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Faudra-t-il chicaner Mme de Montolieu, ou plutôt Mme Pichler, sur le titre de ce roman? Dirons-nous que, d'abord Falkemberg n'est point le principal personnage du roman, puisqu'il ne paraît qu'une ou deux fois en scène; que le nom de Mathilde aurait au moins dû figurer au titre de l'ouvrage; enfin, que ce second titre, POncle, est vague et même déplacé? Car ce n'est pas en sa qualité d'oncle qu'il joue un rôle dans le roman; il n'est oncle que d'un homme qu'on voit paraître un instant au commencement de l'ouvrage, et dont on ne reparle plus dans la suite. Mais qu'importe le titre d'un roman dans lequel d'ailleurs on trouve de l'intérêt ?

Un reproche plus grave qu'on pourrait faire à l'auteur original, c'est de n'avoir pas assez motivé la séduction de Mathilde. Est-il vraisemblable, en ne considérant pas même ce qu'il y a de contraire à la décence, qu'une jeune fille se prévienne à la première vue pour un homme de cinquante ans, qui est maigre, basané, dont le regard est sombre, et dont elle n'a entendu parler encore que sous les rapports les plus défavorables, lorsqu'elle sait d'ailleurs qu'il est marié? Cependant, il faut l'avouer, on ne peut se défendre d'un véritable intérêt en voyant les progrès de la passion de Mathilde. On partage le désir et l'espoir qu'elle nourrit, de trouver Falkemberg innocent. Cette gradation d'intérêt par laquelle le lecteur est conduit, est certainement ce qu'il y a de meilleur dans l'ouvrage; et c'est probablement Mme de Montolieu qu'il faut féliciter de l'avoir aussi habilement ménagée.

Beaucoup de détails fins et naturels sur le caractère des personnages, quelques descriptions locales où l'on remarque de la grâce et de la vérité, rappellent de tems en tems le talent de l'auteur à qui l'on doit Caroline de Lichtfield, un de nos plus agréables romans.

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Cet ouvrage, assez bien soigné pour l'impression présente cependant quelques phrases si singulièrement conçues, et si peu du style ordinaire de Mme de Montolieu, que nous avons eu peine à l'en accuser. En effet, nous nous sommes assurés par un exemplaire

corrigé par elle, et qui nous est tombé entre les mains, et par une personne qui a lu son manuscrit, qu'elle n'en est pas coupable (1). H. D.

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CHANSONS ET POÉSIES DIVERSES DE M. A. DESAUGIERS convive du Caveau Moderne. - TOME II. Dédié à M. le comte MURAIRE, conseiller-d'état, etc. - A Paris, chez Poulet, imprimeur, quai des Augustins, no 9; Bechet, libraire, même quai, n° 63; et Germain Mathiot, même quai, no 25.

Ce second volume des chansons et poésies de M. Desaugiers n'a paru que deux ans après le premier; et cet intervalle a semblé long à tous les amis de la franche et vive gaîté.

L'auteur n'a pas cru devoir faire une préface ou un avertissement pour s'excuser d'une lenteur dont on pourrait pourtant lui faire de justes reproches. Il sait que ses. chansons seront toujours bien reçues dans quelque tems qu'elles se présentent; et il en est, dit-on, de sa per

(1) Nous allons relever ici les fautes essentielles elles disparaîtront sûrement dans une seconde édition.

Ier vol. Pag. 20, lig. 12. Il (l'ambassadeur comte de Falkemberg) il portait dans sa main droite un lièvre qu'il chercha à cacher sous sa poche; lisez : il tenait un livre qu'il cacha dans sa poche.

N. B. Le comte de Falkemberg lisait beaucoup, ne chassait point, et sur-tout ne portait ni ne cachait des lièvres comme un braconnier. Pag. 154, lig. 4. Toute cette phrase est défigurée, et voici ce que Mme de Montolieu disait : Quoique l'amitié de Mathilde pour cette aimable femme se fût encore augmentée par cet entretien.

Pag. 157, lig. 13. Sœur très-aimée ; lisez : aìnée.

Pag. 186, lig. 1. Connaître ; lisez ; fixer.

Pag. 219, lig. 11. Dégoût; lisez : éloignement.

20 vol. Pag. 19, lig. 2. Pardonner; lisez : surmonter.

Pag. 40, lig. 4. Mon plus sincère désir ; lisez : ma plus sûre égide, Pag. 92, lig. 16. Reçu au soir dans sa chambre particulièrement ; lisez reçu au soir par hasard avec Dorothée.

sonne comme de ses chansons; car s'il est un des con-
vives les plus gais du Caveau Moderne, il passe aussi
pour un des plus aimables convives dans les sociétés
Ce qui caractérise le talent de M. Desaugiers
genre que des pédans chagrins ou des poëtes outsou
flés affectent trop de dédaigner, c'est la verve a gallé
vraie, et, si l'on peut le dire, la joie qui règne dans ses
couplets; c'est l'heureuse originalité de ses refrains et
de ses rimes inattendues. Soit que les sujets de ses chan
sons lui aient été donnés, soit qu'il les ait imagines
les entrevoit toujours sous un point de vue juste, philoso
phique. Il est peu de ces chansons où l'on n'aperçoive
à travers les expressions les plus gaies, les plus folles en
apparence, un fonds de raison digne de nos plus célèbres
moralistes; il s'échappe même de tems en tems de sa
plume, et peut-être malgré lui, des traits de sensibilité
qui n'en paraissent que plus aimables. Voilà ce qui le
distingue de ses maîtres, entr'autres de Collé, avec lequel
il a d'ailleurs beaucoup de traits de ressemblance, que
certainement il égale pour la facture du couplet, et qu'il
surpasse quelquefois pour la franchise et la gaîté.

Il faut motiver le jugement que nous portons sur le genre de talent de M. Desaugiers; ce ne peut être que par des citations; mais ici se présente un inconvénient presqu'inévitable, quand on rend compte d'un recueil de poésies, c'est l'embarras du choix dans les morceaux qu'on veut citer; et cet embarras doit redoubler quand il s'agit des chansons de M. Desaugiers. L'auteur, au reste, l'éprouverait probablement lui-même, s'il lui fallait indiquer celle qui lui plaît davantage, celle qui a obtenu le plus de succès. N'importe ! dussions-nous commettre des gaucheries, ne choisir que les chansons qui lui paraissent les plus faibles de son recueil, nous citerons d'après l'impression que nous avons éprouvée. Nous commencerons par quelques couplets d'une chanson où l'auteur paraît avoir fait sa profession de foi en morale. C'est celle qui a pour titre : La Vie épicurienne, sur l'air: De la Chasse du Roi et le Fermier.

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J'espère que c'est bien,

Heim?

Aimer en épicurien.

Aucun

Trouble importun

N'altère de mes heureux jours
Le cours.

Tout voir

Sans m'émouvoir,

Fut toujours la suprême loi

Pour moi.

J'attends

La faulx du Tems;

Mais je ne l'attends, morbleu ! qu'en
Trinquant.

J'espère que c'est bien,
Heim?

Vieillir en épicurien.

Nous voudrions bien pouvoir citer encore la chanson : Il faut rire; le Portrait de mademoiselle Margot; Paris en miniature, vaudeville dans lequel l'auteur a passé en revue, par des rapprochemens très-piquans, les diverses conditions, les mœurs, les travers qui forment la physionomie de cette brillante capitale ; mais il serait trop facile de remplir un journal avec des citations, et nous ne voulons, ni ne devons commencer la seconde édition des chansons de M. Desaugiers. Nous ne résisterons point, cependant, au désir de faire connaître à nos lecteurs une partie des Inconvéniens de la fortune. Cette chanson est sur l'air: Adieu paniers, etc.

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Toi dont la grâce gentillette,
En me ravissant la raison,

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