chands ruinés par les

guerres, par le feu, ou de semblables accidens, s'appellent marpar candiers: ces hommes qui gueusent ordinairement avec leurs femmes, leurs enfans et un certificat en main, lequel porte qu'ils ont été brûlés avec tout leur bien, du feu du ciel, ou par fortune, prennent le nom de Rifodés. Quant aux Malingreux, il y en a de deux espèces; les premiers ont le ventre dur et enflé, ainsi que des hydropiques, les autres ont un bras, une jambe, ou une cuisse pleine d'ulcères, et demandent l'aumône dans les églises, pour aller en pélerinage à Saint-Méca, où ils feignent d'avoir voué une messe : les Piètres ne marchent qu'avec des potences: les Courtaux de Boutanche ne gueusent que l'hiver : les Polissons vont quatre de bande, avec un pourpoint sans chemise, un chapeau sans fond, le bissac et la bouteille sur le côté.

Selon quelques-uns, les Francsmitous ont autour du front un méchant mouchoir sale, et contrefont les malades, appuyés sur un petit bâton, haut seulement jusqu'à portée de la main, fléchissant les jambes et le corps de foiblesse ; selon d'autres, ils se

lient le bras en haut de telle sorte que leur pouls ne bat point, et que se laissant quelquefois tomber, ils ne semblent pas seulement être prêts à mourir aux bonnes gens qui viennent à leur secours, mais même aux médecins et aux chirurgiens qui, ne leur sentant point l'artère au bras, croient qu'ils vont rendre l'ame. Les Capons sont aussi, selon quelques-uns, des larrons et des coupeurs de bourse, qui mendient dans les cabarets de Paris. Les Callots feignent d'être guéris de la teigne et de venir de SainteReine. Les Hubins disent et montrent avec un certificat, qu'un chien ou loup enragé les a mordus, et qu'ils vont faire le voyage de Saint-Hubert. Les Coquillarts ont fait le pélerinage de Saint-Jacques ou de Saint-Michel, et vendent bien leurs coquilles à ceux même qui en reviennent. Les Sabouleux contrefont les malades de suinte avec un morceau de savon en la bouche, qui jette bien de l'écume; ils ont la tête pleine de blessures, pour s'être tourmentés et débattus: ces derniers sont les plus fidèles sujets du Grand-Coësve, et lui payent plus gros tribut qu'aucun autre de ses officiers.

les

Tous ensemble ne se portent mal qu'en apparence; ils sont aussi sains les uns que autres : tous les maux que je viens de déduire, ils se les font et s'en guérissent euxmêmes.

ils

Ils se lient le plus fortement qu'ils peuvent avec une bande fort étroite; si c'est une jambe, ils dansent dessus; si c'est un bras, s'y appuient, ainsi des autres, jusqu'à ce que la partie devienne bien enflée. Cela fait, ils la déplient, puis y mettent à l'heure même de l'esclaire, qu'ils y laissent toute la nuit, et qui a la propriété de couvrir toute la peau de cloches. Le matin ils les coupent ; et comme il en sort de l'eau rousse, ils l'arrêtent avec de la poirée, qui la convertit en boue. Après tout, pour rendre ces plaies plus vraies et plus vilaines, il les entourent de sang de bœuf détrempé avec de la farine, et preparé, comme j'ai dit, par leurs apprentis. Une jambe en cet état, s'appelle une jambe de Dieu. Aussi est-il tellement difficile de la mettre au point qu'il faut, que c'est le plus grand coup de maître des Argotiers, et que ceux qui en viennent à bout sont considérés comme les grands du royaume Argotique et estimés les , plus riches.

Benserade vient de les mettre sur la scène, sous le titre de Ballet des Gueux.

On en a beaucoup ri, et moi je gémissois d'un pareil spectacle, qui me sembloit une accusation solennelle contre le Gouvernement qui tolère un brigandage si scandaleux.

LIVRE ONZIÈME.

SÉJOUR DE CASIMIR A PARIS.

SOMMAIRE GÉNÉRAL.

LES ARTS LIBÉRAUX, LA POÉSIE, LA MUSIQUE, LA DANSE, LES SPECTACLES, etc. LES MONUMENS PUBLICS.

Galeries de Portraits. Mademoiselle Serment (l'amie de Quinault); la divine Martel; Lambert; Baptiste l'aîné; Quinault; Lully; Racine; Boileau; Molière; la Fontaine; Bossuet; Fléchier; Montausier; le Dauphin; Dacier; Perrault; le Bernin; Colbert; le Brun; le Veau; Lainez le Poète, etc.