travaillé d'après Goltzius, et il a su allier la douceur avec la fermeté dans sa touche. On désireroit plus de correction dans ses dessins; mais c'est un reproche qu'il doit partager avec la plupart des peintres qu'il a copiés.

SAENZ, Voy. AGUIRRE
SAGAREL, Voy. SEGAREL.

I. SAGE, (David le ) de Montpellier, mort vers 1650, eut des mœurs dépravées et quelque talent. Il s'est fait de la réputation par ses poésies gasconnes. On a de lui un recueil intitulé: Les Folies

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II. SAGE, (Alain-René le > excellent romancier François et bon comique, né à Ruys en Bretagne vers l'an 1677 vint de bonne heure à Paris. Son premier ouvrage fut une traduction paraphrasée des Lettres d'Aristénète, apprit ensuite l'espagnol, et goûta auteur Grec, en 2 vol. in-12. Il beaucoup les écrivans de cette nation, dont il a donné des traductions, ou plutôt des imitations qui ont eu un grand succès. Ses principaux ouvrages en ce genre sont : I. Guzman d'Alfarache, en 2 vol. in-12; ouvrage où l'auteur fait passer le sérieux à travers le frivole qui y domine. II. Le Bachelier de Salamanque, en 2 vol. in-12; roman bien écrit, et semé d'une critique utile des mœurs du siècle. III. Gilblas de Santillane, en 4 vol. in-12. On y trouve des peintures vraies des mœurs des hommes, des choses ingénieuses et amusantes, des réflexions judicieuses. Il y a du choix et de l'élégance dans les expressions, de la netteté et de la gaieté dans les récits. C'est un tableau fidelle de toutes les conditions, et le meilleur roman moral qu'aucune nation ait produit. IV. Nouvelles Aventures de Don Quichotte, en 2 vol. in-12. Ce nouveau Don Quichotte ne vaut pas l'ancien; il y a pourtant quelques plaisanteries agréables. V. Le Diable Boiteux, in-12, 2 vol.; ouvrage qui renferme des traits propres à égayer l'esprit et à corriger les mœurs. ( Voy. I. GUEVARA.) II eut d'abord un si grand débit, que l'on rapporte que deux seigneurs

mirent l'épée à la main pour avoir le dernier exemplaire de la deuxième édition. VI. Mélanges amusans de saillies d'esprit et de traits his toriques des plus frappans, in-12. Ce recueil, ainsi que tous ceux de ce genre, est un mélange de bon et de mauvais. VII. Roland l'amoureux, traduction du Boïardo, 2. vol. in-12. VIII. Estevanille, ou le Garçon de bonne humeur, 2 vol. in-12; ouvrage dans lequel on retrouve toujours l'esprit de l'agréable auteur de Gilblas. Le Sage s'est aussi rendu célèbre par ses pièces dramatiques. On voit avec plaisir, au théâtre François, Crispin rival de son maire, et Turcaret, comédies on prose. Molière n'auroit pas désavoué plusieurs scènes de ces deux pièces. Cette dernière, jouée en 709, peint les mœurs du temps, qui sont encore les nôtres. Un dia. logue juste et naturel, des caractères d'une grande vérité, une intrigue bien conduite, la distinguent. L'Opéra comique est enrichi d'un grand nombre de ses ouvrages. Cet auteur avoit peu d'invention; mais il avoit de l'esprit, du goût, et l'art d'embellir les idées des autres, et de se les rendre propres. On peut le mettre au rang des auteurs qui ont le mieux possédé leur langue. Il eut plusieurs enfans, dont l'aîné s'est illustré comme acteur sur le théâtre François, sous le nom de MONTMENIL. C'étoit un homme d'une société douce et aimable: au milieu des plaisirs inséparables de son état, ses mœurs étoient irréprochables. Il mourut subitement dans une partie de chasse, le 8 septembre 1743. Il emporta les regrets de tous les honnêtes gens, amateurs du théâtre. Il avoit un talent supépienr, et qui n'étoit qu'à lui, pour

les rôles de valet. Le public en a long-temps senti la perte. La mort du fils mit le père dans le plus grand embarras. Il étoit extraordinairement sourd, et il se servoit d'un cornet qu'il appeloit son bienfaiteur, parce qu'il le tiroit de sa poche lorsqu'il imaginoit que la société étoit remplie de gens d'esprit, et qu'il l'enfermoit lorsqu'il ne rencontroit que des sots; et cette infirmité l'empêchant de jouir des agrémens de la société dans la capitale, il partit pour Saint-Quentin, où l'un de ses fils étoit chanoine. Ce ne fut pas sans de vifs regrets, quoique dans un âge avancé. Il auroit dit volontiers avec l'ingénieux et facile Coulange, dans ses Adieux à la ville de Paris :

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