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Des instans dont la gloire est £ère :
Je ne dessers point ses autels,
Et vous leur étes nécessaire ;

Je cultive une fleur légère,

Et vous des lauriers immortels.

DALBAN.

ÉNIGME.

CHARMER est mon destin: jadis dans leur ivresse
On a vu mille amans se presser sur mes pas;
Aristide et Caton, vantés pour leur sagesse,
N'auraient pu résister à mes divins appas.
Mon règne dure encore: au sein d'un vaste empire
Tout le monde à présent m'applaudit et m'admire,
Et lorsque je parais, j'ai l'art, comme autrefois,
D'enchanter les guerriers, les princes et les rois.
V. B. (d'Agen.)

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LOGOGRIPHE

JE suis pour les humains un objet très-utile,
Lecteur, et chaque jour ces êtres dédaigneux
Osent me comparer le plus bête d'entre eux.

Nous fûmes cependant formés du même argile :

Ainsi donc je pourrais, malgré leur vanité,
Revendiquer les droits de notre parenté.

Ma tête à bas, la scène change;

Par une révolution

Qui doit paraître fort étrange,
J'offre à ton admiration

D'un état policé la plus parfaite image;
L'art de mes habitans sert à guider tes pas
Il donne de l'éclat aux fètes, aux repas ;
Jadis certain produit extrait de leur ouvrage,
D'un jeune prince hébreu, connu par son courage
Sans le secours du peuple eût causé le trépas.

Par le même.

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Jamais tel titre ou telle dignité,
Si des vertus il n'est la récompense,

S'il n'est le prix de la vaillance

Ou d'offices rendus à la société,

N'eût dû, pour l'homme bréveté,

Valoir sur ses égaux la moindre préférence,
Moins encor lui donner de la fatuité.

Tout honneur qui n'est mérité,

Tout ce qui contredit la raison, l'équité,
Ne peut être qu'orgueil, erreur, inconséquence;
Et c'est de là que viennent tant d'abus.
De cette vérité la preuve est non douteuse.

Dans une famille nombreuse,

De noir, de brun, de roux, de gris, de blanc vêtus,
Que l'on vit autrefois et que l'on ne voit plus;

Où chacun d'eux faisait le beau serment d'instruire,

D'édifier, prêcher, chanter, écrire,

Deux ou trois fils aînés (soit dit sans penser

Dédaignant le prénom vénéré, social

mal)

Qu'on doit aux mots si doux, ou de père, ou de frère,

Ont usurpé pour eux seuls mon premier,

(Qui latin ou français en effet est altier, )
Qu'apparemment ils ont cru nécessaire,

Pour n'être confondus avec tous leurs cadets,
Moins riches, il est vrai, mais tout aussi parfaits,
Ou du moins pouvant l'être, en vertus, en science.
Sans doute on ne croira jamais

Que les titres ou l'opulence

Soient des moyens par excellence,

Sans lesquels vers le bien on ne fait de progrès.
Permettez maintenant que je cite un adage

Qui dit : Ne vous fiez pas trop à la couleur.
On le lit sur chaque visage

Qui plus ou moins naïf, plus ou moins séducteur,
Dissimule ou trahit son esprit ou son cœur.

D'après cela réglez votre conduite,

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Puisque mon dernier est, souvenez-vous en bien,
Le miroir de l'homme de bien,

Ou le masque de l'hypocrite.

Car, pour connaître l'homme et juger son mérite,
Croyez-en peu ses yeux, sa voix et son matntien.
Cette vérité-là ne peut être trop dite.

Pour trouver mon entier indiquons un moyen,
Je le dois, il est tems. Vous serez à votre aise
En apprenant qu'il est au pays bien connu,
Qu'on dit de fine fleur, où, parfois, l'air se pèse ;.
Du moins certain conteur ainsi l'a prétendu.

Or, il advint que, dans cette contrée,
Un quidam se rendit coupable d'un méfait
Qui de la justice offensée

Dut exciter le zèle et devenir l'objet.

La chose étant bien avérée,

Il fut saisi, jugé, puis amené chez moi,
Pour y subir le sort que lui devait la loi..
Lorsque la justice est sévère, prompte, leste,
L'ordre en est mieux et plus tót rétabli.
Le quidam arrivant une heure avant midi,
Midi, précisément, fut son heure funeste;
Et c'est de là qu'avec humeur,

(On lui pardonne) il dit : Oh! ville de malheur !
Dès lors on me donna ce surnom qui me reste.

JOUYNEAU-DESLOGES (Poitiers ).

Mots de l'ENIGME, du LOGOGRIPHE et de la CHARADE insérés dans le dernier Numéro.

Le mot de l'Enigme est les Dents.

Celui de l'Enigme est Gris, dans lequel on trouve : ris, formant les trois cinquièmes du mot Paris.

Celui de la Charade est Sinon.

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LITTÉRATURE ET BEAUX-ARTS.

ŒUVRES DU COMTE ANTOINE HAMILTON, nouvelle édition, ornée de 12 belles gravures, 3 vol. in-8°, et un demivolume contenant la suite des Facardins et de Zéneyde; par M. DE LÉVIS, auteur des Voyages de Kang-Hi et des Maximes et réflexions morales et politiques. Prix, 30 fr. La suite, par M. DE LEVIS, se vend aussi séparément 3 fr. 50 cent. A Paris, chez Ant.Aug. Renouard, libraire, rue Saint-André-des-Arcs, n55.

VOICI un nouveau service rendu par M. Renouard aux amis de notre littérature. Les Euvres du comte Hamilton en sont sans doute une des productions les plus originales et les plus amusantes. Toutes les éditions en étaient épuisées, même celle qui parut en 1805 chez le libraire Colnet. M. Renouard, dans celle qu'il nous donne, n'a pas vu simplement une spéculation de librairie; il en a fait une entreprise plus honorable en se proposant de la rendre préférable à toutes les autres, et il y a pleinement réussi.

Cet habile éditeur nous rend, dans un avis, un compte très-judicieux de ces anciennes éditions. Il remarque qu'avant celle des Mémoires de Grammont donnée en Angleterre en 1772, les noms anglais qui se trouvent dans la seconde partie de ces Mémoires avaient toujours été défigurés, et il en cite des exemples. Je ne crois pas que le mal fût aussi grand qu'il paraît, du moins en France, et je suis persuadé qu'Hamilton lui-même avait ainsi défiguré ces noms pour les rendre plus faciles à retenir et à prononcer aux Français, dans un tems où ils s'occupaient fort peu de la langue anglaise ; mais il n'en était pas moins utile de les rétablir aujourd'hui. M. Auger en avait donné l'exemple dans l'édition de Colnet; il y avait aussi profité des notes de la première

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édition anglaise; et en cela il n'avait laissé à M. Renouard qu'un moyen de faire mieux que lui. Vingt ans après cette première édition (en 1792) les Anglais en donnèrent une autre avec des notes beaucoup plus étendues. Les éditeurs français de 1805 l'avaient négligée; celui de 1812 y a eu recours, et en a tiré avec discernement et sobriété des renseignemens très-utiles.

Une notice sur la vie et les ouvrages d'Hamilton était nécessaire à la tête d'une édition de ses œuvres. M. Auger en avait donné une, et c'est ici sur-tout qu'il eût été difficile de mieux faire. M. Renouard l'a senti; il a obtenu de M. Auger la permission de réimprimer sa notice, et le public doit leur en savoir gré à tous deux.

Sous un autre rapport, il était facile de surpasser les éditeurs de 1805. Je veux parler de la correction du texte. Les éditeurs s'étaient attachés, à ce qu'il paraît, à l'édition de 1776, très-défectueuse, sur-tout dans la partie des œuvres diverses. M. Renouard en a réparé toutes les omissions. A la vérité, les pièces qu'elles défiguraient ne sont pas d'une grande importance, et la gloire de l'auteur n'eût rien perdu à leur entière suppression; mais, du moment qu'on les conservait, il était bon de les donner telles que l'auteur les a écrites. I paraît, au reste, que même pour les Mémoires de Grammont, les éditeurs de 1805 n'ont pas toujours suivi des guides fidèles. J'y lis au commencement du chapitre V, page 86, que le chevalier de Grammont était à la guerre, égal dans les événemens de l'une et de l'autre fortune, d'un agrément inépuisable dans la bonne compagnie plein d'expédiens et de conseils dans la mauvaise. Je ne voudrais certainement pas jurer que le chevalier de Grammont ne se trouva jamais en mauvaise compagnie; mais j'avoue que j'aimerais mieux effacer ce mot compagnie, qui ne se trouve point dans l'édition de M. Renouard, et que je saurais plus de gré au chevalier d'avoir été plein d'expédiens et de conseils dans la mauvaise fortune.

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On sait que le nouvel éditeur d'Hamilton est en possession de donner une grande perfection typographique aux ouvrages qu'il publie; ce mérite se trouve à un haut

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