comme en avarice, et aussi content de regarder une grimace de souffrance que le scintillement d'un rubis. On voit arriver l'avocat Voltore portant une large pièce d'argenterie. Volpone se jette sur son lit, s'enveloppe de fourrures, entasse ses oreillers, et tousse à rendre l'âme. « Je vous remercie, seigneur Voltore. Où est la pièce d'argenterie? Mes yeux sont mauvais. Votre affection ne restera pas sans récompense. Je ne puis durer longtemps. Je sens que je m'en vas. Ah! ah! ah! ah! » Il ferme les yeux comme épuisé. « Suis-je héritier? » dit Voltore au parasite Mosca'. MOSCA. Si vous l'êtes! Je vous supplie, seigneur, promettez-moi De me mettre au nombre de vos gens. Toutes mes espérances Reposent sur votre seigneurie. Je suis perdu. Si le soleil levant ne brille pas sur moi. VOLTORE. Il brillera sur toi, et il te réchauffera aussi, Mosca. MOSCA. Seigneur, je ne suis pas l'homme qui ai rendu à votre grâce Les plus mauvais offices. Je porte ici vos clefs, Je veille à ce que tous vos coffres et cassettes soient fermés, Argent et vaisselle; je suis votre intendant, seigneur, VOLTORE. Mais suis-je seul héritier? MOSCA. Sans associé, seigneur, confirmé de ce matin. La cire est chaude encore, et l'encre à peine séchée Et il lui détaille l'affluence des biens où il va nager, l'or qui va ruisseler sur lui, l'opulence qui va couler dans sa maison comme un fleuve. « Quand Without a partner, sir; confirm'd this morning; The wax is warm yet, and the ink scarce dry I know no second cause.... When will you have your inventory brought, sir? Or see a copy of the will? (Acte I, sc. I.) voulez-vous que je vous apporte votre inventaire, seigneur? ou bien la copie du testament. » C'est avec ces paroles précises, avec ces détails sensibles qu'on allume les imaginations. Aussi, coup sur coup, les héritiers accourent comme des bêtes de proie. Le second est un vieil avare, Corbaccio, sourd, cassé, presque mourant, et qui pourtant espère survivre à Volpone. Pour en être plus sûr, il voudrait bien lui faire donner par Mosca un bon narcotique. Il l'a sur lui, cet excellent narcotique, il l'a fait préparer sous ses propres yeux, il le propose. Sa joie en trouvant Volpone plus malade que lui est d'un comique amer. « Comment va-t-il? » MOSCA. Sa bouche est toujours entr'ouverte, et ses paupières fermées. Bon. CORBACCIO. MOSCA. Un engourdissement glacial roidit tous ses membres Et fait que sa chair a la couleur du plomb. Cela est bon. CORBACCIO. MOSCA. Son pouls bat lentement et à peine. CORBACCIO. Bons symptômes encore. MOSCA. Et de son cerveau... (Mosca crie plus haut.) Je t'entends. Bon. CORBACCIO. MOSCA. Coule une sueur froide, avec une humeur Qui suinte continuellement des coins de ses yeux noyés. CORBACCIO. Est-ce possible? Moi, je suis mieux, hé! hé! MOSCA. Oh! seigneur, il a passé l'éblouissement. A présent CORBACCIO. Excellent! excellent! Certainement je lui survivrai. << Si vous voulez hériter, le moment est bon. Mais ne vous laissez pas prévenir. Le seigneur Voltore vient d'apporter une pièce d'argenterie. Tiens, Mosca, dit Corbaccio, regarde. Voici un sac de sequins qui pèsera dans la balance plus que sa pièce d'argenterie. Faites mieux encore. Déshéritez votre fils, instituez Volpone héritier, et envoyez-lui Oui, j'y avais pensé. Cela votre testament. sera d'un effet souverain. Déshériter un fils si brave, d'un si grand mérite! Résistera-t-il à une telle marque de tendresse? Tu dis bien, oui, mais l'idée est de moi. — D'ailleurs, vous êtes si certain de lui survivre. Sans doute. Avec une santé florissante comme la vôtre. Cela est vrai1. » Et il s'en va clopinant, n'entendant pas les injures et les bouffonneries qu'on lui lance, tant il est sourd. « Lui parti, arrive le marchand Corvino, qui apporte une perle d'Orient et un diamant superbe. Suis-je héritier? Oui; Voltore, Corbaccio et cent autres étaient là, bouches béantes, affamés de l'héritage. J'ai pris plume, papier et encre, et je lui ai demandé qui il voulait pour héritier?- Corvino. Qui pour exécuteur testamentaire? Corvino. A toutes les questions, il se taisait, j'ai interprété comme marque de consentement les signes de tête qu'il faisait par pure faiblesse. O mon cher Mosca! Mais a-t-il des enfants? - Des bâtards, une douzaine ou davantage, qu'il a engendrés de mendiantes, de bohémiennes, de juives, de mauresses quand il était ivre. N'ayez pas peur, il n'entend Is't possible? Yet I am better, ha! How does he, with the swimming of his head? MOSCA. O, sir, 'tis past the scotomy; he now Hath left his feeling, and has left to snort: CORBACCIO. Excellent, excellent! Sure, I shall outlast him. (Ibid.) |