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s'amusent à se blesser; un Français souffre d'entendre ce commerce de prétendues politesses; nous n'allons point par gaieté à des assauts de pugilat. Leur dialogue tourne naturellement à la satire haineuse; au lieu de couvrir le vice, il le met en saillie; au lieu de le rendre risible, il le rend odieux. « A quoi avez<«< vous passé la nuit? dit une dame à son amie. <<< A chercher tous les moyens de faire enrager mon <«< mari. Rien d'étonnant que vous paraissiez si <«< fraîche ce matin après une nuit de rêveries si agréables » Ces femmes sont vraiment mé1! chantes et trop ouvertement. Partout ici le vice est cru, poussé à ses extrêmes, présenté avec ses accompagnements physiques. « Quand j'appris que « mon père avait reçu une balle dans la tête, dit un héritier, mon cœur fit une cabriole jusqu'à mon < gosier. Consultez les veuves de la ville, dit une jeune dame qui ne veut pas se remarier, elle vous <«< diront qu'il ne faut pas prendre à bail fixe une <«< maison qu'on peut louer pour trois mois. » Les gentlemen se collettent sur la scène, brusquent les

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Prithee, tell me how you have passed the night?

ARAMINTA.

Why, I have been studying all the ways my brain could produce to plague my husband.

CLARISSA.

No wonder, indeed, you look so fresh this morning, after the satisfaction of such pleasant ideas all night.

2. Lady Fidget dit :

(Vanbrugh, Confederacy, II, 1.)

Our virtue is like the statesman's religion, the Quaker's word,

femmes aux yeux du public, achèvent l'adultère à deux pas, dans la coulisse. Les rôles ignobles ou féroces abondent. Il y a des furies comme mistress Loveit et lady Touchwood. Il y a des pourceaux comme le chapelain Bull et l'entremetteur Coupler. Lady Touchwood, sur la scène, veut poignarder son amant'; Coupler, sur la scène, a des gestes qui rappellent la cour de notre Henri III. Les scélérats comme Fainall et Maskwell restent entiers, sans que leur odieux soit dissimulé par le grotesque. Les femmes même honnêtes, comme Silvia et mistress Sullen, sont aventurées jusqu'aux situations les plus choquantes. Rien ne choque ce public; il n'a de l'éducation que le vernis.

Il y a une correspondance forcée entre l'esprit d'un écrivain, le monde qui l'entoure et les personnages qu'il produit; car c'est dans ce monde qu'il prend les matériaux dont il les fait. Les sentiments qu'il contemple en autrui et qu'il éprouve en luimême s'organisent peu à peu en caractères; il ne

the gamester's oath, and the great man's honour, but to cheat those that trust us. (Wycherley, Love in a Wood.)

If you consult the widows of the town, they'll tell you, you should never take a lease of a house you can hire for a quarter's warning. (Vanbrugh, Relapse, acte II, fin.)

My heart cut a caper up to my mouth when I heard my father was shot through the head. (Ibid.)

1.

LADY TOUCHWOOD (à Maskwell).

You want but leisure to invent fresh falsehood, and sooth me to a fond belief of all your fictions. But I'll stab the lie that is forming in your heart,and save a sin, in pity of your soul.

(Congreve, Double Dealer.)

:

peut inventer que d'après sa structure donnée et son expérience acquise, et ses personnages ne font que manifester ce qu'il est, ou abréger ce qu'il a vu. Deux traits dominent dans ce monde, ils dominent aussi dans ce théâtre. Tous les personnages réussis s'y ramènent à deux groupes : les êtres naturels d'un côté, les êtres artificiels de l'autre; les uns avec la grossièreté et l'impudeur des inclinations primitives, les autres avec la frivolité et les vices des habitudes mondaines; les uns incultes, sans que leur simplicité révèle autre chose que leur bassesse native; les autres cultivés, sans que leur raffinement leur imprime autre chose qu'une corruption nouvelle. Et le talent des écrivains est propre à la peinture de ces deux groupes ils ont la grande faculté anglaise, qui est la connaissance du détail précis et des sentiments réels; ils voient les gestes, les alentours, les habits, ils entendent les sons de voix; ils osent les montrer; ils ont hérité bien peu, et de bien loin, et malgré eux, mais enfin ils ont hérité de Shakspeare; ils manient franchement, et sans l'adoucir, le gros rouge cru qui seul peut rendre la figure de leurs brutes. D'autre part, ils ont la verve et le bon style; ils peuvent exprimer le caquetage étourdi, les affectations folâtres, l'intarissable et capricieuse abondance des fatuités de salon ; ils ont autant d'entrain que les plus fous, et en même temps ils parlent aussi bien que les mieux appris; ils peuvent donner le modèle des conversations ingénieuses; ils ont la légèreté de touche, le brillant et aussi la

facilité, la correction sans lesquelles on ne fait pas le portrait des gens du monde. Ils trouvent naturellement sur leur palette les fortes couleurs qui conviennent à leurs barbares et les jolies enluminures qui conviennent à leurs élégants.

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VIII

y a d'abord le butor, le squire Sullen', ou sir John Brute, sorte d'ivrogne ignoble « qui, le soir, « roule dans la chambre de sa femme en trébu<«< chant comme un passager qui a le mal de mer, << entre brutalement au lit, les pieds froids comme « de la glace, l'haleine chaude comme une four<«< naise, les mains et la face aussi grasses que son <«< bonnet de flanelle, renverse les matelas, retrousse les draps par-dessus ses épaules et ronfle. » On << lui demande pourquoi il s'est marié? » Je me suis « marié parce que j'avais l'idée de coucher avec

1. Farquhar, The Beaux Stratagem.

2. Vanbrugh, Provoked Wife.

3. After his man and he had rolled about the room, like sick passengers in a storm, he comes flounce in the bed, dead as a salmon into a fishmonger's basket; his feet cold as ice, his breath hot as a furnace, and his hands and his face as greasy his flannel night-cap. O matrimony! He tosses up th with a barbarous swing over his shoulders, disorders t economy of my bed, bares me half naked, and my who comfort is the tunable serenade of that wakeful ni his nose!

elle, et qu'elle ne voulait pas me laisser faire1. » Il fait de son salon une écurie, fume jusqu'à l'empester pour en chasser les femmes, leur jette sa pipe à la tête, boit, jure et sacre. Les gros mots, les malédictions coulent dans sa conversation comme les ordures dans un ruisseau. Il se soûle au cabaret et hurle « Au diable la morale, au diable la garde! <«<et que le constable soit marié! » Il crie qu'il est Anglais, homme libre; il veut sortir et tout casser2. << Laissez-moi donc tranquille avec ma femme et << votre maîtresse, je les donne au diable toutes « les deux de tout mon cœur, et toutes les jambes qui traînent une jupe, excepté quatre braves drô«<lesses, et Betty Sands en tête, qui se grisent avec << lord Rake et moi cinq fois par semaine3. » Il sort de l'auberge avec des chenapans avinés, et court sus aux femmes à travers les rues. Il détrousse un tailleur qui portait une soutane, s'en habille, rosse la

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1. Why did I marry! I married because I had a mind to lie with her, and she would not let me....

2. Ay, damn morality!-and damn the watch! and let the constable be married!... Liberty and property, and Old England, huzza!...

So, now, Mr. Constable, shall you and I go pick up a whore together? No? — Then I'll go by myself, and you and your wife may be damned!...

Who do you call a drunken fellow, you slut you? I'm a man of quality; the king has made me a knight.... I'll devil you, you jade you! I'll demolish your ugly face !...

I'll warrant you it is some such squeamish minx as my wife, that is grown so dainty of late, that she finds fault even with a dirty shirt.

3. Let us hear no more of my wife nor your mistress. Damn them both with all my heart, and every thing else that dangles a

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