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DE LITTÉRATURE

ANCIENNE ET MODERNE,

OU

RECUEIL d'Ouvrages grecs et latins, de tous les áges et de tous les genres, ignorés ou peu connus : Traduction's nouvelles et inédites, avec des Analyses de livres rares, des Notes critiques, des Recherches sur les Auteurs, des Rapprochemens littéraires, dans lesquels on compare ces Auteurs anciens avec ceux de la France et des autres Peuples de l'Europe.

PAR J. L. COUPÉ,

ANCIEN Professeur de l'Université de Paris, ancien Garde de la Bibliothèque du Roi, ancien Censeur royal; Auteur des Soirées Littéraires, de la Traduction du Théâtre de Sénèque, de celle des Poësies latines du Chancelier de l'Hôpital, etc.

PANÉGYRIQUES.

SECONDE PARTIE.

AZ 1596

A PARIS,

DE L'IMPRIMERIE DES SCIENCES ET ARTS,

RUE VENTADOUR, N.o 474.

BRUMAIRE AN XI. — 1802.

Ingenia doctissimorum hominum rem publicam facere.

ASINIUS POLLIO.

« Je voudrais bien pouvoir former un » trésor public de tout l'esprit des plus » savans Hommes du Monde. »

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LES Lecteurs auront déjà vu sans doute dans la première partie de mes Panégyriques les différentes nuances que les tems, les mœurs, les gouvernemens, et sur-tout l'usage du genre qui s'est perfectionné et détérioré ensuite d'âge en âge, ont nécessairement produites parmi tant d'auteurs. On le verra bien plus encore dans ce qui me reste à développer. En effet, pendant la durée du Bas-Empire, que j'ai bientôt parcourue, le goût antique se soutenait en partie, et les grands modèles, beaucoup plus connus que de nos jours, restaient sous les yeux, comme des règles dont personne n'osait s'affranchir absolument. Mais quand l'Empire fut démembré par les Barbares, chacun de ces nouveaux conquérans apporta dans le Panégyrique le goût de son pays, et comme le cachet de son ignorance, de ses passions; et la louange alors changea de face. Elle en changea bien plus encore, et sa physionomie se décomposa d'une bien autre manière, quand tous ces Peuples établis et fondés dans leurs contrées respectives, commencèrent à se civiliser. Les Italiens furent les seuls qui retinrent quelques restes des habitudes locales, et chez lesquels l'éloge était encore reconnaissable. Les autres

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Peuples de l'Europe louèrent sur un ton entièrement différent.

Voilà tout ce qui va se développer d'une manière sensible dans cette seconde partie, par les Panégyriques et les Complimens que nous allons présenter depuis ces tems reculés jusqu'à nos jours. Mais ce que nous ne cesserons d'y voir, chez les Peuples policés comme chez ceux qui cherchaient à l'être, c'est le désir universel qui porte tous les hommes à plaire à leurs semblables, et trop souvent à flatter les Grands de la terre, pour s'attirer leur faveur. C'est sur-tout dans les monarchies que ce désir s'agrandit et devient presque général. La France nous en offrira une preuve frappante. C'est pour cette raison que je détaillerai les Complimens de nos vieux ancêtres, en arrivant par degrés à notre tems. Ce n'est pas une chose indifférente pour un observateur, de voir la différence qui règne entre les Complimens adressés à Charles-le-Sage, et l'encens qu'on prodiguait à Louis XIV.

Mais je vais continuer les Eloges par lesquels le Batave Mamertinus célèbre les exploits et la vie de l'empereur Maximien, et en suivant la roue du tems qui entraîne tout, nous arriverons ensuite aux Eloges qui dominent de nos jours..

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GENETHLIACON ́ENETHLIACON est un mot grec qui signifie naissance, et les Romains étaient dans l'usage de célébrer celle de leurs empereurs tous les cinq ans. Or, cet espace de tems s'étant écoulé depuis l'avènement de Maximien au trône, on fit de grands préparatifs à Trêves où ce prince résidait; il y eut des jeux superbes, et toute la Gaule choisit encore le Belge Mamertinus pour relever cette pompe par l'éclat de son éloquence. Ce fut en 289 qu'il prononça le discours qui suit :

« César, tous ceux qui entreprennent de

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