ainsi et secondant l'un l'autre, comme Socrate et Anytus, vous pouvez convertir le monde. >>

Voilà l'épître que je reçois de mon tant bon ami sir John, qui sur les pamphlets pense et me conseille au contraire de Monsieur Arthus Bertrand. Celui-ci ne voit rien de si abominable, l'autre rien de si beau. Quelle différence! et remarquez: le Français léger ne fait cas que des lourds volumes, le gros Anglais veut mettre tout en feuilles volantes; contraste singulier, bizarrerie de nature! Si je pouvais compter que delà l'Océan les choses sont ainsi qu'il me les représente, j'irais; mais j'entends dire que là, comme en Europe, il y a des Excellences et bien pis, des héros. Ne partons pas, mes amis, n'y allons point encore. Peut-être, Dieu aidant, peut-être aurons-nous ici autant de liberté, à tout prendre, qu'ailleurs, quoi qu'en dise sir John. Bonhomme en vérité! J'ai peur qu'il ne s'abuse, me croyant fait pour imiter Socrate jusqu'au bout. Non, détournez ce calice; la ciguë est amère; et le monde de soi se convertit assez sans que je m'en mêle, chétif. Je serais la mouche du coche, qui se passera bien de mon bourdonnement. Il va, mes chers amis, et ne cesse d'aller. Si sa marche nous paraît lente, c'est que nous vivons un instant. Mais que de chemin il a fait depuis cinq ou six siècles! A cette heure, en plaine roulant, rien ne le peut plus arrêter.

NOTES

DES

P.

PAMPHLETS, LETTRES ET PROCÈS POLITIQUES.

Le texte des Pamphlets, lettres et procès politiques de L. Courier que nous donnons, est publié d'après les brochures originales, devenues rares aujourd'hui. M. Eug. Crépet, qui en possède une collection provenant de la vente des livres de M. Taschereau, ancien directeur de la Bibliothèque nationale, a bien voulu la mettre à notre disposition. Nous le prions de recevoir ici nos remerciments pour l'obligeance avec laquelle il nous l'a communiquée.

PÉTITION AUX DEUX CHAMBRES.

Page 3. La Pétition aux deux Chambres est un pamphlet adressé à la Chambre des Pairs et des députés. Il fut écrit à propos d'arrestations qui eurent lieu à Luynes (Indre-et-Loire) le 15 mars 1816, jour de la mi-carême.

On mit en prison des personnes accusées d'avoir mal parlé de Louis XVIII et de son gouvernement. Le préfet de Tours, M. Bacot, en fit arrêter plus de 500 dans l'espace d'un mois. Les unes furent condamnées à la déportation, les autres à une détention très-longue. Parmi celles-ci, plusieurs moururent dans les prisons, et leurs familles persécutées périrent de misère. Ces arrestations ne furent pas les seules. Les événements de 1815 donnèrent lieu, dans la plupart des départements de la France, à de nombreuses poursuites contre les personnes soupçonnées d'hostilité envers les Bourbons.

La Pétition aux deux Chambres fut achevée le 10 décembre de cette même année. La brochure originale (15 pages in-8°) a été imprimée chez A. Borée; elle ne porte pas de lieu d'impression.

-

P. 4, 1. 4. Il y a eu un an environà la Saint-Martin.... C'est-à-dire vers le 11 novembre 1815. C'est à la fête de la Saint-Martin que dans plusieurs pays, notamment en Touraine, on loue les domestiques et on renouvelle les baux à ferme.

P.

1.23. 4,

Les éditions de 1829-30 et de 1834, dont le texte a été reproduit dans la plupart de celles qui ont paru depuis, portent par erreur advint au lieu de avint, ancienne forme du verbe advenir. Très-usitée au XVIIe siècle, elle ne l'est plus guère aujourd'hui; mais elle était tout à fait dans les habitudes de Courier.

P. 4, 1. 25 et 26.- Aux prisons de Langeais....— Langeais, chef-lieu de canton du département d'Indre-etLoire, arrondissement de Chinon.

P. 5, 1. 21 et 22.-....Il gardait son vin pour le vendre au retour de Bonaparte Allusion aux sentiments bonapartistes et aux espérances illusoires que nourrissaient à cette époque beaucoup de paysans.

P. 6, 1. 2 et 3.-Chateaubriand a dit dans le livre défendu, que tout le monde lit: - Allusion à la brochure: De la monarchie selon la Charte (Paris, 1816), qui blâmait l'ordonnance de dissolution de la Chambre introuvable de 1815, et qui fut saisie par la police.

P. 6, 1. 27. Les éditions de 1829-30 et de 1834 portent par erreur 25 mars au lieu de 15 mars.

P.7, 1. 17.- Le Père Canaye. - Voyez la Conversation du Père Canaye et du maréchal d'Hocquincourt, dans SaintEvremond (Note de Courier).

P. 12, 1. 29 et 30.- Ce génie qui inventa la grande guerre et la haute police. Allusion à Napoléon Ier.

...

P. 13, 1. 15 et 16.-Jamais les femmes de Tours n'ont vu la fumée d'un camp. -- Phrase historiquement inexacte. Une bataille de Tours (732) fut gagnée sur les Arabes par Charles d'Austrasie, surnommé, après cette victoire, Charles Martel.

P. 13, 1. 30 et p. 14, 1. 1. - De peur de ne pas crier à propos: Vive le Roi ! Vive la Ligue ! Cette moralité est tirée de La Chauve-souris et les deux Belettes de La Fontaine (Liv. II, fable 5).

PROCÈS DE PIERRE CLAVIER BLONDEAU.

P. 16. Ce pamphlet, écrit en 1819, fut comme la Pétition aux deux Chambres, imprimé chez A. Bobée. / La brochure originale est de 20 pages in-8°. Elle contient un placet à Son Excellence Mgr le Ministre, dont il existe une autre édition publiée à part en caractères plus gros, de 4 pages, sans lieu ni date (30 mars 1819, in-8°). P. 16.-Placet à Son Excellence Mgr le Ministre...-C'està-dire à M. le duc Decazes, alors ministre de l'intérieur. P. 16, 1. 6. Dans ma forêt de Larçai... Larçay, commune du département d'Indre-et-Loire, sur le Cher, canton et arrondissement de Tours.

P. 16, 1.7 et 8.-Mon garde... requit le maire de Véretz... M. de Beaune qui, d'après les annuaires du département d'Indre-et-Loire, fut maire de Véretz de 1818 à 1824.

Ce M. de Beaune, dont il est sans cesse question dans ce procès, était, paraît-il, un homme vulgaire et de peu d'esprit. Il avait des prétentions à la noblesse et avait changé